Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mardi 6 décembre 2011

Puerto-Nariño, le plus beau pueblo d'Amazonie



Après le départ de mes amis espagnols, je vais m'acheter un billet d'avion pour Bogota. A part faire un très grand détour par Manaus et le Vénézuela, c'est le seul moyen de transport possible ici car, en Colombie, aucune route ne traverse la forêt amazonienne. Je ne trouve pas de vol bon marché avant la semaine suivante. Mais qu'importe, le voyage m'a appris qu' " à toute chose, fin utile ". Je me dis qu'il y a sans doute une bonne raison à rester quelques jours de plus dans les parages. Et, une fois encore, la providence va me donner raison d'accepter la vie comme elle va...




Je décide de prendre un rapido pour remonter l'Amazone jusqu'à Puerto-Nariño. C'est la seconde " ville " de l'Amazonie colombienne. C'est en fait un bourg de 4000 habitants, dont la moitié doit avoir moins de 18 ans ! Le village est composé à 80 % d'une population indigène, majoritairement issue de l'Ethnie Tikuna, mais aussi des Ethnies Kokama et Yagua. 3300 Indiens vivent également dans les comunidades limitrophes. Autrefois rivales, les trois ethnies vivent aujourd'hui en parfaite harmonie, entre elles, ainsi qu'avec les nouveaux arrivants. Tous les habitants sont unis pour défendre la qualité de vie particulière qui règne à Puerto-Nariño. La municipalité a interdit les véhicules motorisés et a instauré le tri des déchets, ce qui fait du village un havre de tranquilité très propre. Tout se fait à pied par de petits sentiers en dur qui sillonnent une végétation exhubérante et des jardins fleuris, parsemés de petites maisons en bois, peintes de toutes les couleurs. En effet, depuis quatre ans, le maire a la bonne idée d'organiser un concours du plus beau jardin, avec à la clef un prix de 250 euros, une grosse somme ici. Alors tous les habitants se sont mis à l'ouvrage et le pueblo s'est tranformé en un véritable petit paradis tropical, comme on en rêve. Pourtant Puerto-Nariño est encore méconnu et très peu fréquenté par les touristes occidentaux. Mais cela a toutes les chances de changer dans les années à venir, car ce pueblo est certainement l'un des plus beau d'Amazonie.






A mon arrivée, je trouve à me loger chez Don Raul. C'est le bibliothècaire de l'école. Il est aussi artesano et propose cinq chambres à louer dans sa maison, où séjournent occasionellement quelques vacanciers de Bogota. C'est l'endroit idéal pour me poser quelques jours dans mon hammac et reprendre enfin le temps d'écrire. Don Raul est adorable. Il me raconte l'histoire de Puerto-Nariño, me fait visiter le bourg et me présente aux habitants, son cousin directeur de l'école, sa tante restauratrice au marché : " Ici, c'est tranquille. Il n'y a pas de délinquance. Tout le monde se connait. C'est un peu une grande famille. Il y quelques dizaines d'années, le village était sous le contrôle de narco-traficants mexicains mais maintenant tout cela est terminé. "






Aucunement perturbés par les bruits de moteurs, de nombreux oiseaux sauvages se promenent librement dans le village. Les perroquets jouent parfois aux réparateurs d'antennes satellite et chippent quelques bananes dans les jardins... " Pero, no pasa nada ". Rien ne peut nuire à la tranquilité parfaite des lieux. Pas même l'électricité, elle ne marche que quelques heures le soir. La place centrale s'anime alors un peu de lumières et de musiques, avec ceux qui jouent au foot et ceux qui regardent en buvant une bière. Je me sens bien dans ce paisible pueblo, où il n'y a pas grand chose à faire, que de partager un morceau de la vie de mes hôtes. Le Parc National Anacayacu est à deux pas, mais j'ai mon compte en ce qui concerne la selva. J'en ai bien profité au Pérou. J'y ai vu tous les animaux que je pouvais espérer, à part l'invisible jaguar, dont je n'ai vu que les empreintes. Mais ce n'est pas forcément une rencontre que je regrette, depuis que j'ai vu le terrible animal empaillé dans le musée ethnique de Leticia !






Un soir, Don Raul m'enmène dans sa maison d'enfance et me présente à sa mère, Abuela Edith. Elle est en train de confectionner des parrures en plumes pour la fête de la Pelason, qui va avoir lieu la semaine suivante. Cette cérémonie marque l'entrée des jeunes filles dans leurs vies de femmes. Abuela Edith  me raconte l'histoire de sa famille et l'incroyable métissage dont elle est le fruit : la vie difficile de ses ayeux d'origines européennes, venus dans la région pour exploiter le cahoutchouc et qui se sont finalement installés là, en se mariant avec des indiennes. Aujourd'hui que ses enfants sont grands, Abuela Edith est soucieuse de perpétuer les savoirs de ses ancêtres Tikuna. Elle fait partie de la Maloca Moruapu. C'est une casa de las abuelas ( maison des grands-mères ), où se réunissent les anciens de son clan pour faire vivre leurs traditions.






Le lendemain, Don Raul m'enmène à la casa de las abuelas. Dans une maloca traditionnelle, il y a deux femmes qui confectionnent des objets artisanaux, un vieux qui dort sur une souche d'arbre mort et un enfant trisomique qui fait de la guitard dans un hammac. Comme j'ai, au bras, une petite plaie qui s'est infectée, Don Raul me propose : " Abuela Pastora est curendera (soigneuse), si tu veux, elle peut te peindre..." Je m'attends à ce que la vieille me dessine quelques signes rituels autour de ma plaie, alors j'accepte. En fait, on me fait me déshabiller et les deux grand-mères se mettent à chanter au rythme d'un baton, chargé de sorte de grelots, qu'elles frappent sur le sol. Puis on m'enduit tout le corps du jus transparent et collant d'une plante. Quand c'est fini, elles me disent : " Maintenant, tu vas devenir tout noir, comme nous ! " Et elles rigolent : " Cela chasse les mauvais esprits et renforce le corps. Cela va te soigner. " En effet, ma peau se colore peu à peu, mais devient plutot bleue...






Et le jour suivant, je me réveille totalement bleu foncé, de la tête aux pieds ! J'ai un peu l'impression de m'être transformé en un personnage du film Avatar.  Maintenant, impossible de passer inappercu dans le village : les vieux me font des signes amicaux, mais j'entends aussi certains adolescents branchés dire : " Que c'est laid ces peintures ! ". Bon, il parraît que cela part tout seul... au bout d'une semaine !






Quelques jours aprés, encore bien bleu, je retourne à Leticia pour prendre mon avion à destination de Bogota. La carlingue s'élève doucement dans l'air humide et lourd de la selva. Dans l'envoûtante mer verte, à perte de vue, l'Amazone luit comme un serpent au soleil, avant de disparaître dans le sable des nuages tropicaux. Je réalise alors que je vais bientôt franchir la ligne équatoriale. Je vais retrouver l'hémisphère nord, après plus d'un an, passé la tête en bas !



6 commentaires:

  1. em Portugal também te sigo, continua pois é um testemunho incrível. Imagens espetaculares e depoimentos emocionantes! Coragem, talvez te abrace no regresso cá, paris ou servia!!!!

    RépondreSupprimer
  2. Te reste à trouver la Schtroumpfette ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Salut Jacques,

    petit bonjour et grands voeux de bonne année 2012, depuis Paris et Chaffin !

    Au plaisir de te revoir.

    Jacques

    RépondreSupprimer
  4. Oh Jacques, c'est trop génial ton voyage !! C'est un rêve pour tellement de gens que tu arrives à réaliser.
    J'ai une nouvelle amie d'origine Colombienne bien connectée pour info, qui a ptet des contacts à donner... dis-moi si ça t'intéresse ;o)
    Tu me manques beaucoup, j'ai hâte de te revoir et d'entendre le son de ta voix !
    Gros bisous, plein d'amour et de bonnes choses pour 2012 !

    RépondreSupprimer
  5. Je reviens par ici après plusieurs mois sans te lire ! C'est marrant juste avant mon ptit mot il y a un comm de Sylvana !!!

    Je suis heureuse de voir tes photos, heureuse de te lire, heureuse de te voir heureux...
    Heureuse dans ma vie aussi et tout ça c'est bien... Je plutôt nous (Frank et moi) pensons à toi souvent, je t'embrasse mon ami !

    Et le bleu te va bien ;)
    a bientôt
    Christine

    RépondreSupprimer
  6. Dans 10 jours, nous serons à Puerto Narino pour 2 semaines. Nous avons lu tes commentaires à propos de ce pueblo. Merci pour ton humour et ton enthousiasme communicatif. C'est vraiment du plaisir anticipé,

    Miyuki et Jacky.

    RépondreSupprimer