¡ FELIZ AÑO NUEVO !
( Photo Tomas Van de Wiel )
Mardi 27 décembre, je reprends la route en direction de Santa Marta sur la Costa Caribe. Je traverse très rapidement la Cordillera Oriental, car j'ai rendez-vous avec Lena et Tomas, pour passer le Nouvel An au bord de la mer, avant de refaire un petit bout de route avec eux.
Dans le Boyacá, situé entre 2100 et 2700 mètres d'altitude, je m'arrête deux jours à Villa de Leiva. C'est un joli petit village colonial très bien conservé, mais tristement muséifié par une affluence touristique record. Je fais aussi une brève escale dans le Santander. Cette région est fameuse pour les sports de montagne qu'on y pratique : randonnée, canyoning, escalade et surtout le parapente ! Malheureusement je n'ai pas le temps de m'y attarder. Mais c'est encore un lieu où je me promets de revenir. Une fois passé le spectaculaire Canyon de Chicamocha, en photo ci-dessus, j'arrive à Bucaramanga. Ensuite la route redescend progressivement dans la vallée du rio Magdalena. A chaque arrêt du bus, la chaleur tropicale se fait de plus en plus significative et je ne tarde pas à me mettre en short et en sandales.
Enfin, après 950 kilomètres en bus, je retrouve avec joie mes amis Flamants, dans une auberge de Santa Marta. Mais c'est pas vraiment " the place to be " pour passer le réveillon. L'ambiance est plutôt calme. Nous passons une soirée tranquille en compagnie d'Eric, un vacancier français. La ville est agréable mais la plage, voisine du port, n'est franchement pas belle. Cela dit, c'est un vrai bonheur pour moi de finir l'année face à la mer, après tant de mois passés loin d'elle.
Le 1er janvier nous partons à Taganga. C'est la jolie plage du coin et aussi un spot connu pour la plongée sous-marine. Malgré la dépense, nous ne pouvons pas résister à la tentation : commencer l'année sous l'eau, que peut-on rêver de mieux ! Sauf que cela me provoque une sinusite, à moins que cela ne soit dû à la fatigue enmagasinée par l'excès de sorties à Bogota... Il faut le faire : c'est mon premier rhume en 18 mois de voyage et il faut que je l'attrape sous les tropiques, avec une température extérieure de 35 degrés ! Pas de doute, le repos s'impose.
Lena, Tomas et moi suivons ensuite la côte vers le Nord-Est, en direction de la péninsule de La Guajira. C'est une région désertique et encore relativement peu visitée. Nous allons jusqu'au Cabo de la Vela, situé à l'extrémité Nord de l'Amérique du Sud. Entassés dans un pick-up, le trajet est spartiate. A l'arrivée, Lena et Tomas louent une cabaña et je pose ma tente sous leur haut-vent. Nous sommes à la sortie du hameau et l'endroit est vraiment tranquille, au milieu de nulle part, entre le désert et la mer, sauvage et beau. Mais désertique ne veut pas dire sans vie. Un soir de pleine lune, alors que je regagne nonchalament ma tente pieds nus, je manque de marcher sur un serpent de plus d'un mètre de long et apparemment très vénéneux !
La Guajira est habitée par les Indiens Wayuu, particulièrement conviviaux et accueillants. La beauté brute de la région nous séduit et nous restons finalement cinq jours au Cabo, partageant la vie de la petite communauté locale. Nous abandonnons l'idée d'aller jusqu'à la Punta Gallinas. Situé à une cinquantaine de kilomètres plus loin, c'est le véritable cap le plus septemtrional du sous-continent, mais le prix du trajet en 4x4 est vraiment prohibitif.
Autour du village, nous faisons de belles marches pour aller nous baigner dans les différentes plages du coin, toutes différentes les unes des autres. Et, chaque soir, nous voyons de magnifiques couchers de soleil sur la pointe du Cabo de la Vela, où Alonso de Ojeda, compagnon de Christophe Colomb, a débarqué pour la première fois en 1499. Un soir, alors que je me sens déjà nostalgique à l'idée de quitter bientôt ce continent, je réalise soudain, comme une consolation, que je serais allé à ses quatre points cardinaux.
Devant tant de beauté,mon petit appareil photo compact succombe. Il se laisse mourir de vieillesse ici, dans le sable, face à la mer ! C'est pourquoi les photos suivantes de cet article ne sont pas de moi mais ce sont des contributions d'autres voyageurs, que je remercie au passage. Sur le chemin du retour vers Santa Marta, Lena, Tomas et moi, nous arrêtons à la plage de la Boca de Camarones. Ici, il n'y a vraiment aucun touriste. Nous nous installons en camping sauvage sur la plage. Un pêcheur du coin nous emmène, sur un voilier de fortune, constitué d'une pirogue et d'une grande bache plastique, faire un petit tour dans les marais voisins. Il est censé y avoir une immense colonie de flamants roses... Mais, après deux heures de balade, nous n'en apercevons qu'une vingtaine. Sur la plage, durant toute la journée, nous sommes entourés par une ribambelle d'enfants. J'essaie de les occuper en leur apprenant La balle au prisonnier. Cela fait un tabac. Alors, en partant, je ne peux que leur laisser la petite balle que j'ai dans mon sac depuis le début de mon voyage, faisant ainsi la mouche à tous ceux qui se sont moqué de moi en me voyant transporter, des mois durant, un objet aussi futile !
(photo Tomas van de Wiel)
(photo Tomas van de Wiel)
Nous allons ensuite à Palomino. Cette plage, un brin hippie, marque la frontière de La Guajira. Elle est située au pied de la Sierra Nevada de Santa Marta, qui culmine à 5775 mètres. C'est étonnant de se baigner dans la mer chaude des caraïbes, en faisant face aux plus hautes cimes enneigées du pays. La plage, en permanence balayée par de puissantes vagues en rouleaux, est à peine apaisée par la tranquilité brumeuse des eaux calmes du rio, qui se jette ici dans la mer. Mélange des genres, harmonie d'éléments contraires, l'endroit a une tonalité mystique, qui invite à la contemplation. Malheureusement pour Lena et Tomas, ils doivent reprendre rapidement la route. Ils envisagent maintenant la fin de leur voyage d'un an et demi en Amérique du Sud. Il leur reste plus que deux mois pour traverser l'Amazonie et atteindre le Nord-Est du Brésil, avant leur retour en Belgique. Nous aurons voyagé à trois reprises ensemble, soit plus de trois mois. Une belle amitié s'est crée. Mais cette fois, je ne les reverrai pas de si tôt, alors c'est plein de nostalgie que je vois disparaitre leur bus dans un nuage de poussière.
(photo Tomas van de Wiel)
(photo Tomas van de Wiel)
Après le départ de mes amis, je reste une semaine de plus à Palomino. Installé dans mon hammac, je prends enfin le temps de lire : " Le pouvoir du moment présent ", " Les portes de la perception ", deux livres mystiques, en parfaite adéquation avec l'endroit où je suis. Ma lecture est parfois ponctuée par la facétie d'un animal qui passe car, dans le camping de la Casa de Rosa, chiens, chats, poules, écureils, iguanes ou singes se cotoyent. Sur la plage, je trouve aussi de très beaux morceaux de bois, polis par la mer, qui m'inspirent quelques sculptures éphémères ( photos dans le post précédent ). Mais ma solitude est de courte durée. Je rencontre vite d'autres voyageurs, des artesaños et des mochileros de différents pays, qui mettent un point d'honneur à ne parler ensemble qu'en Espagnol. Ça fait bien plaisir ! Il y a Philippe un Danois, Julian, Simon et Sonia des Autrichiens, Seju une Coréenne, Franziska une Suisse, Sol une Argentine, un Savas Turco-Suédois et biensûr des vacanciers Colombiens... Une vraie Tour de Babel. Un jour nous partons tous ensemble faire l'activité locale : la descente du rio en pneu de camion usagé ; c'est joli mais glacial !
(photo Franziska)
Puis, je pars passer trois jours à Tayrona avec Franziska. Nous rentrons dans le Parque par une partie relativement sauvage, où il n'y aucun ranger, ce qui nous évite de payer les abusifs 15 euros de droits d'entrée ! Il n'y a pas grand monde dans ce secteur car il faut marcher trois heures, sac au dos, pour atteindre la première plage. En allant vers les lieux plus fréquentés, nous passons par le Pueblito. Ce village millénaire en ruine est un endroit sacré pour les Indiens Kogis. C'est vrai qu'on ressent une énergie spéciale en ce lieu, où la nature, une selva montagneuse, semée de gros rochers arrondis, est particulièrement expressive. Trop d'énergie sans doute, ou de rochers, car j'arrive à me fouler le petit doigt de pied, en me le retournant sur une pierre ! Décidément, en ce moment, j'accumule les petits maux physiques. Les plages suivantes de Cabo San Juan et d'Arrecifes sont particulièrement belles mais malheureusement blindées de touristes, principalement Argentins, en pleine vacances d'été. Même si je constate une fois de plus, avec plaisir, que les Argentines sont vraiment les plus jolies filles de ce continent, j'aspire à plus de tranquilité et je retourne, en boitant, sur ma plage préférée dans le coin : Palomino !
(photo Sarah)
(photo Franziska)
(photo Sarah)
J'y reste une nouvelle semaine pour me rétablir, rencontrant une nouvelle fournée de voyageurs. Cette fois, ils sont Français pour la plupart : Camille, Mathilde qui voyagent en faisant de la musique et du jonglage, Océane, de l'artisanat... Un soir, une voyageuse Bolivienne débarque avec un Colombien très étrange. Il est apparement traficant de drogue. Il nous explique avoir échappé de justesse à une arrestation et qu'il veut faire : " un rituel " !?... Pour remercier je ne sais quel dieu, il se met à faire un grand feu sur la plage et sort de son 4x4 tout neuf, une boite à cigares remplie de cocaïne ainsi qu'un grand sac plastique plein de majiruana, qu'il se met à jeter au feu, en chantant, devant nos regards médusés. En voyant de si belles têtes de canabis partir en fumée, certains disent à voix basse : " Mais il est fou ce type ! Quel gâchis ! " Décidément la Colombie réserve bien des surprises ! Mais le temps passe trop vite et nous sommes déjà fin janvier. Alors je me décide à retourner à Santa Marta. Voilà presque un mois que je dors sous ma tente et que je me lave dans la mer ou la rivière. Je n'aspire plus qu'à une chose : un vrai lit et une bonne douche !
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