Je n'ai pas trop le temps d'écrire ce blog en ce moment. Je compléterai donc ce récit et ajouterai des photos à
mon retour. Cependant, pour ceux qui souhaitent suivre cette ultime
trace européenne, voici un petit résumé de ces derniers mois de voyage :
Turquie (bis)
Le 17 janvier, je quitte Chypre en ferry et retourne en Turquie méridionale. Je suis les côtes méditerranéenne puis égéenne, en visitant scrupuleusement tous les sites antiques de Lycie, de Carie, de Ionie... sur cette route chargée d'une histoire plurimillénaire. J'essaye d'aller le plus lentement possible pour laisser passer le coeur de l'hiver. Le 25 février, j'arrive cependant à la
Sublime Porte : Istanbul. Pour la première fois, après cinq ans d'absence, je fais tourner mes roues en Europe ! C'est vraiment le début de la fin de ce long voyage autour du monde. Enfin presque... Après 15500 kms à vélo depuis Bangkok (22500 kms depuis le début de mon voyage), il me reste tout de même à peu près 5000 kms à parcourir pour revenir à mon point de départ, à la Pointe du Raz en Bretagne, et encore plein de nouvelles aventures à vivre (Bien qu'il n'y ai que 2700 kms à vol d'oiseau et 3700 kms par la route la plus directe, je compte bien encore faire quelques petits détours). Malgré tout je commence à estimer mon retour et, si je ne traine pas trop en chemin, je pense atteindre Paris vers la fin du mois de mai. Le 3 mars je reprends la route et pénètre dans les Balkans par la Thrace. Je fais un dernier stop ottoman à Edirne, pour laisser passer un ultime épisode neigeux (enfin j'espère) et prendre le temps de dire au revoir à la Turquie que j'ai adorée.
Bulgarie
Pour éviter l'autoroute, je rentre en Bulgarie en passant par l'extrémité nord-est de la
Grèce, où je ne fais qu'un très bref séjour d'une quarantaine de kilomètres, parcourus en moins de deux heures. Puis, plus je remonte la vallée de la Maritza, plus le paysage se met à blanchir. Cette année l'hiver a été vigoureux et toute la région de Plovdiv est encore sous une trentaine de centimètres de neige. Pour un peu je me croirais en Sibérie ! Quand il y a du soleil, c'est très beau, mais j'ai hâte que le temps se réchauffe car, en roulant par 0 degré, je me gèle un peu... Au lieu de cela il se remet à neiger et je traverse les Monts Rodhopes avec plus d'un mètre de poudreuse au col. Heureusement j'ai une super option
"crampons téléscopiques" sur mes chaussures de montagnes bas de gamme,
made in China : un gadget de gosse, en l'occurrence bien utile, car cela me permet de freiner dans les descentes. C'est encore plus indispensable quand je suis retardé par une averse de neige, que la nuit me surprend et que je me prends dans la gueule tous les phares des chauffeurs de camion bourrés. Ce sont pourtant tous ces petits désagréments passagers qui pimentent mon existence de voyageur insatiable, faisant bouillir en moi le profond désir de vie, en expérimentant dans mon corps ce qu'on appelle l'
espérance de la foi. En arrivant au Monastère de Rila, encore recouvert de son beau manteau blanc, j'ai vraiment l'impression de me trouver dans le décor du film
Le Bal des Vampires. Je passe là une dernière nuit bulgare, hébergé par les moines orthodoxes.
Macédoine
Une semaine en Bulgarie, une autre en Macédoine... en quittant la Turquie si vaste, c'est drôle de se retrouver dans ces petits pays balkaniques, qui se traversent si rapidement, que j'ai tout juste le temps d'apprendre à dire :
" bonjour, merci et au-revoir " dans la langue locale. Basique du voyageur qui me vaut d'être toujours accueilli par de larges sourires, d'autant plus appuyés quand je dis que je suis Français. Et oui, ici encore, on adooore la France. Quand on vit en métropole, on ne soupçonne pas à quel point on est aimé à l'étranger ! La Macédoine est un pays encore bien sauvage, qui brandit du drapeau européen à tous les coins de rues, comme un espoir pour conjurer le mauvais sort d'une économie toujours fragile. Le froid aussi me donne des ailes pour franchir, en chantant, les cols blancs de neige qui se succèdent. Le 21 mars, en ce premier jour du printemps, un beau soleil revient enfin, en même temps que j'arrive sur les bords du lac de Ohrid, frontalier avec l'Albanie.
Albanie
Deux jours d'une descente continue me mène à Durrës au bord de la mer Adriatique. Je gagne par la même occasion une vingtaine de degrés celcius, passant des montagnes enneigées, recouvertes de sapins, aux plages de sable, plantées de palmiers. Les Balkans sont vraiment le bouquet final de mon voyage. Je vais chaque jour de surprise en surprise, chaque vallée me révélant une identité nouvelle insoupçonnée. Dans cette mosaïque de peuples, les Albanais sont particulièrement chaleureux. Ils se targuent de descendre de l'antique civilisation des Illyriens et suivent un code de conduite ancestral appelé le
Kanun. Par ailleurs la dictature communiste, qui a totalement coupée l'Albanie du reste du monde extérieur durant quarante cinq ans, a profondément marqué le pays. Arrivé à Shkodër, je rencontre quelques locaux ainsi que des voyageurs passionnés par ce pays. C'est une bonne raison de rester là huit jours, escaladant, avec mes nouveaux amis, le mont de 1500 mètres, qui domine la ville et le lac du même nom.
Monténégro
Le 1er avril, je reprends la route, entrant au Monténégro par la Côte d'Azur des Balkans : Ulcinje, Ile de Sveti Stefan, Baie de Kotor... Pour la première fois de mon voyage, j'ai vraiment l'impression d’être revenu en Europe occidentale et les montagnes sauvages me manquent rapidement. Partant du niveau de la mer, je grimpe les 1700 mètres de dénivelés d'une petite route qui serpente, en vingt cinq lacets successifs, le long des flancs du Mont Crna Gora. C'est la montagne sacrée du Monténégro, qui a donné son nom au pays. La vue sur la baie de Kotor est vraiment splendide. Après Cetinje, je décide de continuer ma route en direction de la
Serbie mais, arrivé aux pieds de la chaines du Durmitor, je suis bloqué par une tempête de neige tardive, avec des rafales de vent à plus de 100 km/h ! Je trouve refuge une nuit sous le haut-vent du monastere de Osrtog, puis une autre chez un ouvrier du batiment de Niksic. Mais, vu que le mauvais temps s'apprête à durer encore quelques jours, je finis par faire demi-tour afin de retourner sur la côte, dont les conditions atmosphériques sont plus clémentes. Je passe par Trebinje, une enclave serbe de
Bosnie-Herzégovine, avant de rejoindre la très touristique Dubrovnik.
Croatie
Je longe la magnifique côte croate. Alternant îles et continent, je parcours la péninsule de Peljesac, puis l’île de Korcula, où est né Marco Polo. Depuis le Monténégro, je rencontre beaucoup de cyclo-voyageurs et je fais parfois quelques étapes avec certains d'entre eux. Le 11 avril je prends un ferry pour Split, où je profite enfin de températures véritablement printanières. Je continue par Sibenik. C'est certainement mon escale préférée de la côte, car cette bourgade est moins touristique et plus tranquille que les autres cités médiévales de la région. Après Zadar et l’île aux moutons de Pag, je quitte l’Adriatique et continue ma route vers le nord en direction de la Slovénie. Je compte revenir en France en suivant l’arc alpin. Une dizaine de cols de 1000 à 2500 mètres m'attendent sur ce parcours, qui passe par le sud de l’Autriche, puis le nord de l’Italie, avant de traverser la Suisse. Mais cet itinéraire devrait être vraiment plus beau que par la plaine. Cependant, dès ma première montée, je suis à nouveau bloqué par la neige. Heureusement, aux abords du Parc Naturel de Risnjak, un adorable couple de retraités m'accueille chaleureusement chez lui durant un jour et demi, le temps que l'orage passe.
Slovénie
Dimanche 19 avril, un beau soleil revient et je franchis un premier petit col alpin, marquant la frontière avec la Slovénie. Cette fois le printemps semble enfin être vraiment arrivé. Et, ici dans les montagnes, il explose. Les cimes sont encore sous la neige mais, dans des alpages verdoyants, c'est un vrai feu d'artifice floral de milliers d’espèces différentes. Dans chaque vallon, des habitants s'activent pour sortir de la période hivernale leurs petits chalets, regroupés autour du joli clocher du village. Je me sens au pays de Heidi ! La Slovenie a la particularité d'être située au carrefour des cultures latine, germanique et slave. La petite capitale, autant vénitienne que viénnoise, exprime toute la sophistication de la vieille Europe. Et le cout de la vie aussi y est bel et bien
made in euro zone ! J'ai perdu l'habitude de payer en euro et j'hallucine sur les prix. Mais tout est beau, presque trop parfait, dans un style allant parfois jusqu'à afficher un certain négligé chic de bon ton. Lubjana est également une ville très écologique, plantée de grands arbres et maillée de pistes cyclables. Paradi du vélo : ici,
la petite reine est devenu roi !