Le 10 janvier, Max débarque à Wellington. Il a un billet de retour en France dans trois mois depuis Sydney, où nous comptons nous rendre ensemble. Nous nous retrouvons autour d'un bon latte, café crème néo-zélandais servi avec un dessin de mousse de lait. Le lendemain, Eleandro nous rejoint. C'est un ami Maltais, navigateur, que j'ai rencontré à Tahiti cinq mois plus tôt. Il a laissé son voilier quelques semaines dans une marina au nord de l’Île du Nord, pour faire un petit tour avec nous dans l’Île du Sud. Au programme : camping sauvage, nombreux treks et un peu de haute montagne.
Nous passons quatre jours ensemble dans la petite capitale néo zélandaise, le temps pour mes amis de découvrir la ville, d'aller voir le film Bilbo le Hobbit dans la salle où a eu lieu la première de faire une virée en discothèque un vendredi soir et d'acheter une voiture ! Comme cela se fait facilement en Nouvelle Zélande, nous faisons l’acquisition d'un véhicule bon marché, que nous revendrons quasiment au même prix à notre départ : une Subaru Legacy à 1600 euros, avec 250000 kilomètres au compteur ! Après nous être procurés les quelques accessoires qui nous manquent pour camper, nous prenons le ferry à destination de Picton sur l’Île du Sud.
Nous parcourons d'abord la région de Marlborough, des Sounds au Cape Farewell, en passant par le Parc Naturel Abel Tasman. En chemin, nous retrouvons Morgan et Julien, avec qui nous passons trois jours, testant ainsi la capacité maximum de la Subaru : cinq voyageurs et leurs sacs a dos ! J'avais rencontré Morgan quelques semaines plus tôt avec Capucine. Jeune Half Iron Man, il achevait un périple en vélo dans l’Île du Nord. Nous nous étions ensuite retrouvé à Wellington, où il nous avait présenté Julien.
Nous allons tous ensemble à un festival hippie de l'une des nombreuses communautés de la région. L'ambiance familiale est bon enfant. C'est très peace and love : nous faisons des rondes en chantant et nous nous informons sur différentes techniques de yoga. C'est sympa, mais un peu trop straight edge pour nous : no smoking and no alcohol sur l'ensemble du site ! Nous allons nous remettre de tout cela au cour d'une petite rave improvisée dans un vallon perdu. Quittant Morgan et Julien, nous nous dirigeons vers le sud en suivant la Côte Ouest.
A Karamea, nous faisons notre première randonnée, le Fenian Track : 45 kilomètres dans une forêt subtropicale pleine de mousse et de fougères arborescentes, que nous avalons en seulement deux jours. Nous sommes tout de suite séduits par cette région encore bien sauvage.
Un soir, alors que nous arrivons près de Westport, assoiffés par la longue route, nous atterrissons dans un pub paumé au milieu de nowhere. C'est toujours dans ce genre d'endroit improbable qu'on fait les meilleures rencontres. Le patron nous accueille chaleureusement. Il est en train de jouer au billard, habillé d'une simple serviette de bain qui tombe régulièrement par terre, dévoilant sa nudité à Automn, une jeune et jolie Maorie, ce qui fait rire les cinq ou six habitués des lieux.
C'est ainsi que nous rencontrons Paul. Il nous invite à dormir dans sa maison, qu'il partage avec son frère, Chris, et un ami, Jeremy. Leur très jolie villa est bâtie sur une falaise faisant face à la mer. La vue du jardin est just amazing ! Nous sommes reçus comme des rois et nos hôtes insistent pour que nous restions une nuit supplémentaire, afin de nous faire goûter à quelques spécialités locales. Le lendemain, ils nous préparent un véritable banquet, compose des fruits de leur pêche, dont le fameux paua, qui est une sorte d'ormeau. Jules et Mike, deux amis navigateurs d'Eleandro, de passage dans le coin, se joignent à la fête.
Glacier Franz Joseph
Le Westland a gardé l'esprit des premiers colons emprunts de liberté. La région est moins fréquentée par les voyageurs que le reste du pays, si on fait exception des glaciers Franz Joseph et Fox, où affluent des hordes de touristes, le must étant de faire un tour en hélicoptère au dessus des montagnes ! Ces glaciers, les plus bas du monde, après ceux du Chili, sont pourtant très facilement accessibles à pied. Ce pays, qui a tant d'interdits ayant pour but de protéger l’environnement, permet cette circulation quotidienne incessante. Cela est une vraie nuisance, tant pour la nature, que pour le promeneur. Parfois la Nouvelle Zélande peut sembler un peu paradoxale au regard d'un Européen... Mais ici, le business passe toujours avant tout.
Glacier Rob Roy près de Wanaka
Nous continuons ensuite notre route vers les régions australes de l'Otago et du Southland : Wanaka, Queenstown et le Parc Naturel des Fjords. A Wanaka, nous rencontrons par hasard des amis d'amis français parapentistes, en plein préparatifs d'une manche de la compétition nationale de notre sport préféré Nous les suivons une journée durant, envieux de leurs beaux vols. Dans cette même ville, Max souhaite rencontrer le frère de l'un de ses amis, Gilles Kupfer, qui est en train de construire un avion dans son garage. Nous lui rendons visite et voyons son oeuvre : une réplique d'un avion de chasse de la Seconde Guerre Mondiale. C'est le troisième avion que réalise ce Suisse. Un vrai personnage ! Il s'est installé en Nouvelle Zélande car c'est le meilleur endroit au monde pour voler, nous assure-t-il. N'ayant jamais fait aucune concession à sa passion dévorante, il a acquis une certaine notoriété dans le petit monde des pilotes.
Depuis que nous avons quitté Wellington, nous dormons uniquement sous nos petites tentes individuelles. Nous alternons les campements plus ou moins sauvages du DOC ( Department Of Conservation) avec, lorsqu'il n'y a pas moyen de faire autrement, un Holyday Park, comme celui de Queenstown, crowdy of people, en photo ci-dessus. Les autorités néo-zélandaises sont en effet très strictes en ce qui concerne le camping sauvage. Sur les sites touristiques, les amendes de 200 dollars pleuvent sur quiconque s'aventure à contourner la réglementation en vigueur. Mais nous ne nous attardons pas à Queenstown, la station de montagne branchée et surfaite de l’Île du Sud, que nous trouvons plutôt assez décevante, préférant le petit village tranquille de Glenorchy, à l'autre côté du lac Wakatipu.
De là, nous partons faire une randonnée de 60 kilomètres en 5 jours : le Rees Dart Track. Il y a plein de sunflies, petits taons locaux assoiffés de sang, mais les paysages sont à couper le souffle. Alors cela vaut bien tout le confort du monde. Ensuite, Julien nous rejoint pour voyager quelques semaines avec nous. Nous retrouvons aussi Rachel et Gilles, que j'avais rencontré avec Capucine dans le Parc du Tongariro. Gilles est Guide de Montagne aux Canaries. Avec lui, nous faisons l'ascension du Mont Earnslaw (2860 m), dont une belle petite traversée de glacier en crampons et piolet. NB : Les photos de ces sorties en montagnes sont dans le prochain article, avec celles de Ball Pass sur les flancs du Mont Cook.
Après quoi, nous continuons notre route à quatre, Julien, en vrai comédien qu'il est, ne manquant jamais une occasion de se mettre cul nu, quelque soient les circonstances ! Nous ne faisons que passer à Milford Sound, devenu aujourd'hui un vrai parc d'attraction à touristes. A l’extrême sud de l’Île du Sud, nous arrivons enfin à Bluff, l'une des plus anciennes implantations occidentales de Nouvelle Zélande à l’époque où l'on venait ici chasser la baleine. Nous y rencontrons Stoney, un Kiwi excentrique, qui construit un catamaran maori d'une vingtaine de mètres de long. Voila 19 ans qu'il est à la tache, y passant tout son temps libre, tout seul dans son entrepôt ! C'est beau de voir ces gens qui arrivent à vivre leurs rêves...
Sculpture en bois flotté sur la plage de Hokitika
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