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Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mardi 28 décembre 2010

3600 kms à vélo, le "break" s'impose !

Je quitte Mangue Seco à marée basse, par une plage déserte que je longe sur 30 kilomètres. A part quelques buggys de touristes brésiliens en vadrouille, je ne croise personne. Je prends ensuite une piste en cailloux pour rejoindre la Linha Verde, première route écologique du Brésil. Là, c'est enfin au top pour les cyclistes. Pour la première fois depuis que je suis au Brésil, j'ai pour moi tout seul de larges bas-côtés au bitume parfaitement lisse. Malheureusement mon plaisir est de courte durée. D'un coup le vélo s'arrête net. La roue arrière ne tourne plus du tout ! Apparemment, la roue n'a pas été remontée correctement lors des différentes interventions et du sable a dû rentrer à l'intérieur du roulement à bille. Je pousse mon vélo sur trois kilomètres avant de tomber sur un barrage routier. Je finis par convaincre le flic d'arrêter un camion pour que celui-ci me dépose à Condé, le bourg le plus proche, que j'ai dépassé il y a 15 kilomètres. J'arrive tard et suis obligé d'y passer la nuit. Je verrai demain.



Après avoir vu un réparateur, j'ai dû admettre que ma roue arrière est définitivement morte. Il n'y a qu'à Salvador que je peux espérer trouver une pièce pour la réparer. Je prends donc un bus pour faire les 165 derniers kilomètres qui me séparent de Salvador. L'arrivée en ville n'est pas simple car le bus me dépose à 7 km du centre ville et après il n'y a que des bus de ville qui ne prennent pas les vélos ! Je dois pousser le vélo à travers des bretelles d'autoroutes et autres favélas avant de tomber sur un type arrêté sur le bas-côté au volant d'un pick-up. Après une coriace insistance de ma part, il accepte de me prendre en stop et de me déposer en centre ville. C'est la troisième fois que j'arrive à me faire prendre en stop au Brésil mais c'est à chaque fois "mission impossible" tant la population, soumise à une télévision anxiogène, a peur de tout dans ce pays ! Finalement, c'est, une fois de plus, un moment fort, une belle rencontre. Il me sort son album photo de poche, me parle de son métier d'agriculteur dans la canne à sucre, de ses origines japonaises, de sa passion pour l'apiculture, de ses enfants et surtout de sa femme qu'il a perdue il y a cinq ans, ce dont il ne se remet pas. Voilà un exemple de mon quotidien de voyage, de rencontres. Je vais essayer de faire réparer mon vélo ici. Mon voyage suit un chemin que je découvre chaque jour, dont je ne suis pas maître et dont je ne peux me détourner. C'est ainsi que l'espace nécessaire est laissé à l'expression de la providence.


Une fois de plus arrivé de nuit dans une cité inconnue, je découvre, dans le quartier historique de Salvador, une ville toute à fait charmante et joyeuse. J'y trouve une petite pension un peu crade mais qui doit être la moins chère de la ville. Je peux me laver dans une vraie douche, même pleine de champignons aux murs, cela me fait du bien. Et enfin je peux manger mon premier plat de la journée. Ça va mieux. Je vais maintenant aller m'offrir une bonne bière et me coucher !

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samedi 25 décembre 2010

Da Bahia: Feliz Natal !



Je vous écris du paradis, de Mangue Seco exactement, où je me suis arrêté pour passer Noël. Après de nouveaux problèmes mécaniques hier: six nouveaux rayons qui pétent, puis 10 km de camion-stop, 20 km de carriole accrochée derrière un bus qui me prend aussi en stop, et enfin un réparateur, qui impressionné par mon voyage, m'a gentiment changé gratuitement, c'est enfin "direction bonheur"! Ça se mérite!



Mangue Seco est le premier village de l'Etat de Bahia, à la frontière du Sergipe. Le village compte 300 âmes, c'est une presque île uniquement accessible en bateau, avec des petites maisons les pieds dans l'eau, pas de rues, juste du sable, on se déplace pieds nus, et des dunes magnifiques de sable blanc qui plongent dans une eau turquoise. C'est ici que Jorge Amado a écrit: Tieta de Agreste. Je comprends qu'il ait trouvé l'inspiration dans ce lieu paisible.



Des pêcheurs reconvertis en aubergistes accueillent ici quelques touristes très friqués dans de jolies pousadas hors de prix. Mais vous connaissez ma chance, je suis arrivé au coucher du soleil à l'embarcadère et j'ai trouvé un type qui rentrait chez lui en hors-bord, à fond dans la lagune au clair de lune, et qui m'a fait payer le prix minimum. Ensuite, dans la nuit du village sans éclairage, j'ai rencontré un Français très sympa, Patrick. Il travaille à mi-temps en France et vit 6 mois de l'année ici dans une belle pousada. En temps que locataire, à plein temps, il est devenu un peu membre de la famille qui l'accueille. Il a négocié pour moi que je pose ma tente dans le jardin avec vue sur la lagune, la douche et un repas pour 6 euros par jour ! (Bon il faut que j'arrête de parler d'argent mais le Brésil est cher et c'est une vraie préoccupation pour moi). Du coup je passe Noël ici avec Patrick, c'est cool ! Je vous écrirai plus longtemps quand j'aurai regagné le continent car je ne veux pas abuser de l'ordinateur de mes hôtes et la connection , face à la mer, est très mauvaise. Bises à chacun et bon Noël!




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jeudi 23 décembre 2010

Sauvage Nordeste




Ma route va longer le litoral de quatre états du Nordeste: Pernambuco, Alagoas, Sergipe et Bahia, une région où on peut encore trouver des coins sauvages. Après Gaibu, la reprise du vélo est difficile et je subis ma première crevaison. Mais comme partout, je reçois beaucoup d'encouragements sur mon chemin, qui me donnent de l'énergie. Les deux premiers jours, ma route traverse les nombreux champs de canne à sucre du Pernambuco et l'air sent la cachaça à plein nez.



Il y a beaucoup de camions qui roulent comme des fous. A chaque fois que j'en croise un, je suis obligé de me jeter sur le bas-côté, non bitumé et plein de nids de poule. C'est un peu casse-gueule car le goudron forme un dénivelé d'une dizaine de centimètres qu'il faut franchir. Cette conduite demande une concentration de tous les instants, un oeil rivé dans le rétroviseur. C'est crevant. Et j'ai toujours encore un peu mal au dos. A un moment, où ma vigilance baisse, je manque même de me faire embrocher par un bus. Un matin, je constate que j'ai deux rayons cassés de ma roue arrière. Il n'y a pas de réparateurs dans ce coin paumé et je continue ma route jusqu'à Japaratinga, un des premiers villages de l'Alagoas. J'arrive enfin dans un endroit charmant. Je trouve une pousada très bon marché et je fais réparer mon vélo. Le garagiste travaille comme un forgeron, on est loin de la précision des spécialistes parisiens, mais mon vélo repart en parfait état, du moins semble-t-il.



Après Japaratinga, je quitte la grande route bitumée et continue à suivre la côte sur une piste, parfois goudronnée, parfois pavée, le plus souvent sablonneuse ou en tôle ondulée. Il m'arrive même de me retrouver sur de véritables sentiers praticables uniquement à vélo ou à cheval. C'est parfois difficile de rouler sur ces surfaces et je vais moins vite. Mais il y a très peu de circulation et le paysage devient absolument magnifique. L'Alagoas et le Sergipe, hormis leur capitales, Maceio et Aracaju, en plein préparatifs de Noël, sont deux états où il existe encore des centaines de kilomètres de plages désertes, que viennent par moment distraire des villages de pêcheurs. C'est l'idéal pour faire du camping sauvage et je me régale à vivre comme un Robinson.
Un soir je rencontre trois jeunes qui écoutent du reggae dans une case et m'invitent à partager leur diner. Il sont venus passer là le week-end. Je me dis que c'est encore des fumeurs de pétards mais les apparences sont souvent trompeuses, il s'agit de trois évangélistes ! Ayant grandi dans les favelas de Maceio, ils se sont convertis pour échapper à leur addiction à la drogue. On ne me dira pas que la religion n'est pas l'opium du peuple ! Mais pourquoi pas, si cela leur convient ? Depuis leur conversion, ils ne se droguent plus, ne boivent plus, ne font plus l'amour et écoutent un reggae édulcoré, spécialement conçu par leur église, pour cette part de marché. Quand ils commencent à vouloir me convertir à leur religion, ça devient fatigant.



De retour dans la nature, mon chemin croise plusieurs rios, plus ou moins grands. Quand il n'y a pas de pont pour les franchir, il me faut trouver un pêcheur, pour traverser le cour d'eau sur sa barque à moteur. Avec le vélo, ça transforme un peu mon voyage en expédition. Pendant dix jours, j'enchaine des paysages plus beaux les uns que les autres et d'une grande variété : champs de canne à sucre, cocoteraies, rios, zones marécageuses, dunes de sable blanc, plages désertes... et je fais chaque jour plein de rencontres.
La contrepartie de ce paysage préservé est que la majorité du territoire du Nordeste appartient à de grands propriétaires fonciers qui délimitent méticuleusement leurs biens à grand renfort de barbelés. Les routes sont souvent prisonnières de ces clôtures et il n'est pas toujours aisé de trouver des accès aux plages. Dans le Sergipe, autour de la Réserva Biologica de Santa Isabel, les deux plus grandes entreprises pétrolières du pays ont la main mise sur une grande partie du territoire. En échange de leur présence, les entreprises ont réalisé des routes à leurs noms. Est-ce pour les habitants ou pour leurs camions, on ne sait pas très bien. Face à la réserve, au loin sur l'océan, on voit plusieurs plateformes pétrolières. Je pense que le secteur privé n'est pas à même de gérer convenablement les biens publics et je suis inquiet pour l'avenir.



mercredi 15 décembre 2010

Gaibu jardin d'Eden



Je suis depuis une semaine à Gaibu. C'est un petit village au bord de la mer avec une belle plage. J'y ai retrouvé par hasard une amie de Olinda, Monika, une Hongroise (encore!) installée depuis quatre ans au Brésil. Monika, Duraju et Wagner sont venus accompagner Denise au candomblé de Yémanja, la déesse de la mer. Nous sommes allés tous ensemble à la cérémonie. Au programme: bain de purification dans la mer, puis du haut d'une colline faisant face à la mer, près d'un petit temple consacré à Yemanja, offrande de fleurs, danses, capoeira et bon dîner. C'était un vrai moment de communion avec les éléments.




Tout le monde logeait chez Philippe, un Français installé à Gaibu depuis huit ans. Il habite une maison sur la colline, dans une des rares parcelles sauvegardées de la Mata Atlântica, la forêt atlantique primaire. Sa porte est toujours ouverte aux amis et j'ai posé ma tente dans un coin du "jardin". Ici on vit en harmonie avec la nature: bains de mer, cascade d'eau douce, animaux et plantes. On trouve toute sorte de fruits à portée de main.




Toute la semaine défilent de nouveaux amis, la plupart musiciens. Le jeune directeur de 23 ans du conservatoire de Olinda nous chante ses nouvelles compositions. Monika et Wagner se lancent dans des préparations culinaires et des jus extraordinaires. Et ici la cachaça remplace l'eau! Le paradis n'a pas été perdu, il est ici, au Brésil !
Je ne parle pas encore couramment portugais, loin s'en faut, mais maintenant, en vivant au quotidien 24h/24 avec des Brésiliens, je commence à comprendre assez bien quand les gens parlent lentement. C'est pas si difficile!



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mercredi 8 décembre 2010

Olinda la belle



En débarquant de mon voilier-stop à Recife, après 40 jours de traversée, j'avais besoin de me reposer et de reprendre contact avec les agréables valeurs terrestres. Je me suis dit que deux ou trois jours à Olinda, située à 6 km au nord de Recife, me ferait le plus grand bien.
Olinda est une petite ville classée au patrimoine de l'humanité par l'Unesco. C'est l'une des cités les plus anciennes du Brésil. La ville est merveilleuse. Construite sur une butte face à la mer, elle fait penser à un petit Montmartre des années 1930. Olinda est aujourd'hui connue pour son carnaval, considéré comme le plus authentique du pays. Le carnaval est d'ailleurs l'activité principale de la population qui passe l'année entière à sa préparation. Tous les soirs, il y a partout dans les rues, des concerts, des répétitions de danses et de défilés. La bière coule à flots et la ville est perpétuellement en fête, dès la nuit tombée. Olinda est, de ce fait, devenu un repaire d'artistes en tout genre, venus de tout le Brésil et même du monde entier, s'installer ici. J'y trouve de véritables talents et une grande fraicheur dans l'expression artistique de ce jeune pays.





Les Brésiliens sont d'une nature extrêmement joyeuse, chaleureuse et conviviale. Ici, on vit pleinement l'instant présent sans se soucier du lendemain.
Les mots "festa" et "alegria" sont les plus utilisés par les Brésiliens. Outre le foot-ball, les gens ne s'intéressent qu'aux choses qui font appel aux sens: la chaleur du soleil, la clareté de la lune, la saveur d'un fruit, l'odeur d'une fleur, la couleur d'un costume, le rythme d'une chanson. Si je devais décrire le Brésil d'un seul mot, ce serait: sensualité. Dans la rue, tout le monde se parle, rie et s'embrasse. La bière coule à flot, chaque instant est une fête. Et les femmes d'Olinda sont, pour la plupart, d'une rare beauté.
Comme l'a écrit Oswald de Andrade, "Le Brésil est fondamentalement anthropophage". A l'inverse du modèle anglo-saxon, le Brésil s'est construit par une assimilation constante, au cours des siècles, de populations, de cultures, de religions différentes qui se fondent aujourd'hui dans ce que les Brésiliens appellent "mistura". Il n'y a plus de races ici et plus de racisme. Chacun est issu d'un savant mélange dont on a souvent perdu la mémoire. En cela le Brésil est vraiment le pays du futur. Et par sa jeunesse et sa richesse, ce pays est amené à devenir une des plus grandes puissances du XXIème siècle. A l'inverse de notre vieille Europe, ici on ressent partout une énergie effervescente.
Le mélange de culture et l'énergie se retrouve aussi dans la spiritualité très présente au travers d'une religion catholique dominante, mélangée à des rites d'origine africaine, et dans toutes sortes d'églises plus ou moins farfelues. Il n'est pas rare de croiser un groupe d'individus en train d'invoquer Dieu en pleine rue un samedi soir, avec de grands haut-parleurs, non loin d'un bar où d'autres personnes sont en train de s'alcooliser en écoutant du forro.
La musique est omniprésente, elle fait partie de tous les actes de la vie. D'aucun peut se dire musicien avant d'être venu faire un tour au Brésil. A chaque coin de rue, on peut croiser un musicien, un passant qui fredonne une rengaine, un vélo qui transporte un ampli monté à fond, un marchand qui prend le micro pour atirer le client en chantant...





Au bout de deux jours passés à Olinda, j'avais déjà rencontré plus de monde qu'en un an à Paris ! Je me lie ainsi d'amitié avec Edson et Daniel, deux artistes de rue. Edson est un artisano Chilien. Il voyage en fabriquant des bijoux qu'il vend dans la rue. Daniel est un Argentin qui prend en photo les touristes avec un appareil ancien Lambe-Lambe. A peine ai-je rencontré Edson qu'il me propose de m'héberger dans sa minuscule chambrette car, à Olinda, les pousadas sont hors de prix. En Amérique du sud, l'accueil n'est pas un vain mot. Il y a plus de 200 ateliers d'artistes dans la cité et mes deux amis connaissent tout le monde. Je ne tarde pas à rencontrer tous les artistes du coin et chaque jour une nouvelle ocasion m'est donnée de repousser mon départ au lendemain. Je rencontre aussi d'autres voyageurs sud américains, des anthropologues italiens, des travailleurs sociaux brésiliens, des professeurs de capoeira... Et finalement, les deux jours que je comptais passer dans cette première ville se sont transformés en deux semaines ! Une quinzaine de fête frénétique: invitation à diner, concerts de rue, visites d'ateliers et tournée des bars...




Depuis que j'ai posé le pied sur ce continent, j'ai le sourire aux lèvres 24h/24h. C'est le coeur brisé par tous les adieux que je dois faire, que je finis par me décider à reprendre la route du sud.

jeudi 25 novembre 2010

Recif, back on earth do Brasil !

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Oi ! Tudo bem ?
Tout d'abord merci à tous pour vos mails. Cela me fait bien plaisir d'avoir des nouvelles des uns et des autres.
Ça y est, je suis enfin arrivé avant-hier, sain et sauf, à Recife au Brésil, après une traversée qui a commencé il y a 40 jours !




Traverser l'Atlantique à la voile sur un 10,5 m est une expérience de vie unique. C'est autant une rencontre avec la mer et sa faune, qu'avec soi-même. C'est également une expérience humaine très forte, avec des moments de bonheur et aussi des périodes de grande tension qu'il faut gérer.
Outre les symboles : la traversée de l'océan à la voile, le franchissement de l'équateur, le passage tangible du monde septentrional au monde austral ; la haute mer est magique. Des cieux aux flots, ce n'est que beauté renouvelée en permanence. Toutes les nuances y sont. La mer est loin d'être bleue comme on nous le raconte à terre. Il faut le voir. Les océans restent les seuls endroits de la terre où l'homme n'a pu inscrire son empreinte. Et sans lui, la vie grouille. Je n'imaginais pas ce fourmillement de vie que l'on peut trouver au beau milieu de l'océan. Outre les poissons volants qui viennent s'offrir en sacrifice sur le pont, ou les dauphins qui viennent régulièrement jouer autour du bateau, chaque jour nous a offert une rencontre avec un animal improbable. Nous avons traversé une tribu de baleines grises dont certaines se sont laissées approcher à quelques mètres. Nous avons été suivi par de nombreux oiseaux marins et avons servi de perchoir à d'autres, en migration, dont la fatigue nous permettait de les prendre dans la main. Nous avons même servi d'abri pendant 24 heures à de grosses libellules rouges alors que nous nous trouvions à 500 km des côtes! Arrivés à l'archipel de Fernando de Noronha, classé parc naturel, nous avons été accueillis par des centaines de dauphins et, alors que nous étions en plongée pour nettoyer la coque immergée du bateau, certains sont venus nager auprès de nous. C'est une sensation difficile à exprimer que de les voir et les entendre communiquer avec une telle intelligence. C'est subjugant ! Nous avons aussi vu des tortues de mer et toutes sortes de poissons multicolores. Au bout de quelques jours de traversée, le corps ne peut que s'abandonner au bercement permanent de l'océan, à finir par oublier qu'il a été terrestre. Tout ceci, c'est la magie du grand large.




Cependant, une traversée de l'Atlantique, c'est aussi vivre 24h/24 dans la promiscuité, avec les mêmes personnes, avec qui on partage tout, dans un espace très réduit, en l'occurence une pièce de 10 m2, et sans retraite possible. Et notre traversée qui devait initialement durer 25 jours en a compté 40 : problème mécanique au départ qui nous a fait revenir à terre, pause de huit jours au lieu de deux au Cap Vert du fait de la Toussaint, vent nul au passage de l'équateur ou de face le plus souvent ! 40 jours, c'est long quand on est avec un couple de Hongrois qui parle moins bien l'anglais que soi. Et quand on connait mon niveau, c'est peu dire ! Cependant les trois premières semaines se sont passées dans une parfaite harmonie. Mais, peu à peu le climat s'est refroidi, jusqu'à devenir hyper tendu avant d'arriver à Fernando, au point que j'ai vraiment pensé les quitter là. Le repos aidant, on est finalement arrivé à s'expliquer : après m'avoir insulté sur tous les tons, Gabor a ouvert une excellente bouteille, m'a offert un pendentif de sa création, Victoria une superbe casquette d'une grande marque de marine et nous avons décidé de reprendre la mer ensemble pour finir la traversée qui s'est, à nouveau, passée de façon idéale entre nous. Bref, humainement, c'est fort! Il faut dire que le bateau, c'est crevant, presque plus fatigant que le vélo, car cela ne s'arrête jamais. Il n'est pas une minute où le corps n'est pas sollicité, où il ne doive se contracter pour ne pas se faire projeter contre quelques hostiles parois. On dort peu. On mange du pain et des pâtes. Même si une pêche fortuite de poissons vient parfois améliorer le quotidien, c'est dur. Cela dit, c'est peut-être le prix de la liberté et si c'était à refaire, je signe tout de suite !




Arrivés à Recife, Victoria, Gabor et moi avions du mal à nous quitter et je suis finalement resté une journée de plus à bord, une fois le bateau ancré. Nous avons passé la journée d'hier à découvrir ensemble la ville tentaculaire de Recife, sorte de remake de Blade Runner en version ébullition tropicale, avant de nous dire au revoir. Eux s'enfuient demain déjà, avec leur frêle esquif, vers les 40ème rugissants, direction Cap Town.
Pour ma part, j'ai repris mon vélo aujourd'hui, dans l'effrayante circulation brésilienne, pour me rendre dans la petite ville d'Olinda, plus calme. Classée par l'Unesco, la ville est une de plus anciennes du Brésil. De là, je reprendrai la route du sud, suivant ainsi la chronologie de l'histoire de ce pays jusqu'à arriver à la contemporaine São Paulo pour y passer Noël. Le Brésil semble magnifique et les Brésiliens les êtres les plus charmants du monde. Partout, la musique. L'ambiance est à la fête... Je vous en dirait plus bientôt.


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