TOUR DU MONDE DE 5 ANS : 50 PAYS, 28800 KM EN VELO ET 28700 KM EN VOILIER, SANS MOBILE NI LAPTOP...
Description
dimanche 27 février 2011
Missiones : Argentine et Paraguay
samedi 19 février 2011
Iguaçu et la forêt sub-tropicale
samedi 12 février 2011
Sao Paulo, such a business city !
Jean-Baptiste est un important directeur d'une grande société de luxe et il semble ne jamais s'arrêter de travailler et d'être toujours en déplacement. Pauline, en plus des études qu'elle a reprises, assure toute la logistique domestique. Comparé à ma vie, leurs emplois du temps me semblent hallucinants. En dehors de heures de travail, le couple n'arrête jamais d'être occuper, déjeuners, diners, sport, sorties, week-ends... Les rares soirs où ils ne reçoivent pas chez eux, ils sont invités à l'extérieur. Pauline m'assure : "c'est spécial en ce moment". Je reste septique. L'avantage pour moi est que, sans quitter leur maison, je suis amené à rencontrer tout un tas de business-men influents, généralement accompagnés de leurs épouses, souvent au foyer. C'est passionant de voir ces vies si différentes de la mienne, d'essayer de comprendre ce qui peut motiver ces gens à avancer dans leurs projets. Les soirs où il ne se passe rien à la maison, mes amis m'enmènent avec eux dans leurs sorties. Un soir, nous dinons dans un restaurant avec un couple d'amis brésiliens, un autre, nous allons danser dans un bar loué par quelqun qui fête son anniversaire. Nous allons aussi diner chez Alex et Yann, un couple d'expat' qui habite un tri-pleix au dernier étage d'une tour d'où on peut comtempler toute la ville de haut. Manu Chao est de passage à Sao-Paulo ? Nous prenons illico des places pour aller le voir en concert ! Et pour me montrer toute la diversité de la vie nocturne locale, Jean-Baptiste m'enmènne aussi au Love-Story, le club le plus underground de la ville, qui offre un panel mémorable d'excentriques en tous genres.
Je reste dix jours chez mes amis et, malgré ce planing chargé, nous trouvons aussi le temps de nous retrouver pour avoir de longues conversations plus profondes. Je connais Jean-Baptiste depuis presque vingt ans, Pauline depuis qu'ils sont ensemble, et les choses sont simples entre nous. Nous nous retrouvons facilement pour nous confier intimement comme si nous nous étions quittés la veille. Aujourd'hui nos vies sont très différentes mais cela constitue une force qui nourrit notre relation. C'est sans doute cela, l'essence de la véritable amitié. Arrivé le moment des au-revoirs, il est difficile de nous quitter.
Avoir des amis différents de soi nécessite une acceptation de l'altérité. Je comprends que c'est aussi cela avancer vers la tolérance. Cela me questionne aussi. Je m'interroge sur les ressorts qui font le positionnement d'un individu au sein du groupe. Comme le dit Bourdieu (et me répète souvent mon ami Julien M.), nous sommes socialement prédestinés. Mais quelle part est laissée à l'individu ? Où se situe le libre arbitre? Je comprends aussi que quelque soit le niveau social des gens, on est tous face des épreuves de vie individuelles et que chacun a ses propres défits. Si la vie matérielle est clairement plus facile pour certains, cela n'a rien à voir avec le bonheur ou le malheur. Mais ces états dépendent uniquement de la capacité d'un individu, à un moment précis, d'apréhender une situation. Alors, à quel niveau se situe la nécessité ?
Je suis presque au terme de mon séjour dans ce merveilleux pays et, si je devais qualifier le Brésil en deux mots, je dirais : juvénil et sensuel. Que ce soit dans l'expression de la joie, de l'alégria comme on dit ici ; on se réjouit sans cesse, on fait de la musique, on danse, on joue, on rit, on s'embrasse, on se touche, on s'enlace, comme le font naturellement les enfants, sans arrières pensées ; on vit l'instant présent, on goûte aux joies simples qu'offrent les sens, le gout d'un fruit, une harmonie de couleur. Que ce soit au travers de la peur, périguso, périguso, les Brésiliens n'ont que ce mot à la bouche ; on a peur de tout, de l'hypothétique méchant, de la nuit, du loup, d'être seul quelque part, c'est presque une peur enfantine parfois. Que ce soit dans l'expression de la foie, on est prêt à croire à tout et à n'importe quoi, du moment que c'est beau ; naïvement, on aime à croire que la fable est vraie, et surtout on aime rêver. Comment ne pas être séduit, comment ne pas sucomber au charme de ce pays-continent ? C'est avec une grande tristesse que je vais bientôt devoir le quitter pour continuer mon chemin.
Avant que je reprenne la route, Jean-Baptiste porte mon vélo chez un très bon réparateur, conseillé par son ami Luis. Ma mère m'a fait parvenir, depuis la France, une nouvelle roue arrière, transportée par Fanny, une amie de Pauline. Mon vélo est remis à neuf et j'ai les larmes aux yeux de voir toutes ces personnes qui me soutiennent à leur façon de mon aventure. Et j'ai envie, ici, de remercier particulièrement ma mère, ma soeur et mon ami Max qui assurent souvent pour moi un arrière poste logistique en France. Sans eux, mon voyage serait plus difficile.
mardi 1 février 2011
Costa Verde en plein été
Fabio porte un nom de famille on ne peut plus français, dont la consonance laisse à penser que ses ancêtres viennent de Normandie. Il a mon âge et, une fois encore, est un amateur de vélo. Il compte bientôt voyager comme moi. Pour l'instant il fait du VTT. Il me montre des films où il dévale les pentes des morros à toute allure. Il fait aussi beaucoup de surf et du parapente. Tous ces points communs nous rapproche et Fabio me propose de rester quelques jours chez lui. Il est d'une générosité rarissime et se met en quatre pour me faire plaisir. Il était pompier jusqu'à ce qu'un accident de voiture ne mette fin à sa carrière. Aujourd'hui, il tient un petit bar sur une des premières plages non urbanisées à une cinquantaine de kilomètres au sud de Rio. Le lendemain matin, je pars donc avec lui au boulot. Cela consiste à servir une bière aux trois clients de la journée, mais surtout à regarder la mer en discutant avec les potes surfeurs. La plupart sont d'anciens collègues bombeiros de plage et le bar est leur QG. Dans cette version brésilienne d'Alerte à Malibu, les pompiers-sauveteurs sont plus nombreux que les baigneurs ! Trop dur la vie de Fabio, surtout quand on voit ses bureaux en photo ci-dessous.
Après deux jours passés chez Fabio, je reprends le vélo et longe la Costa Verde. Je suis maintenant en plein été austral. Il fait 45 degrés et ça monte ou ça descend mais la route n'est jamais plate. Il n'y a pas un souffle d'air et je souffre comme jamais depuis le début de mon voyage. Les paysages sont magnifiques. Cette région vallonnée est l'une des rares au Brésil où la Mata Atlantica a été préservée sur plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres. Le vert végétal rejoint le turquoise d'une eau cristalline parsemée d'îles. Mais il faut croire que la beauté se mérite car chaque point de vue est un combat. Dans chaque montée, je me dis que c'est sans doute le prix du paradis et je compte les minutes qui me séparent de la future descente. Je ne peux être que totalement dans l'instant présent sans quoi c'est trop difficile. Le passé n'a jamais existé, il n'y a pas de futur, chaque montée est toujours la première de ma vie et certainement la dernière, courage !
Au bout de trois jours de souffrance - et de joie - j'arrive à Paraty, une petite ville miraculeusement restée intacte depuis l'époque où convoyeurs d'or et pirates se partageaient la baie. La ville a été très bien restaurée, trop bien sans doute. C'est devenu un vrai musée en plein air qui ne vit que du tourisme. C'est très beau, c'est très cher et la ville a perdue son âme, dans le centre historique en tous cas. Un peu plus au sud, le vrai Paraty d'aujourd'hui existe. C'est un petit quartier calme, sans aucun touriste, comme il y en a tant au Brésil, au bord d'une rivière où se déversent les égouts, avec ce charme qu'on trouve aux constructions hétéroclites et quelconques mais habitées, aux murs délabrés dont les fissures racontent une histoire, aux véritables ambiances des petits bars à quatre sous.
Avant de quitter les environs, je pars faire un tour, sans bagages, dans le Parc Nacional da Serra da Bocaina. Je me retrouve en montagne, entouré de paysages qui font penser à la Suisse si on fait abstraction de la chaleur et de la flore tropicale. Il y a plein de rivières et de cascades où les gens viennent se rafraîchir aux heures les plus chaudes de la journée. Ce sont de véritables spas naturels, fruits du travail de l'érosion, qui offrent autant d'activités ludiques qu'un parc d'attraction : bassins, toboggans, jets d'eau, bains de bulles, petites grottes... Des personnes de tous les âges s'y amusent avec le même enthousiasme juvénile.
Une trentaine de kilomètres au sud de Paraty, je m'arrête à Picinguaba, où mon ami Jean-Baptiste m'a donné les coordonnées d'Emmanuel qui possède un hôtel sur place et pourrait m'héberger. Je ne m'attends à rien de particulier et suis bien surpris en découvrant la Villa de Picinguaba. Il s'agit en fait d'un hôtel à la fois très luxueux et très discret, perdu dans la végétation, avec une vue imprenable sur la baie de Itamambuca. On n'y accède à pied par un petit sentier pavé au bout de la plage quasi déserte de Picinguaba. L'hôtel n'a pas d'enseigne, il est accessible uniquement sur réservation et s'adresse à une clientèle très privilégiée. Emmanuel n'est pas là en ce moment mais son staff me fait bon accueil et me dit de m'installer dans un bâtiment en cours de rénovation, voisin de l'hôtel. Une fois de plus, le lieu est incroyable. J'ai à ma disposition une maison pour moi tout seul dans un cadre idyllique.
La maison voisine est occupée par un couple d'Américains de San Francisco qui travaille pour Emmanuel. Suzanna est architecte et s'occupe du design d'un nouveau projet d'hôtel près de São Paulo. Elle est avec son mari Jeff et une amie de passage, Candice. Le couple est très sympa et me propose spontanément d'aller dîner avec eux des saucisses dans un petit boui-boui près d'une cascade. Le soir nous retournons au village boire des caipirinhas et des bières avec les pêcheurs du coin. Malheureusement notre rencontre est trop éphémère car les trois Américains repartent le lendemain à São Paulo. Ils pensent passer à Buenos Aires en mars et nous nous promettons de nous y retrouver.
Le lendemain j'ai rendez-vous avec Miro, un type adorable qui fait partie du staff de l'hôtel. C'est son jour de congés et il me propose qu'on passe la journée ensemble. Il m'invite a déjeuner chez lui, puis nous allons sur un bateau de pêche, aider Leodinho, à trier son filet de trois kilomètres de long.
Le jour suivant, à l'aurore, Miro m'emmène avec lui à la pèche aux calamars. Au début je suis un peu sceptique sur mes compétences en la matière mais ça marche superbement bien et nous attrapons une trentaine de calamars en seulement deux heures ! Miro nous les prépare, inaugurant ainsi la cuisine de sa nouvelle maison.