Je reprends ma route en solitaire avec mon nouvel équipement me permettant d'affronter le froid
La frontière irano-arménienne est marquée par la rivière Araxe, supposée être le Guihôn de la Bible. Une fois sur la rive nord, l'escalade commence. La traversée du massif de Zanguezour, qui aboutit à l’extrémité occidentale du Plateau du Karabagh, est l'une des parties les plus difficiles de mon voyage, surtout en cette saison d'automne avancé. Les frontières n'ont aucune logique géographique et la seule route, menant de l'Iran à la capitale arménienne, se faufile entre deux enclaves azerbaïdjanaises, en affrontant les montagnes à la perpendiculaire. Le résultat est une enfilade de cols, l'un culminant à 2535 mètres, intercalés de profondes gorges redescendant aux alentours des 600 mètres d'altitude. Bref, ça ne fait que monter ou descendre, avec des pourcentages de pente dépassant souvent les 10/100.
Ma première montagne en Arménie : le col de Meghri
Mais le plus difficile est le froid de cette fin du mois d'octobre. Je me paie d'abord de rouler dans le nuage, puis sous la pluie, la grêle et enfin la neige ! Après quelques nuitées frigorifiques sous ma tente, je commence à envisager de dormir dans des auberges, quand j'arrive à en trouver en chemin. Cela dit, les routes sont quasiment désertes, ce qui fait du bien après l'Iran, et les paysages sont grandioses. Je visite aussi quelques monastères de ce pays, le premier au monde a avoir été christianisé, comme celui de Noravank perdu de façon émouvante au fond d'une petite vallée encaissée.
Monastere de Noravank...
et la gorge qui y mène.
Enfin redescendant dans la vallée de l'Araxe, je débouche devant un panorama incroyable : face à moi les neiges éternelles du Mont Ararat (où s'est échoué l'Arche de Noé), dominant la plaine de Erevan, absolument grandiose. Le 4 novembre, j'arrive enfin dans l’agréable capitale arménienne, où je me repose deux jours, avant de reprendre la route en direction de la Géorgie. Malheureusement, je n'ai pas trop le temps de chômer, si je ne veux pas être pris dans les glaces du Petit Caucase, que je dois encore traverser, avant pouvoir atteindre la Mer Noire à Batumi.
Mont Ararat
Col Ararat.
Je repars d'Erevan par un bel anticyclone qui dure jusqu’à ce que j'atteigne la Mer Noire. Heureusement, car malgré un beau soleil et une dizaine de degrés durant la journée, les nuits dans le Petit Caucase sont glaciales en cette saison, voisinant les -15 degrés. La plupart du temps, j'arrive à trouver des hébergements sur la route, sommaires et assez chers pour leurs qualités, mais je dors aussi parfois sous ma tente et ce n'est pas vraiment le fun de se lever les pieds dans la neige. Cela dit, pour rouler, les conditions sont idéales et je rejoins sans trop de peine la Géorgie.
Hauts plateaux de la Meskhétie
De l'autre coté de la frontière, le paysage des Gorges de la Koura, avec ses monastères déjà couverts d'un fin manteau blanc, est encore plus beau. Depuis Akhalkalaki, je prends quelques jolies pistes traversant le haut plateau de la Djavakhétie pour rejoindre la Cité Troglodyte de Vardzia par le versant sud-est qui la domine. Mais je ne veux pas trop m'attarder en chemin de peur que le temps ne se gâte et je décide de foncer tout droit sur Batumi, en franchissant un dernier col, le Goderdzi, qui me sépare encore de la Mer Noire.
Racourcis à la Jaco...
Mauvais choix ! Il est fermé depuis deux semaines et pour tout l'hiver, déjà enseveli sous plus d'un mètre de neige. Je dois faire demi-tour, puis un détour de 300 kilomètres, pour contourner la chaîne de Meskhétie par le nord. Cela me prend quatre jours supplémentaires mais me permet de passer par les jolies Gorges de Borjomi, puis par la vallée de l'Imérétie. C'est la paradisiaque Colchide, d'où Jason et ses Argonautes ont rapporté la fameuse Toison d'Or. Je suis ici en plein syncrétisme héllénico-biblique ! La route est belle mais la circulation devient infernale des qu'on rejoint l'axe Tiblissi-Batumi. La route est toujours aussi petite et les Georgiens roulent comme des fous. Plusieurs fois, je me fais raser de pres par des bus et des poids lourds. Enfin, le 15 novembre, j'arrive sur les bords de la Mer Noire, où je retrouve la douceur moite du climat d'Adjarie, ainsi que les joies du camping sauvage.
Du haut des gorges de la cité troglodyte de Vardzia.
Sur le sentier gelé il faut mieux éviter la glissade fatale...
Au moment de partir de Batumi, je rencontre quelques voyageurs sympas : un cycliste français, un motocycliste hongrois et un auto-stoppeur tchèque. Je décide donc de rester une journée de plus mais je reprends la route demain pour aller dormir en Turquie.
Et enfın Kara Deniz : la Mer Noire
TO GO IN NOVEMBER TO HAVE WARM WEATHER
THAT'S THE QUESTION OF THE CYCLIST !!!
On attends les photos avec impatience !
RépondreSupprimerSublimes photos, merci de nous emmener si loin ! bisous bisous Christine
RépondreSupprimerMagnifique - Quand on connait un peu le coin c'est un véritable exploit.
RépondreSupprimerC'est quand la suite ??