Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

samedi 27 octobre 2012

Cook, Samoa, Fidjis, toujours plus à l'Ouest...


Ilot cotier près de Samoa

Après les Iles de La Société, Béné et moi continuons vers Suwarrov, un petit atoll inhabité au nord des Cooks Islands néozélandaises. En mer, parfois le vent est fort et parfois, comme durant cette traversée, il y a pétole durant plusieurs jours. La surface des eaux ressemble alors à celle d'un lac, en témoigne ce petit bateau en papier rouge, qui reste desespérément à coté de nous un très long moment sans bouger. Il y a aussi des rencontres inattendues, comme celle avec ce jeune fou-de-bassant venu se reposer une nuit entiere sur notre embarcation.




Suwarrov est mythique pour les navigateurs car cette toute petite ile est vraiment totalement perdue au beau milieu de l'Océan Pacifique. Le plus étonnant est qu'un Néo-Zélandais a vécu seul ici durant plus de vingt ans comme un vrai Robinson Crusoé. Aujourd'hui le lieu est une réserve naturelle, gardée six mois de l'année par deux rangers qui, en saison, accueillent une quinzaine de voiliers par semaine. Nous retrouvons ainsi quelques amis navigateurs : Virginia, José, Eléandro, Russel, Douglas... avec qui organiser quelques barbecues sur la plage le soir venu. Les rangers nous font gouter à la spécialité du coin : le crabe de cocotier. C'est vraiment délicieux mais je me promets de ne plus jamais en manger car cet animal magnifique met des années à atteindre sa magestueuse taille adulte. Et il semble si paisible et si inoffensif, malgré ses grosses pinces capables de broyer une noix de coco.




 Je préfere aller pecher avec Eléandro et José. Ce jour là, j'attrape une belle carangue !




Pour vider le poisson, les rangers nous mettent en garde : c'est interdit de le faire coté lagon car cela attire les requins. Nous nous rendons au lieu dédié, sur la rive océanique de l'ile, et effectivement c'est impressionant. Une multitude de requins de recif se précipitent immédiatement sur les abats comme une bande de piranhas affamés. A cet endroit, il est vivement déconseillé de se baigner !



Apres quelques jours de Robinsonade, nous décidons de reprendre la mer. Cette fois, nous disons un au revoir définitif à Eléandro et à Hendrick, qui vont rejoindre la Nouvelle Zélande par les Tonga. Avant de partir, Béné inspecte le grément. Sur un bateau, il vaut toujours mieux prévenir que guerrir. Au départ de Maupiti, notre spinaker est mort de vieille, déchiré par une bourrasque. Par chance, Douglas nous en donne un vieux dont il ne se sert pas. Les voileux sont des gens solidaires. Le seul probleme est que son bateau fait 27 pieds, alors, sur Mistassibi, notre nouvelle voile bleue ressemble plus à une trinquette. Mais, en mer, on essaie plusieures configurations car, à trois voiles, ca marche aussi !




Le 25 septembre, nous arrivons à Samoa, dernière île de Polynésie, dont elle est le berceau mythique. Nous retrouvons Virginia et Joés avec qui nous faisons un petit tour de l'ile avec une voiture de location.




Les maisons traditionnelles de ce pays ont pour particularité d'être ouvertes à tout vent, ce qui est bienvenu ici car la chaleur tropicale de l'île est particulièrement étouffante. Autre originalité locale, pratique sous ses latitudes : les hommes portent dignement la jupe ! Nous ne restons finalement qu'une semaine aux Samoa, reprenant la mer après avoir assisté au célèbre spectacle de danse folklorique, pour le moins kitsch, du fameux Grand Hôtel de Aggy Grey.


Notre voyage se poursuit aux Fidjis, où nous arrivons le 7 octobre. Fini la Polynésie, nous entrons dans une Mélanésie, ici à moitié peuplée par des descendants d'esclaves Hindous. Dans ce nouveau monde sous influence anglophone, nous sentons les prémices de l'effervescence asiatique. Après presque un mois de traversée, depuis que nous avons quitté les Iles de la Société, nous ne sommes pas mécontents de nous retrouver à terre pour quelque temps. D'autant que, durant ces derniers jours sur l'eau, le climat a été très variable, allant du coup de vent impromptu au calme plat, ce qui n'a pas été de tout repos. Puis, à force de suivre les conseils du Professeur Tournesol : " Toujours plus à l'Ouest, toujours plus à l'Ouest... ", nous voilà rendu à l'Est ! La veille de notre arrivée aux Fidjis, nous franchissons le symbolique parallèle 180, passant ainsi des degrés de longitude Ouest aux degrés de longitude Est, changeant aussi de fuseau de date, pour, au même instant, gagner une heure, tout en perdant une journée sur le calendrier... Bref, un vrai saut quantique ou, plus pragmatiquement : j'ai vraiment atteint l'autre côté de la terre !




Béné et moi passons quelques jours dans la petite ville de Savusavu, sur l'ile de Vanua Levu, que nous visitons en scooter. Je suis à l'arrière et, après une virée de plus de 200 kilomètres, j'ai carrément le dos en compote. Mais ce tour nous a permis de sortir des chemin battus pour découvrir un peu la réalité de la vie rurale des gens de ce pays, dont une grande partie de l'économie tourne autour de la production de la canne à sucre.





Nous rejoignons ensuite la trépidante capitale Suva, sur l'île de Viti Levu : 200000 habitants sans compter les nombreux touristes, qui débarquent deux fois par semaine de leur immense et luxueux bateau de croisiere. Au bar du Yacht Club local, je rencontre plusieurs capitaines de voiliers susceptibles de me prendre à leur bord entre le Vanuatu et la Nouvelle Calédonie. Une semaine après notre arrivée, l'ami Manu nous rejoint. Il est maintenant équipier sur San Miguel, son précédent bateau étant resté bloqué au Tonga après avoir cassé son safran. Savu n'est pas très jolie et son climat est pluvieux tout au long de l'année. Mais il y a de quoi faire quelques bonnes sorties dans les boites de nuit endiablées de la ville. L'ambiance est, au choix, soit mélanésienne, soit indienne, car les deux ethnies qui peuplent les Fidjis vivent côte à côte sans se mélanger, entretenant des rapports pour le moins tendus. L'atmosphère de Suva ne déplait pas à Béné mais, pour ma part, je la trouve un peu glauque et je ne suis pas mécontent lorsque nous remettons les voiles.





Pour nous remettre de tant d'urbanité, nous allons passer un week-end prolongé dans le Great Astrolabe Reef, au nord de Kadavu. C'est un archipel sauvage. Sur l'une des îles, où nous arrivons totalement par hasard, nous sommes accueillis par une petite communauté protestante de trois cent âmes.





Ici, la vie est très traditionnelle. Les villageois vivent de l'agriculture et de la pêche. Ils nous convient à partager leur seule activité dominicale autorisée : 4 heures de messe chantée ! Sous le porche du temple, Béné s'improvise Pasteur en tenant de lire la bible en langue bichlama, ce qui fait marrer les enfants.




Le 28 octobre, nous disons au-revoir aux Fidjis et à ses cieux souvent nuageux, qui offrent des couchers de soleil aux couleurs particulièrement belles.