Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

vendredi 27 mai 2011

Santiago et Valparaiso





Arrivé à Santiago, je dois déterminer la suite de mon parcours, pas encore bien défini... Après trois jours de réflexion, je prends ma décision. Je vais renvoyer mon vélo en France pendant quelques mois. Ma soeur me le renverra, réparé, quand j'aurai atteint l'Asie du Sud-Est, à Singapour ou à Bangkok, pour le chemin de mon retour en France par une des Routes de la Soie. Le vélo nécessite une bonne révison et, moi, je suis un peu crevé. Je me vois mal retraverser les Andes avec, à plus de 4000 mètres d'altitude. Par ailleurs, j'ai un peu peur de me le faire piquer au Pérou et il sera plus une contrainte qu'autre chose, par la suite, pour franchir l'Océan Pacifique. Enfin, être arrivé jusqu'à Santiago fait sens pour moi. C'est mon saint. Alors c'est un peu comme si j'aboutissais un premier chemin de Saint-Jacques. Malgré tout, en me débarrassant de mon fidèle destrier à la poste chilienne, pour quelques pesos de frais de port, je vis un peu cette séparation momentanée comme une rupture amoureuse ! La suite de mon programme est de remonter le continent jusqu'à Panama, où j'espère trouver un cargo pour aller en Polynésie. Voyager autrement va être une nouvelle expérience pour moi.






Santiago est une ville agréable qui ressemble un peu à Buenos-Aires en moins européenne, plus petite, plus tranquille, peut-être plus contestataire. On y mange très bien et je suis heureux de retrouver une cuisine moins carnée et plus variée qu'en Argentine. Je visite la ville, La Modena dans le Centro, la maison de Pablo Neruda dans le quartier de Bellavista, les cerros San Cristobal et Santa Lucia. A l'auberge de jeunesse où je me suis installé, je partage un dortoir avec Tony, un routard Néo-Zélandais de 66 ans. Il est la bonne humeur incarnée, il rigole tout le temps. Comme quoi, il n'y a pas d'âge pour voyager et apparement ça concerve ! Un matin, je fais aussi la connaissance d'une professeur d'architecture argentino-américaine, Ana de Brea, qui accompagne ses élèves en voyage d'étude. Elle est aussi styliste et me montre ses créations à base de tissage de sacs plastiques. Recyclage, nomadisme, présent éphémère, nous avons une discution passionnante. Vous pouvez voir ses créations sur ses sites : http://www.ytodalavuelta.blogspot.com/ et http://www.artworkbyanadebrea.blogspot.com/


Dans l'hémisphère sud, l'hiver s'installe. Il a neigé en montagne et la route que j'ai emprunté la semaine dernière a été fermée une journée. Je me dis que j'ai vraiment traversé les Andes au dernier moment favorable ! A Santiago, il commence à faire un peu froid.










Alors, après quatre jours dans la capitale chilienne, je prends un bus pour Valparaiso. J'arrive sous un beau soleil qui illumine cette ville toute en couleurs. Les façades des maisons sont peintes et beaucoup de graphs de qualité animent les murs. Valparaiso est, à la fois, paisible, poétique et joyeuse. Je ne pouvais trouver meilleur endroit pour poser quelques jours afin de me remettre totalement de ma conjonctivite et de mes gerçures. J'en ai un peu assez des dormitorios, alors, pour être tout à fait bien, je m'offre une chambre solo dans une jolie pension. Et je vais manger dans de bons petits restos. Je fais de longues marches solitaires. Je visite une autre maison de Pablo Neruda dont les murs respirent la poésie. Je reprends le temps de lire et d'écrire. Mais après trois jours délicieux, le temps se met à se gâter ici aussi. De plus, au Chili, le coût de la vie n'est pas donnée. Je sens qu'il est temps pour moi d'aller vers le nord du continent pour y trouver un climat et des prix, que j'espère, plus cléments.







La veille de mon départ, je rencontre un couple de Français, Lorène et Denis, pour qui je ressens tout de suite une grande affinité. Des gens que j'espère revoir un jour. Ils voyagent depuis six mois, en bus, de Mexico à Santiago. C'est la troisième fois qu'ils voyagent plusieurs mois en Amérique latine, qu'ils connaissent très bien. Ils me donnent plein d'infos et l'envie de suivre le même chemin qu'eux, en sens inverse. A suivre...

vendredi 20 mai 2011

Au pied de l'Aconcagua



Avant mon départ, je suis un peu effrayé à l'idée du chemin qui m'attend. Depuis la plaine de Mendoza, je vois se dresser devant moi la Cordillère des Andes qui m'apparaît comme une barrière absolument infranchissable à vélo. Je suis à 700 mètres d'altitude et le col est à 3200 mètres ! J'ai beau me dire que cette route est un classique pour les cyclistes du monde entier, pour la première fois depuis que je suis parti, je crains de ne pas y arriver. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien ! A chaque instant suffit sa peine ! Alors je verrai bien... Le moment venu, il sera toujours temps de trouver une solution de rechange en cas de renoncement. Le matin du mardi 17 mai, je tarde à partir, espérant peut-être une excuse climatique pour reporter mes efforts au lendemain. Mais le soleil brille dans un ciel désespèrement bleu, alors à 11h00, je me décide enfin à enfourcher mon vélo.






Après la première journée, je suis un peu plus confiant. La route se faufile de manière inattendue, entre les impressionantes parois rocheuses, avec une pente plutôt raisonnable. A chaque instant, mon horizon est borné par d'hermétiques murailles, mais, en bout de vallée, au dernier moment, la rota 7, tel un serpent, arrive à se lover dans autre val improbable. En milieu d'après midi, après 80 kilomètres de vélo, j'arrive à Potrerillos. C'est un petit village en cours de construction, au bord d'un récent lac artificiel. Je ne suis pas trop fatigué, je pourrais continuer à avancer, mais je me dis qu'il est préférable de me ménager, vue l'énergie qu'il me reste à fournir. Je me mets donc à la recherche d'un endroit, près du lac, où bivouaquer. Cette nuit là, j'ai froid et je ne dors pas très bien. Je dois être à 1500 mètres d'altitude et dès que le soleil disparaît, la température devient glaciale.





Le lendemain, je me lève avec l'onglée. Heureusement, le soleil ne tarde pas à venir me réchauffer. Comme souvent en montagne, plus je monte, plus le paysage s'embellit et enivre mon effort. Je traverse de magnifiques défilés de montagnes, qui ont servi de décor au film " Little Boudha " ! Au fil des heures, sur les pans rocheux, se déclinent toutes les nuances possibles d'ocres et de roses. Il y a beaucoup moins de camions qu'entre Buenos-Aires et Mendoza. La chaussée est agréable. Et j'avale sans difficultés les 50 kilomètres qui me séparent d'Upsallata, dernier bourg avant Las Cuevas, situé au sommet du col, marquant la frontière avec le Chili. Je m'arrête là pour trouver une auberge et éviter d'avoir à dormir, à nouveau, sous la tente. Je suis hors de la saison touristique et j'ai un dortoir pour moi tout seul.






Le jour suivant, mon cheminement devient soudain beaucoup plus difficile. Après Upsallata, la route bifurque pour s'attaquer résolument au franchissement la Cordillère et, progressivement, sa pente se raidit. Mais le plus pénible, c'est le vent. Il souffle, de face, avec de plus en plus de vigueur car, plus je m'enfonce dans les Andes, plus je subis l'effet venturi de la vallée. En pédalant comme un fou, je dépasse à peine 5 km/h, la vitesse de la marche, quand je ne suis pas tout simplement désarçonné de ma monture ! Dans certaines montées, je me vois même contraint de pousser mon vélo pour atteindre le sommet. Cette fois, j'ai atteint la haute montagne et le froid aussi se fait plus vif. Après 65 kilomètres de calvaire, les yeux rougis par le vent et la poussière, j'arrive enfin à Los-Penitentes, la bien nommée ! C'est une minuscule station de ski avec seulement deux remontées mécaniques. Ici, à cette saison, seul un refuge, appelé Campo-Base, tenu par deux guides de haute montagne, fait office d'auberge. Les guides m'accueillent chaleureusement et nous dinons ensemble. Ils s'appellent Dario et Javier. Ils sont en train de rénover le chalet en attendant impatiement la neige. L'été, ils conduisent des expéditions en haute montagne, parfois jusqu'au sommet de l'Aconcagua, et, l'hiver, ils sont moniteurs de ski. Mais d'année en année, la neige se fait plus rare, ici aussi. Javier, voyant mes yeux conjectivés, me dit que le vent souffle toute l'année ainsi, tous les jours entre 10h00 et 18h00 et toujours dans le sens Chili-Argentine. Au moins, me voilà fixé, je sais ce qui m'attends demain !





Après Los-Penitentes, il ne me reste que 20 kilomètres à faire pour atteindre le sommet mais ce sont évidemment les plus difficiles. La pente est encore plus raide et le vent plus fort que la veille ! Je commence à avoir des gerçures aux mains malgré mes gants et mes lèvres sont déchirées. Cela dit, je pense avoir de la chance car il fait encore beau, même si le soleil pénètre peu dans ses hautes vallées étroites. Il n'y a pas encore de neige et c'est sans doute les derniers jours d'automne où le temps permet de pratiquer cette route à vélo.




Heureusement, il y a différentes haltes pitoresques sur le chemin, ce qui m'offre de petites pauses. Un peu avant d'atteindre le pied de l'Aconcagua, je passe devant un émouvant petit cimetière où sont enterrés les montagnards qui ne sont pas venus à bout du géant andin. C'est impressionant de voir que les tombes les plus récentes ponctuent chacune de ces dernières années. Je suis admiratif de ces gens qui sont morts en vivant leurs rêves. N'est-ce pas préférable à une vie morose ? Je passe ensuite à Puente-Incas, où il y a une arche naturelle formée d'étonnantes concrétions jaunâtres et sous laquelle coule une jolie petite rivière, c'est tout à fait charmant.






Enfin, au loin, je le vois, il est là : l'Aconcagua, avec ses neiges éternelles ! C'est le plus haut sommet d'Amérique, il culmine à 6959 mètres ! Je fais le petit tour du sentier balisé qui permet de s'approcher suffisament pour faire sa petite photo souvenir. J'espère que vous apprécierez le geste car j'ai dû m'aquitter du droit d'accès au parc de naturel, d'un montant de 2 euros !
Après être passé au pied de l'Aconcagua, il reste la dernière montée au col, de 8 kilomètres seulement, mais qui est la plus éprouvante. Cependant je me sens pousser des ailes, je n'ai plus aucune douleur et cette dernière ascension est un vrai bonheur. Ça y est, je suis arrivé à atteindre, à vélo, ce mythique sommet des Andes ! C'est dingue ! C'est beau ! Je suis heureux. Pour fêter ça, à Las-Cuevas, le village situé au col, je m'offre un bon bife de chorizo avec mes derniers pesos argentins. Dans le petit restaurant d'altitude, je rencontre mes derniers admirateurs Argentins, comme une délégation venue me dire un dernier au-revoir de la part de ma seconde patrie.



Porté par mon succès, je quitte le route principale et me lance à l'attaque de la piste qui mène au Cristo-Redemptor. Mais, je n'ai pas fait 300 mètres, qu'à l'instant exact où je passe sous le bâtiment en forme d'arche, que Peron a fait construire en l'honneur de son épouse Eva, c'est le drame ! Crack ! Ma roue se bloque... Le dérailleur s'est littéralement cassé en deux ! Je ne peux plus faire un seul tour de pédales. Alors que faire ? Je n'ai plus un sou en poche, le jour décline, au col, il fait froid et il n'y a aucun pick-up à l'horizon, susceptible de me prendre en stop... Après tout, j'ai de la chance que cela m'arrive maintenant, alors que je suis au point le plus haut de la route. Je scotche, comme je peux, mon dérailleur pour ne pas qu'il se prenne dans mes rayons et je repars, en roue libre, jusqu'au tunnel menant à la frontière chilienne. Là, je suis pris en charge dans une fourgonnette qui me conduit jusqu'à la frontière, le tunnel étant interdit aux piétons et aux cyclistes.
Une fois au Chili, je me laisse glisser sur les pentes abruptes des Andes, en roue libre pendant 30 kilomètres. A la nuit tombée, j'arrive épuisé à Rio Blanco et je m'effondre dans une cabana. Le lendemain, je pars de la même façon, mais les pentes sont moins prononcées et je galère un peu. Je finis, tant bien que mal, par arriver à Los-Andes, où je prends un bus pour terminer la route jusqu'à Santiago.





En franchissant cette barrière physique que constitue la Cordillère des Andes, je m'interroge sur les barrières de toutes sortes que se mettent les gens. Quand je raconte mon périple, cela fait rêver beaucoup de monde. J'entends souvent : " Tu as de la chance, j'aimerais tant, mais je ne peux pas... " Et pourquoi pas ? Chacun a ses mauvaises raisons. Le travail... Moi aussi, j'avais un travail, qui me permettait de vivre et qui, en plus, me plaisait ! Les responsabilités familiales... Depuis que je suis parti, j'ai vu plusieures familles ( une fois avec 4 enfants ! ), qui voyagent, en camion, en bus, et même à vélo ! Les moyens financiers... J'ai rencontré des personnes qui voyagent avec 1 euro par jour ! Ils font du stop et demandent l'hospitalité aux habitants des endroits qu'ils traversent. Oui, mais il faut avoir la forme physique... Moi, je fume, je bois de l'alcool et j'aime faire la fête. C'est politiquement incorrect de le dire quand on voyage à bicyclette et pourtant je trouve mon équilibre ainsi ! En fait, les barrières sont d'un autre ordre. Elles sont avant tout psychiques. En traversant les Andes à vélo, plus que la barrière physique de la montagne, j'ai vaincu la barrière mentale de la peur d'échouer dans cette épreuve. Les sociétés actuelles n'aident pas les gens à se libérer de leurs barrières intérieures. Au contraire elles maintiennent les populations sous le joug de la peur, en propageant dans les médias des messages anxiogènes. Tout est fait pour éviter que l'individu ait à penser par lui-même. On est pas aidé car il est certain que penser par soi-même demande un effort. Pourtant c'est le seul chemin possible vers le bonheur personnel d'exister et le seul qui puisse permettre à notre espèce d'évoluer. Quand on ne se donne pas la peine de réfléchir pour trouver ses solutions individuelles, adaptées aux problèmes qu'on rencontre, on s'emprisonne dans des modèles préétablis qui nous empêchent d'exercer la pleine mesure de nos capacités. Alors commencez par jeter vos téléviseurs et ce sera certainement déjà le début d'un mieux-être !




NB : Si vous souhaitez faire l'ascension des 6959 mètres de l'Aconcagua, ce qui prend une quinzaine de jours, ou bien pratiquer d'autres activités de montagne plus accessibles, vous pouvez contacter Dario Canizzo ou Javier Gutierrez à : huarpeadventures@gmail.com

mardi 17 mai 2011

Les bodegas de Mendoza





Après avoir traversé une partie des provinces de Buenos-Aires, de Santa-Fe, de Cordoba et de San-Luis, après 15 jours de vélo et 6 jours de pauses, j'arrive enfin à Mendoza. Je trouve une ville très agréable. Pour réduire les risques, en cas de séisme, des constructions basses bordent de très larges rues, plantées de grands arbres, ce qui offre une urbanisation aérée et verdoyante.




A la différence des Pampas, comme la ville est touristique, il y a pas mal d'auberges de jeunesse, officielles ou fac-similées. Avec trois semaines de route dans les pattes, je suis heureux de retrouver l'ambiance propre à ces établissements. Quand on y séjourne en dortoirs, les auberges constituent généralement le meilleur rapport qualité-prix qu'on puisse trouver. Elles sont tenues par des jeunes branchés de la ville, souvent étudiants, qui diffusent toute la journée, dans les parties communes, une musique internationale de qualité. Le plus souvent, elles sont propres et aménagées avec goût. L'ambiance est très conviviale car on y partage les équipements communs. Outre le séjour, le cuisine et la salle-de-bains, il y a souvent un pôle internet, une table de ping-pong, un billard ou une petite piscine et, invariablement, un petit bar. A l'happy hours, cet endroit constitue le principal point de ralliement des résidents, oú s'échangent les bons plans et s'organisent les sorties nocturnes. La clientèle a entre 20 et 30 ans. Pour ma part, je commence un peu à faire office de vieux baroudeur en ces lieux, même si je croise toujours un ou deux routards plus agés, quinquagénaires, sexagénaires parfois, comme pour me rassurer sur le temps qui passe.








Depuis que je suis parti de France, j'ai dormi, grosso modo, un tiers du temps dans de petits hotels ou en auberge de jeunesse, un tiers du temps sous la tente et un tiers chez l'habitant. Dans ce dernier cas, je ne suis encore jamais allé frapper à la porte de maisons inconnues. Pour l'instant, j'ai toujours été invité, soit chez des amis que je connaissais auparavant, soit par des gens rencontrés sur ma route et que je souhaitais découvrir davantage. Alors, chaque fois, ce sont des endroits où je suis resté plusieurs jours. Je n'ai pas encore pratiqué le couch-surfing mais je compte m'y mettre prochainement pour élargir mon panel d'hébergements.





En ce moment, je suis hors de la saison touristique et l'auberge que je trouve est quasiment déserte. J'ai un dortoir pour moi tout seul ! Je rencontre tout de même un Suisse-Allemand très sympa, Tim, et nous décidons de partir ensemble à la découverte des fameux vins argentins, en particulier de cépage malbec, trés développé ici. Vicky, notre charmante guide, nous enmène en voiture dans plusieurs bodegas, à Luján de Cuyo. Nous visitons d'abord la propriété Achaval Ferrer, où nous goutons au Malbec, au Quimera, au Fixa Mirador puis au Fixa Bellavista. Chez Decero, dont le propriétaire est Suisse, nous testons le Malbec 2009, le Cabernet Sauvigon 2008 et le Petit Verdot 2008. Après ces deux premiers établissements assez classe, Vicky nous conduit chez Carmelo Patti, un petit producteur plus traditionnel. Ce dernier nous offre un verre de son Malbec 2006, puis de son Cabernet Sauvignon 2006 et enfin nous fait découvrir la création dont il est le plus fier, son Gran Assemblage 2003. Carmelo est un passioné et le vin qu'il élabore est plus proche du goût des vins français. Ce dernier producteur remporte notre suffrage sur les deux précédents. En fin de journée, après toutes ces découvertes gustatives, nous ne sommes plus capable de faire qu'une chose : rentrer à l'auberge faire une bonne sieste, pour ne pas dire cuver notre vin !








Mendoza est aussi une ville à la vie nocturne animée mais je ne suis pas dans l'état d'esprit de sortir, Tim non plus. L'un comme l'autre, nous sommes un peu fatigué des ambiances superficielles et des virées nocturnes entre touristes. La motivation de bon nombre d'entre eux est de chercher une conquête locale, à ajouter à leur tableau de chasse, comme on achète un souvenir de vacances.


De plus, je ne souhaite pas trop m'attarder ici. Je sens, de jour en jour, l'hiver s'installer et je ne veux pas trop tarder à franchir les Andes, avant qu'il ne fasse trop froid.

mardi 10 mai 2011

Villa-Mercedes : el Comedor Cuidad Jardin



Près de Villa-Mercedes, alors que je roule sur une voie latérale de la rota 7, je me fais arrêter par le conducteur d'un vieux pick-up Ford : " Bonjour, je vais aider une association qui prépare à manger à des enfants d'un quartier pauvre, pas loin d'ici. Si cela t'intéresse de venir voir, suis moi ! " Je regarde le type dans le fond des yeux et il me semble honnête, alors je le suis sur une piste en terre, qui dessert le barrio Ciudad-Jardin, un quartier qui tient plus du bidonville que du lotissement. L'homme, s'appelle Julio-Cesar ! Il est concessionaire automobile et s'investit dans l'association Comedor Ciudad Jardin, fondé il y a quelques années par Mabel, autour de sa propre maison. L'action de cette femme est remarquable. Elle est arrivée à mobiliser une trentaine de personnes qui viennent, à tour de rôle, offrir, préparer et servir, trois fois par semaine, des repas à une centaine d'enfants de son quartier. La plupart des bénévoles sont des habitants de Villa-Mercedes mais certains viennent de loin, de Buenos-Aires par exemple, pour passer une journée sur place.




Naturellement, je propose aussi mon aide et donne un coup de main aux personnes présentes. Ce jour là, il n'y a quasiment que des femmes et elles me font un accueil plus que chaleureux. On rigole bien. Nati, une jeune avocate, m'adopte officiellement comme son novio de Paris. Les enfants, quant à eux, sont aux anges et me font la fête. Un Français qui passe leur rendre visite à vélo, c'est bien la première fois. Alors je sors mes cartes et leur explique mon voyage. Puis je leur fais faire un tour, quatre à la fois, sur mon vélo. Je suis l'attraction du jour ! Julio me propose de m'héberger et je reste finalement quatre jours à Villa-Mercedes, aidant un peu au Comedor et partageant la vie de mes nouveaux amis.



Je fais la connaissance de deux de ses frères, Javier et Deivi. Javier est journaliste et fondateur d'un journal mensuel local, El Otro Diario, dans lequel je vais écrire un article qui paraitra le mois prochain. Les après-midi, nous allons au campo, un terrain familial, à quelques kilomètres de Villa-Mercedes, où Julio et ses frères sont en train de se construire une maison de campagne. Avec Luciano, le photographe du journal, on s'amuse à faire des photos un peu délire. Chaque soir je suis invité par quelqu'un de différent, un asado chez Mariana, un plat traditionnel mijoté par Ermando, un diner chez Claudia. A chaque fois, l'ambiance est très marrante. On chante des ritournelles, on récite des poèmes grivois et on raconte des histoires cochonnes.



Le samedi soir, la petite bande m'emmène aussi dans la boite branchée de la ville, un silo à grains, superbement réhabilité de manière très design, par un ami architecte de Nati. Julio dit à tout le monde que je suis son cousin de France, venu lui rendre visite à vélo. Ici, " accueil " et " solidarité " veulent encore dire quelque chose. Ermando, le voisin du campo, m'explique : " Tu es chez les vrais Gauchos. Nous, quand on apprécie quelqu'un, on l'adopte et il fait partie de la famille pour toujours. Où que tu sois en pays gaucho, il ne pourra rien t'arriver, si tu as un problème, tu nous appelles et nous trouverons une solution pour t'aider. "






La veille de mon départ, à mon insue, Julio a contacté des journalistes et je me retrouve à devoir répondre, en Castillano, à un interview pour la télévision locale ! Bon, il parait que j'étais compréhensible... Elle est passée le lundi 9 mai, à la fin du journal du soir sur TVEO, la chaine de la ville, apparement très regardée ici. Moi, je ne me suis même pas vu, car au même moment, Javier m'avait organisé un rendez-vous avec Christine, la directrice de l'Alliance Française locale ! Mais, quand je suis sorti en ville pour acheter un nouveau ballon de foot aux gosses du Comedor, c'était assez comique, je rencontrais des gens qui me disaient : " C'est toi qui voyage à vélo ? On t'a vu à la télé ! " Du coup, j'ai pu négocier un bon prix pour le ballon.




Mais l'hiver arrive et je me sens déjà bien en retard dans la saison pour pouvoir franchir les Andes. Alors, le lendemain, malgré la tristesse que j'éprouve à devoir quitter mes amis, je reprends ma bonne vieille rota 7. En fait, cette dernière, après Villa Mercedes, s'est transformée en belle autoroute : une deux fois deux voies, avec de magnifiques bandes d'arrêt d'urgence, où je peux rouler en toute sécurité. Le pied ! Quand je roulais, il y a 10 mois de cela, sur mes petites départementales françaises désertes, je n'aurais jamais pu penser qu'un jour j'allais prendre autant de plaisir à fréquenter une autoroute à vélo ! Le paysage défile et je ne mets que quatre jours à atteindre Mendoza.





Si vous souhaitez aider, d'une manière ou d'une autre, l'action de Mabel et son association, Comedor Ciudad Jardin, à titre indicatif, la préparation d'un repas pour une centaine d'enfants revient à environ 100 euros. Vous pouvez rentrer en contact avec elle :
ciudadjardincomedor@hotmail.com.ar



Cette semaine les photos sont celles de Luciano Amaya, ci-dessus, j'ai perdu les miennes !

vendredi 6 mai 2011

Traversée des Pampas



Les photos de cet article concernent uniquement la route entre San-Luis et Mendoza car, suite à une mauvaise manip' informatique, j'ai perdu toutes les autres. Décidément je ne suis vraiment pas doué dans ce domaine ! Pour le reste vous n'aurez que des mots pour vous faire une idée. Cet article a également failli disparaître du blog ! Heureusement Pascal-parapente, mon super webmaster parisien est arrivé à me le récupérer de justesse. C'est à lui aussi que vous devez la nouvelle mise en page. Je remercie aussi mon ami Stanko qui relit avec attention mes messages et corrige les coquilles, car c'est pas toujours évident sur mon chemin de trouver des ordinateurs de qualité.


Avant de quitter Buenos-Aires, je ne peux m'empêcher de faire un dernier tour (de 20 kilomètres ! ) dans la capitale pour dire au revoir à ma ville de naissance. Je repasse par les avenues 25-de-Mayo, 9-de-Julio, Cordoba et, sur les bords du Rio de la Plata, je regarde encore une fois ces eaux qui plongent dans l'Atlantique. Je ne reverrai pas cet océan, avec lequel j'ai vécu presque un an, avant mon retour en Bretagne, dans un futur que je ne saurais déterminer. Quand je quitte finalement le Centro, il est déjà midi. Comme à chaque nouveau départ, à peine suis-je remonté sur mon vélo, qu'un grand sentiment de liberté m'envahit. Le soleil automnal est radieux et les feuillages des arbres commencent à rougir. La température, d'une vingtaine de degrés, est idéale pour rouler. Mais à 18h30, la nuit tombe déjà. J'ai fait 85 kilomètres et je suis encore dans la banlieue de cette ville tentaculaire ! Ce soir, le coin est un peu sordide et ce n'est pas évident de trouver un endroit où crècher. Le lendemain, après la ville de Lujan et quelques contours de "plats de spaguettis" autoroutiers, je trouve enfin le début de la mythique Route Nationale 7, qui traverse l'Argentine d'Est en Ouest. En quittant l'urbanisation, je me crois sauvé, mais les jours suivants ne sont pas faciles. J'ai des courbatures et des rougeurs aux fesses, comme si je n'avais jamais fait de vélo. La vie de cycliste, quoi ! Et ma belle route est, en fait, une pauvre nationale, très étroite, sans bandes d'arrêt d'urgence où avancer sereinement. Surtout elle est extrèmement fréquentée, en particulier par des poids lourds ! Dur.

Sur cette route, le seul endroit où je peux me positioner pour éviter de géner les automobilistes, c'est le petit reliquat de bitume, large d'une dizaine de centimètres, situé entre la bande blanche, délimitant la chaussée, et l'herbe. Pour me rendre ce lieu intermédiaire plus avenant, je l'appelle mon "estran" et je m'imagine être un acrobate devant rouler au sommet d'un mur de brique. Sur mille kilomètres, avec 110 kilos à mouvoir, c'est du sport ! Cela demande pas mal d'équilibre et de concentration. J'ai parfois l'impression de dépenser autant de force dans les bras que dans les jambes. Ensuite, une fois sur ce cap, les voitures peuvent me doubler sans problème, mais pas les camions, trop larges, quand un véhicule arrive en face. A partir de là, tout se joue avec un oeil rivé dans le rétroviseur. Le jeu consiste à sauter dans l'herbe dès qu'on voit un camion dans le rétro avec un autre véhicule qui arrive en face, c'est à dire en moyenne, toutes les dix minutes. Et il faut alors se jeter dans l'herbe avec une certaine dextérité. En affrontant, à vive allure, un nouveau terrain incertain, les sacoches ont toujours le risque de se décrocher. Bref, c'est un peu comme jouer à la Play-Station sauf que je n'ai qu'une vie ! Pour compliquer les choses les jours suivants, le temps se met à changer. D'abord il fait plus frais, puis carrément froid. Je sors la polaire et le bonnet. Puis deux jours de pluies battantes viennent me rafraîchir définitivement les idées : oui, dans cet hémisphère, l'équivalent du mois de mai, c'est bien novembre ! Qu'importe : " No soy de azucar ! " J'accepte mon sort avec fatalisme, en essayant de trouver une beauté dans chaque chose : " S'il pleut, ce sera bon pour l'agriculture ! " Quand la pluie s'arrête, l'herbe du bas côté s'est, évidement, transformée en boue et c'est une autre affaire : il faut éviter les glissades. Puis c'est le vent qui se met à souffler, et fort, diminuant ma vitesse journalière de moitié, pour deux fois plus d'efforts. J'apprends alors à surfer les turbulences aérologiques que laissent les camions sur leurs passages et le vélo me semble un vrai sport de glisse ! Pour garder l'esprit en alerte, je m'impose un arrêt toutes les heures et je fais de petites étapes de 74 kilomètres par jour en moyenne. Pour que la route me semble moins longue, je la divise. Si un jour, j'ai 90 kilomètres à faire, je n'en ai que 45 pour arriver à la pause de midi. Je me dis alors que cela ne fait que trois petites étapes de 15 kilomètres. Une autre fois, je compte en aller-retour à Fouesnant depuis la maison de ma mère, 12 kilomètres. Pour 24 kilomètres, je me dis : " Quel étourdi, j'ai oublié le pain ! " Ainsi je ne conçois l'effort que dans l'instant présent. Le soir, je m'offre souvent une bonne grillade pour reprendre des forces et pour varier des milanesas et des enpanadas. Habituellement je suis peu carnivore mais ici, en Argentine, c'est vrai qu'il y a la meilleure viande du monde. A Rufino, pour échapper au trafic de la nationale, j'hésite à obliquer ma trajectoire vers le sud, par des petites routes et des pistes, en direction de San-Rafaël. Mais l'hivers arrivant et le temps incertain me font craindre de me retrouver un jour embourbé au milieu de nulle part et je renonce finalement à cette idée.


Heureusement, au fur à mesure des jours, le temps redevient plus clément : La route, elle, reste toujours autant fréquentée mais je prends mes habitudes. Comme n'importe quel travailleur, je me lève pour faire mes heures de labeur quotidien. Chaque matin, je reprends ma bonne vieille Rota 7, qui traverse le monotone paysage de la Pampa, sempiternellement plat. Cette campagne ressemble grandement à la Beauce, mais à une échelle décuplée. L'étendue infinie de ce paysage dégage une certaine poésie chargée de nostalgie. Je compte les chiens errants écrasés, à moitié bouffés par leurs congénères survivants, à peu près un tous les cinq kilomètres, et les bouteilles d'urine jetées par les camionneurs, cinq fois plus nombreuses que les chiens. Et je me fais peu à peu à la beauté particulière de cette région, à ces odeurs, parfois de putréfaction : " Tiens ! Je sens que je vais bientôt voir un chien écrasé ! " A l'image du paysage, les petites villes que je traverse semblent également toutes similaires. Elles suivent un même plan, en cuadras de 100 mètres de côté, aucunement altéré par la géographie. Elles se fondent autour d'une place centrale où sont réunies les édifices institutionels et les rues portent toujours les mêmes noms : 25-de-Mayo, 9-de-Julio, San-Martin, Rivadavia, Yriguyen... Ici, contrairement à Buenos-Aires, il est impossible de se perdre. On se repère tout de suite et cela accélère les sentiments d'appartenance et d'apropriation de ces espaces. Toutes ces villes sont vivantes le matin, désertées dans l'après midi et très animées entre 18h00 et 21h00. Pourtant, malgré cet urbanisme très modèlisé et cette temporalité codifiée, chacune de ces villes a son identité propre. Les ambiances qui s'en dégagent sont à chaque fois différentes, le seul point commun étant la cordialité naturelle des Argentins. Sur la route, je commence aussi à apprécier l'apparente monotonie de ce parcours. Je me familiarise avec les camionneurs, comme on finit par se lier avec ses camarades de cellules. Finalement, ce ne sont pas de mauvais bougres. La grande majorité font preuve d'un grand professionnalisme. Généralement, ils conduisent plutôt bien et me font souvent des signes d'encouragement. Ce ne sont pas les seuls, du reste. Comme toujours en voyageant à vélo, je fais plein de rencontres insolites. Partout des gens me félicitent ou bien viennent à mon secours, qui d'une vis, d'un boulon, qui d'un coup de Kärcher pour laver mon vélo après la boue. Ainsi, j'ai le plaisir d'observer si je progresse un petit peu plus en Espagnol, bien qu'on me demande souvent si je ne suis pas Brésilien ! J'essaie de faire chaque jour une leçon de mon livre " Pratique de base de l'Espagnol " mais ce n'est pas toujours évident car j'ai un emploi du temps chargé : subvenir à mes besoins primaires, pédaler, rencontrer, écrire...

Cette description, des difficultés quotidiènes que je rencontre, n'est pas pour trouver des oreilles plaintives ou des yeux admiratifs, c'est juste pour vous montrer, pour une fois, l'envers du décor des belles photos que vous voyez, d'habitude, sur ce blog !


Alors : " Pourquoi s'imposer tout cela ? " diront certains. Parce que c'est un kiff ! Deleuze dit que la joie est de remplir une puissance, en distingant bien que le pouvoir est le plus bas degré de la puissance. Et selon lui, la tristesse est de subir un pouvoir extérieur à soi-même. Je me reconnais dans cette définition. Je me sens véritablement heureux quand je voyage à vélo parce que je suis puissant et libre.

J'éprouve beaucoup de plaisir à me retrouver à nouveau seul, car la route me permet de penser. En vivant pleinement l'instant, j'ai le temps de me souvenir du passé, d'analyser le présent et d'imaginer l'avenir. Après 40 kilomètres de vélo, le cerveau, restreint en énergie, devient plus efficace. Il va a l'essentiel. A 60 kilomètres, le cerveau reptilien prend le dessus. Le sixième sens s'éveille. J'entends instinctivement ce qui est bon pour moi. Une voix me dis : " Arrête-toi là, discute avec ce type, ici passe ton chemin ". A 80 kilomètres, l'esprit se purifie. Le visage s'ouvre, un sourire radieux l'illumine. Quand je m'arrête les gens disent alors : " ¡ Que buenas ondas tienes ! " Et moi ça me fait encore plus rire de voir leurs têtes quand je leur raconte mon voyage. A 100 kilomètres, ça devient vraiment dur et on ne peut plus avancer uniquement pour soi-même. On se met a rouler pour les autres, pour ceux qui ne peuvent pas faire cela, pour les handicapés, pour les prisonniers. Je pense qu'en voyageant, on va autant vers les autres que vers soi-même. C'est le chemin intérieur qui permet de faire une place à l'altérité. La sédentarité appelle à la recherche du même, du semblable. On se regroupe par communauté. On habite un quartier où les voisins sont comme nous et on construit une maison à notre image. Dans un jardin public, on va s'asseoir à côté de celui qui nous ressemble. En étant nomade, on est seul, on va vers soi-même et on est ouvert à la différence. Qu'importe le milieu, la culture, la croyance. On est en besoin d'apprendre de l'altérité. Alors tous nomades ! Et au diable les architectes avec leurs maisons !


Providence, nécessité et paresse. Parfois, sur mon vélo, je me dis : " Bon, quand mon horloge marque telle heure, ou quand mon compteur kilométrique marque tel chiffre, je fais une pause ! " Curieusement, à chaque fois, j'arrive à l'endroit idéal vis à vis du besoin précis que j'avais à ce moment lâ. Il y a le petit chemin qui me permet de quitter la grande route pour me reposer, la rivière pour me laver, l'arbre qui m'apporte son ombre pour le déjeuner, le banc inespéré pour écrire. Et en plus, c'est toujours un lieu charmant. La providence ! ? En fait, tout au long de mon chemin, il y avait mille endroits magnifiques mais je ne les voyais pas. J'étais concentré sur ma route et ces lieux ne m'étaient pas nécessaires. En réalité, on trouve toujours ce qu'on cherche. Quand on ne trouve pas, c'est qu'on ne cherche pas vraiment. La sédentarité rend les gens paresseux et les coupe de leurs besoins fondamentaux. Beaucoup de personnes ne savent même plus ce qu'elles cherchent car elles ont perdu le principe de nécessité. Les gens ne se donnent pas la peine de réfléchir par eux-même. Ils attendent des réponses toutes faites, même quand ils posent une question. Ils s'inscrivent dans des modèles existants et se coupent des solutions qui seraient bonnes pour eux. Après ils se plaignent de ne pas être heureux. Evidemment, les choses nouvelles à découvrir, il faut se donner la peine de les chercher.