Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mercredi 12 décembre 2012

Nouvelle Calédonie, fin de la traversée en voilier

Malgré quelques nouvelles petites avaries techniques, Tiki finit par atteindre la Nouvelle Calédonie. Le génois a définitivement rendu l'âme et le moteur a souvent des ratés, mais notre embarcation, bien que plus très étanche, flotte encore. Le 6 décembre, nous atterrissons sur l'atoll de Beautemps-Beaupré, dans les Iles Loyauté. Pouvant enfin ouvrir les bouteilles achetées en duty free à Port-Vila, nous manœuvrons entre les récifs avec un bon coup dans le nez. Cependant, malgré l'allure totalement freak de notre équipée  nous arrivons, sains et saufs, à Ouvéa. Cette étape marque la fin de ma traversée du Pacifique en voilier et c'est l'heure de dire au revoir à Betina et à Jean-François. Nous fêtons ce retour en " France ", comme on se doit. Nous dégustons un bon vieux camembert, accompagné d'un grand verre de vin rouge : un vrai bonheur, un peu surréaliste sur une plage faisant face au lagon turquoise. J'abandonne ici mes amis, pour rejoindre au plus vite Nouméa, où je dois prendre un avion pour Auckland. J'y ai bientôt rendez-vous avec Capucine, qui profite de ses vacances pour venir partager la prochaine étape néo-zélandaise de ce voyage.






Je ne passe que cinq jours à Nouméa  C'est un temps trop court pour me faire une idée des lieux mais, de prime abord, la ville ne me séduit pas vraiment. Le coût de la vie est deux fois plus cher qu'en Métropole et les tensions raciales entre Kanakes et Caldoches sont encore bien tangibles. Je ne me sens pas vraiment à ma place ici et c'est avec plaisir que je retrouve quelques amis navigateurs, dont c'est le port d'arrivée pour passer la saison cyclonique : Véronique et Pierre sur Visiteur, Viviana, Manu et François sur San Miguel, Torsten sur Blue Nose... Et je retrouve aussi le plaisir de dormir dans un vrai lit. Après des mois de couchettes, c'est un vrai plaisir !





En relisant les différents récits que je viens de faire de cette traversée du Pacifique, je m'aperçois que je n'ai pas assez insisté, voir pas du tout parlé, des aspects difficiles du voyage en voilier. Les images mentent toujours et les photos d'îles paradisiaques que vous voyez sur ce blog se méritent ! Je vous garantis que cela n'a rien à voir avec des vacances sur un bateau de croisière. Voyager en voilier est un véritable sacerdoce. Tout d'abord, un bateau, ça bouge tout le temps, 24 heures sur 24, même un catamaran à l'arrêt. En plus, c'est petit, alors on se cogne partout. Et il s'agit aussi de vivre à plusieurs dans des espaces très restreints, dans la promiscuité, avec très peu de confort. L'eau douce, l'électricité et le gaz sont très limités. Pendant les traversées, on dort peu et par session de trois heures, pour assurer les quarts. Je vous le dis, c'est pas toujours marrant de devoir aller prendre un ris en pleine nuit, sous une pluie battante, quand le bateau roule et tangue dans tous les sens. Et c'est d'autant plus pénible quand le temps change tous les quarts d'heure. Inversement, quand il y a pétole et que la mer est lisse comme un lac, il ne faut pas se lasser de passer des journées entières à la regarder. Puis, sur un voilier, il y a la casse et la maintenance. Il faut sans cesse réparer quelque chose si on ne veut pas voir son embarcation rapidement ruinée par l'océan. La mer rouille et pourrit tout, rappelant sans cesse à l'homme qu'il n'a rien à faire là. Le sel dévore aussi les chairs, la moindre plaie bénigne pouvant se transformer en infection grave. Et on ne peut pas dire : " Allez, j'en ai marre, je descends " ou bien : " Tiens, je vais faire un tour " ou encore attendre que le docteur passe. Enfin, c'est dangereux. La règle est simple : si on tombe à l'eau, on est mort ! C'est presque impossible qu'un bateau sous voile ait le temps de faire demi tour pour vous récupérer sans vous perdre définitivement de vue, surtout lors d'un quart de nuit. Parmi tous les bateaux que j'ai rencontré depuis le Panama, beaucoup on eut de gros soucis, qui les ont obligé a ajourner leur voyage. Un Américain, ayant cassé son mât, a dû attendre d'être ravitaillé en fuel pour pouvoir regagner les Marquises au moteur, ce qui lui a pris plus d'une semaine. Un Suisse-Allemand a brisé son safran en passant sur une baleine endormie à la surface. Il a dérivé jusqu'à ce qu'il croise un bateau de pêcheurs, qui a pu l'aider à faire les réparations nécessaires. Des Anglais se sont fait attaquer par des orques, qui ont fini par couler leur bateau et la petite famille a passé plusieurs jours entassée dans son canot de survie, avant de pouvoir être secourue. J'en passe et des meilleures. Malgré la technologie actuelle, prendre la mer reste une vraie petite aventure. Comme dit le chanteur Renaud : c'est pas l'homme qui prend la mer, mais bien la mer qui prend l'homme ! Alors quand on traverse le Pacifique, cet océan qui fait du tiers de la circonférence terrestre - a bord d'un voilier, on a vraiment le temps de voir à quel point c'est grand - et qu'on a passé plus de huit mois sur l'eau, on ressent parfois une certaine fatigue.





Pourtant, chaque année, environ 200 voiliers se lancent dans un tour du monde. Alors pourquoi s'imposer cela ? Parce que c'est " magique " - j'aime bien ce joli mot qui ne veut rien dire - en fait, pour ma part, c'est parce que j'aime ça, tout simplement,  la mer, sans doute comme tous ces voileux, forcément un peu fous, des aventuriers pas bien fréquentables, pas des gens très normaux, ce qui les rend généralement très appréciables.


mardi 4 décembre 2012

Un drôle de Tiki au Vanuatu



Le 10 novembre, je quitte le catamaran de Béné et je monte à bord de Tiki, un monocoque de 33 pieds. Je compte rejoindre la Nouvelle Calédonie avec Jean-François, son capitaine, et Bétina, son équipière, une artisane-voyageuse autrichienne, sur la route depuis 3 ans. Jean-François, lui, fait un tour du monde commencé il y a 13 ans (!), dont 2 ans sur les routes d'Asie avec son parapente, puis deux pauses de 5 ans en Nouvelle Calédonie et à Tahiti.




Le voilier, après six ans dans le Pacifique, n'est plus en très bon état : génois déchiré, moteur capricieux, safran délicat, fuite en coque, pas de pilote automatique, ni de régulateur d'allure, ce qui nous oblige à barrer 24 heures sur 24. Mais après quelques réparations et un atelier couture de génois  nous prenons la mer en direction du sud, l'allure au près nous obligeant a tirer de nombreux bords.




Le confort du bateau est spartiate mais l'ambiance à bord, très bohème, est plus que relax. Bétina, autrement appelée La Pocahontas de la Selva ou La Sirène du Pacifique, voyage avec 80 kilos de coquillages, de peaux de bêtes et autres graines diverses, nécessaire à l'exercice de son art. Par souci d'esthétisme, elle a entièrement redécoré l'embarcation de JF dans une tonalité toute à son image.





L'accueil au Vanuatu me rappelle un peu celui des Marquises. Les gens sont très tranquilles et d'une générosité sans pareille. Ils nous offrent parfois une partie du fruit de leur pêche à partager avec eux autour d'un feu de camp sur la plage.






A Erromango, nous assistons aussi à une étrange cérémonie : une fête de " réconciliation " entre les descendants d'un missionnaire anglais et les descendants des indigènes qui l'ont mangé, en 1839, au cour d'une cérémonie de cannibalisme rituel.






Durant un peu plus de trois semaines, je navigue au Vanuatu sur ce drôle de Tiki, poursuivant ma route par les îles de Tana et Aneityum, suivant le bateau San-Miguel de François, où Manu et sa copine Viviana se sont fait embarquer. A chaque étape, la population locale nous accueille avec beaucoup de chaleur, autour d'un bon cel de cava.

Cava en botte

Preparation du cava, lorsqu'il n'est pas mâché

Lieu de dégustation du cava

Apres, ça tourne un peu la tête et on voit des anges passer


Ici, le temps s’écoule doucement. On laisse les choses aller à leur rythme, sans chercher a modifier brusquement ce qui est et a toujours été.

Rue de Aneityum

Avenue principale de Lenakel, capitale de Tana

Principal Bureau de Poste de Erromango

Grand Marche de Lenakel

Salle de concert à Aneityum

Cavamal à Tana

Maison à Erromango

Salle de bains à Aneityum

Cuisine à Tana

Réfection de toit à Tana

Enfants de Tana et de Erromango

( Les 4 photos précédentes sont de Betina)

Dans les tribus, le look hippie-rasta de Betina ne passe pas inaperçu et elle arrive facilement à troquer ses colliers de coquillage contre des fruits et légumes, ce qui assure une partie de notre subsistance.







Le Vanuatu semble à la croisée des chemins entre un mode de vie traditionnel et une attraction pour la modernité  D'un côté le mode de vie n'a pas changé depuis des siècles  d'un autre le téléphone portable a déjà envahi toutes les tribus  C'est un drôle de paradoxe que de vivre son quotidien sans électricité  ni eau courante, mais d'avoir accès à internet depuis son mobile, rechargeable à partir d'un petit panneau solaire portatif... Cependant le Vanuatu n'a pas encore perdu son âme  C'est un pays on ne peut plus attachant et je souhaite pouvoir y revenir bientôt  avant que toute sa culture vivante ne soit engloutie par la mondialisation galopante.