Oi ! Tudo bem ?
Tout d'abord merci à tous pour vos mails. Cela me fait bien plaisir d'avoir des nouvelles des uns et des autres.
Ça y est, je suis enfin arrivé avant-hier, sain et sauf, à Recife au Brésil, après une traversée qui a commencé il y a 40 jours !
Traverser l'Atlantique à la voile sur un 10,5 m est une expérience de vie unique. C'est autant une rencontre avec la mer et sa faune, qu'avec soi-même. C'est également une expérience humaine très forte, avec des moments de bonheur et aussi des périodes de grande tension qu'il faut gérer.
Outre les symboles : la traversée de l'océan à la voile, le franchissement de l'équateur, le passage tangible du monde septentrional au monde austral ; la haute mer est magique. Des cieux aux flots, ce n'est que beauté renouvelée en permanence. Toutes les nuances y sont. La mer est loin d'être bleue comme on nous le raconte à terre. Il faut le voir. Les océans restent les seuls endroits de la terre où l'homme n'a pu inscrire son empreinte. Et sans lui, la vie grouille. Je n'imaginais pas ce fourmillement de vie que l'on peut trouver au beau milieu de l'océan. Outre les poissons volants qui viennent s'offrir en sacrifice sur le pont, ou les dauphins qui viennent régulièrement jouer autour du bateau, chaque jour nous a offert une rencontre avec un animal improbable. Nous avons traversé une tribu de baleines grises dont certaines se sont laissées approcher à quelques mètres. Nous avons été suivi par de nombreux oiseaux marins et avons servi de perchoir à d'autres, en migration, dont la fatigue nous permettait de les prendre dans la main. Nous avons même servi d'abri pendant 24 heures à de grosses libellules rouges alors que nous nous trouvions à 500 km des côtes! Arrivés à l'archipel de Fernando de Noronha, classé parc naturel, nous avons été accueillis par des centaines de dauphins et, alors que nous étions en plongée pour nettoyer la coque immergée du bateau, certains sont venus nager auprès de nous. C'est une sensation difficile à exprimer que de les voir et les entendre communiquer avec une telle intelligence. C'est subjugant ! Nous avons aussi vu des tortues de mer et toutes sortes de poissons multicolores. Au bout de quelques jours de traversée, le corps ne peut que s'abandonner au bercement permanent de l'océan, à finir par oublier qu'il a été terrestre. Tout ceci, c'est la magie du grand large.
Cependant, une traversée de l'Atlantique, c'est aussi vivre 24h/24 dans la promiscuité, avec les mêmes personnes, avec qui on partage tout, dans un espace très réduit, en l'occurence une pièce de 10 m2, et sans retraite possible. Et notre traversée qui devait initialement durer 25 jours en a compté 40 : problème mécanique au départ qui nous a fait revenir à terre, pause de huit jours au lieu de deux au Cap Vert du fait de la Toussaint, vent nul au passage de l'équateur ou de face le plus souvent ! 40 jours, c'est long quand on est avec un couple de Hongrois qui parle moins bien l'anglais que soi. Et quand on connait mon niveau, c'est peu dire ! Cependant les trois premières semaines se sont passées dans une parfaite harmonie. Mais, peu à peu le climat s'est refroidi, jusqu'à devenir hyper tendu avant d'arriver à Fernando, au point que j'ai vraiment pensé les quitter là. Le repos aidant, on est finalement arrivé à s'expliquer : après m'avoir insulté sur tous les tons, Gabor a ouvert une excellente bouteille, m'a offert un pendentif de sa création, Victoria une superbe casquette d'une grande marque de marine et nous avons décidé de reprendre la mer ensemble pour finir la traversée qui s'est, à nouveau, passée de façon idéale entre nous. Bref, humainement, c'est fort! Il faut dire que le bateau, c'est crevant, presque plus fatigant que le vélo, car cela ne s'arrête jamais. Il n'est pas une minute où le corps n'est pas sollicité, où il ne doive se contracter pour ne pas se faire projeter contre quelques hostiles parois. On dort peu. On mange du pain et des pâtes. Même si une pêche fortuite de poissons vient parfois améliorer le quotidien, c'est dur. Cela dit, c'est peut-être le prix de la liberté et si c'était à refaire, je signe tout de suite !
Arrivés à Recife, Victoria, Gabor et moi avions du mal à nous quitter et je suis finalement resté une journée de plus à bord, une fois le bateau ancré. Nous avons passé la journée d'hier à découvrir ensemble la ville tentaculaire de Recife, sorte de remake de Blade Runner en version ébullition tropicale, avant de nous dire au revoir. Eux s'enfuient demain déjà, avec leur frêle esquif, vers les 40ème rugissants, direction Cap Town.
Tout d'abord merci à tous pour vos mails. Cela me fait bien plaisir d'avoir des nouvelles des uns et des autres.
Ça y est, je suis enfin arrivé avant-hier, sain et sauf, à Recife au Brésil, après une traversée qui a commencé il y a 40 jours !
Traverser l'Atlantique à la voile sur un 10,5 m est une expérience de vie unique. C'est autant une rencontre avec la mer et sa faune, qu'avec soi-même. C'est également une expérience humaine très forte, avec des moments de bonheur et aussi des périodes de grande tension qu'il faut gérer.
Outre les symboles : la traversée de l'océan à la voile, le franchissement de l'équateur, le passage tangible du monde septentrional au monde austral ; la haute mer est magique. Des cieux aux flots, ce n'est que beauté renouvelée en permanence. Toutes les nuances y sont. La mer est loin d'être bleue comme on nous le raconte à terre. Il faut le voir. Les océans restent les seuls endroits de la terre où l'homme n'a pu inscrire son empreinte. Et sans lui, la vie grouille. Je n'imaginais pas ce fourmillement de vie que l'on peut trouver au beau milieu de l'océan. Outre les poissons volants qui viennent s'offrir en sacrifice sur le pont, ou les dauphins qui viennent régulièrement jouer autour du bateau, chaque jour nous a offert une rencontre avec un animal improbable. Nous avons traversé une tribu de baleines grises dont certaines se sont laissées approcher à quelques mètres. Nous avons été suivi par de nombreux oiseaux marins et avons servi de perchoir à d'autres, en migration, dont la fatigue nous permettait de les prendre dans la main. Nous avons même servi d'abri pendant 24 heures à de grosses libellules rouges alors que nous nous trouvions à 500 km des côtes! Arrivés à l'archipel de Fernando de Noronha, classé parc naturel, nous avons été accueillis par des centaines de dauphins et, alors que nous étions en plongée pour nettoyer la coque immergée du bateau, certains sont venus nager auprès de nous. C'est une sensation difficile à exprimer que de les voir et les entendre communiquer avec une telle intelligence. C'est subjugant ! Nous avons aussi vu des tortues de mer et toutes sortes de poissons multicolores. Au bout de quelques jours de traversée, le corps ne peut que s'abandonner au bercement permanent de l'océan, à finir par oublier qu'il a été terrestre. Tout ceci, c'est la magie du grand large.
Cependant, une traversée de l'Atlantique, c'est aussi vivre 24h/24 dans la promiscuité, avec les mêmes personnes, avec qui on partage tout, dans un espace très réduit, en l'occurence une pièce de 10 m2, et sans retraite possible. Et notre traversée qui devait initialement durer 25 jours en a compté 40 : problème mécanique au départ qui nous a fait revenir à terre, pause de huit jours au lieu de deux au Cap Vert du fait de la Toussaint, vent nul au passage de l'équateur ou de face le plus souvent ! 40 jours, c'est long quand on est avec un couple de Hongrois qui parle moins bien l'anglais que soi. Et quand on connait mon niveau, c'est peu dire ! Cependant les trois premières semaines se sont passées dans une parfaite harmonie. Mais, peu à peu le climat s'est refroidi, jusqu'à devenir hyper tendu avant d'arriver à Fernando, au point que j'ai vraiment pensé les quitter là. Le repos aidant, on est finalement arrivé à s'expliquer : après m'avoir insulté sur tous les tons, Gabor a ouvert une excellente bouteille, m'a offert un pendentif de sa création, Victoria une superbe casquette d'une grande marque de marine et nous avons décidé de reprendre la mer ensemble pour finir la traversée qui s'est, à nouveau, passée de façon idéale entre nous. Bref, humainement, c'est fort! Il faut dire que le bateau, c'est crevant, presque plus fatigant que le vélo, car cela ne s'arrête jamais. Il n'est pas une minute où le corps n'est pas sollicité, où il ne doive se contracter pour ne pas se faire projeter contre quelques hostiles parois. On dort peu. On mange du pain et des pâtes. Même si une pêche fortuite de poissons vient parfois améliorer le quotidien, c'est dur. Cela dit, c'est peut-être le prix de la liberté et si c'était à refaire, je signe tout de suite !
Arrivés à Recife, Victoria, Gabor et moi avions du mal à nous quitter et je suis finalement resté une journée de plus à bord, une fois le bateau ancré. Nous avons passé la journée d'hier à découvrir ensemble la ville tentaculaire de Recife, sorte de remake de Blade Runner en version ébullition tropicale, avant de nous dire au revoir. Eux s'enfuient demain déjà, avec leur frêle esquif, vers les 40ème rugissants, direction Cap Town.
Pour ma part, j'ai repris mon vélo aujourd'hui, dans l'effrayante circulation brésilienne, pour me rendre dans la petite ville d'Olinda, plus calme. Classée par l'Unesco, la ville est une de plus anciennes du Brésil. De là, je reprendrai la route du sud, suivant ainsi la chronologie de l'histoire de ce pays jusqu'à arriver à la contemporaine São Paulo pour y passer Noël. Le Brésil semble magnifique et les Brésiliens les êtres les plus charmants du monde. Partout, la musique. L'ambiance est à la fête... Je vous en dirait plus bientôt.
Copy/Paste by Scalap
Tudo bom ?
RépondreSupprimerExcellentes nouvelles ! On est en "manque" par ici. Il a même neigé, hier !
Vai com Deus,
Père Triphon