Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mardi 29 novembre 2011

Fleuve Amazone



Après trois semaines passées dans la selva, Iquitos me semble bien agitée et bien bruyante. J'y passe cependant quelques jours pour me remettre de mes courbatures. Cette grande ville a connu une brève prospérité entre 1880 et 1910, avec la culture intensive du caoutchouc. Elle garde de cette époque un certain nombre de bâtiments à l'architecture coloniale et même une " Casa de Fierro " construite par Gustave Eiffel ! Mais aujourd'hui l'exploitation du pétrole et le tourisme ne suffisent pas à assurer une richesse partagée par l'ensemble de sa population. Il y a une pauvreté importante dans les faubourgs. Comme dans beaucoup d'endroits du Pérou, des enfants travaillent pour gagner leur vie. Je rencontre Juan, onze ans, qui vend des tee-shirts pour financer sa scolarité. Il est très débrouillard et parle déjà l'Anglais, mieux que la plupart de ses ainés. A l'auberge où je loge, je fais aussi la connaissance de Gerson, un biologiste colombien qui fait sa thèse de doctorat sur les colibris. C'est un vrai aventurier. Il vient de passer quatre mois tout seul dans la selva, faisant son chemain à la machette, s'orientant au GPS et grimpant au sommet des arbres pour dénicher ses sujets d'étude !







Vendredi 25 novembre, je prends un bateau à destination de Leticia, ville colombienne à la triple frontière avec le Pérou et le Brésil. Après avoir navigué sur quatre de ses affluents, je découvre enfin le Fleuve Amazone. Bien que je sois à plus de 3000 kilomètres de son estuaire et que la saison des pluies n'ait pas encore vraiment commencé, sa largeur est déjà impressionante. Quand on vogue dans le sens du courant, ses eaux semblent paisibles mais, dès que l'embarcation fait un demi tour, on apréhende soudain la vitesse et l'énergie immense que génère le géant. Depuis le centre du fleuve, on réalise mieux la platitude du pays. L'horizon se perd à l'infini, découvrant à 360 degrés la voûte céleste. Ce qu'il y a de plus beau sur l'Amazone, c'est la lumière, en perpétuel changement. Au fil des heures, les nuages, agencés en d'improbables perspectives, se déclinent dans toutes les couleurs d'eau, puis de sang.






Pour se rendre à Leticia, il y a deux formules possibles : les " barcos lentos " et les " barcos rapidos ". Les premiers sont de grandes barges à fonds plats sur lesquels une bonne centaine de passagers vient installer son hamac. Ils mettent deux jours à rejoindre la frontière. Les seconds sont des sortes de hors-bords contenant une vingtaine de passagers. Ils sont trois fois plus rapides, mais aussi trois fois plus chers et beaucoup moins poétiques que les précédents. J'opte pour la première solution. J'arrive avec quelques heures d'avance à bord, pour m'installer tranquillement sur le pont supérieur encore désert. Car une heure avant le départ, c'est une vraie bousculade. Chacun lutte pour trouver une dernière place possible entre deux hamacs, déjà espacés d'une quarantaine de centimètres. Une multitude de marchands ambulants se pressent aussi pour vendre des victuailles en tout genre. Un illuminé vient prêcher la bonne parole de son église évangélique avec un haut-parleur tonitruant. Alors qu'un autre zouave explique les risques de transmission du sida sur de grands tableaux évocateurs, espérant empocher quelques soles pour son brillant exposé. C'est une vraie foire d'empoigne et il faut être très vigilant à ses affaires car de nombreux sacs se volatilisent mystérieusement dans la cohue. Puis, à l'instant où le bateau quitte ses amarres, tout se calme rapidement. Les passagers ont rejoint leurs literies suspendues, qui se balancent, de façon synchronisée, au rythme tapageur des moteurs. Le voyage est ensuite ponctué par les arrêts du bateau dans les différents hameaux qui longent le fleuve. Face à moi, une petite famille passe deux heures à s'épouiller tranquillement, comme pour passer le temps.






Au moment d'arriver en Colombie, je fais la connaissance d'un couple de voyageurs espagnols, Johnny et Leticia, on ne peut mieux nommée en la circonstance. Nous allons ensemble dans l'auberge la moins chère de la ville. Tout me semble hors de prix après sept mois passés en Bolivie et au Pérou. Le lendemain nous prenons un peque-peque (barque motorisée) pour faire un petit tour dans les environs. Nous nous arrêtons d'abord dans une lagune où pousse le plus grand nénuphare du monde, le Victoria Regia, qui peut atteindre la taille de deux mètres de diamètre !






Nous allons ensuite dans un village situé sur les rives de l'Amazone. C'est le début des grandes vacances d'été et les enfants ne vont pas à l'école. Ils sont contents de voir des étrangers débarquer et nous devenons vite l'attraction du moment. Ils nous montrent tous leurs animaux de compagnie : singes, oiseaux, tortues, crocodiles de toutes tailles... Ces derniers, quand ils sont petits, c'est mignon, mais les grands, pas touche !







Même si c'est intéressant de pouvoir comtempler de près les animaux que j'ai vu de loin dans la selva, c'est toujours dérangeant de voir des bêtes sauvages en captivité. Et je ne sais pas dans quelle mesure les enfants détiennent ces animaux afin de les montrer aux touristes de passage, dans l'espoir d'en tirer quelques petits profits. Nous repartons un peu mal à l'aise.





Dans le hameau suivant, une petite communauté indigène d'une dizaine de maisons, le contact avec les habitants est plus spontané. Il n'y a pas d'animaux à exhiber. Les adultes continuent leurs taches sans se préoccuper plus que ça de notre présence et les enfants jouent avec nous.








Voilà que s'achève mon dernier jour au Pérou et je réalise soudain que c'est le pays où j'ai passé le plus de temps depuis le début de mon voyage. J'y suis resté plus de trois mois et demi, pourtant il me semble n'avoir encore rien vu tant ce pays possède des richesses naturelles et culturelles. Une fois encore en Amérique du Sud, je quitte un pays en lui disant " hasta luego " car, c'est sûr, je reviendrai bientôt !

lundi 21 novembre 2011

Traversée de la Réserve Pacaya-Samiria en pirogue




Je n'ai passé que cinq jours à Lagunas mais, ici, les gens sont si conviviaux que je m'y suis fait plein de nouveaux copains. Le 3 novembre, je pars dans la selva avec Aquilès, l'un des guides qui travaille avec Manuel. Nous allons traverser la Résèrve Nationale Pacaya-Samiria, de l'ouest au nord-est, en pirogue, sans moteur, mais à la rame ! Nous partons du petit rio Tibi, situé à une quinzaine de kilomètres de Lagunas, d'où nous allons rejoindre le rio Samiria, puis le rio Marañon, que nous allons suivre jusqu'à Nauta. C'est une expédition qui devrait durer 17 jours ! A vol d'oiseau, Lagunas est distante de 250 kilomètres de Nauta mais, en suivant les très nombreuses circonvolutions de la rivière, cela fait plus de 600 kilomètres à parcourir, soit environ 35 kilomètres et 7 heures par jour à la rame. Autant dire, cela va me faire les muscles !







Les trois premiers jours, nous croisons quelques rares touristes. La plupart font un tour compris entre 3 et 6 jours, ce qui ne permet pas de rentrer profondément dans le parc. Les deux semaines suivantes, les seules personnes que nous rencontrons sont des pêcheurs vivants dans les communautés voisines de la réserve, les guarda-parques et quelques biologistes, venus étudier une espèce particulière de la faune ou de la flore. L'accès à la réserve est très surveillé et n'est autorisé qu'aux visiteurs accompagnés d'un guide et s'étant acquité d'un droit d'entrée. De toutes façons, il est très difficile de s'aventurer tout seul dans la selva, quand on n'en connait pas les ressources et les dangers. Même en suivant le cours d'un rio, il est facile de se perdre dans les méandres de la rivière. Et, à pied, hors des très rares sentiers tracés, il faut faire son chemin à la machette. Aquilès est l'un des seuls guides à traverser la totalité de la réserve et, en dix ans d'expérience, ce n'est que la quatrième fois qu'il le fait. Il sait comment vivre dans la forêt tropicale et connait très bien la réserve depuis son enfance. Il y a même travaillé deux ans, en tant que guarda-parque, avant de devenir guide. Pourtant il n'est jamais allé aussi loin de chez lui vers le nord. Il n'est jamais allé à Iquitos, capitale de sa région, ni même à Nauta !





Au début, j'ai un peu de mal à suivre la cadence. Après trois heures, je suis épuisé et laisse souvent Aquilès ramer seul. Et puis, les jours passant, mon corps commence à s'habituer à l'effort. Au sein de notre duo, s'impose un petit rythme, calé sur la course du soleil. Nous sommes proches de l'équateur. Toute l'année, il fait jour à 6h00 précise et nuit à 18h00. Pour profiter de la très relative fraîcheur matinale et espérer voir un maximum d'animaux, nous nous levons à 5h00 et partons à 6h00, après un bon déjeuner de poissons et de riz. Aquilès est un excellent pêcheur. Il assure, sans difficultés, nos repas quotidiens. Les eaux troubles du rio bouillonnent de vie. Le plus souvent, il harponne ses proies, mais il pêche aussi à la canne des poissons de plus petite taille. Il tente de m'apprendre ses techniques mais, pour ma part, je ne ramasse que des piranhas, très faciles à attraper, mais pas très bon à manger ! Aquilès sale le surplus de poissons récolté afin d'assurer notre subsistance à la fin du séjour, car il pense que la pêche sera moins facile en aval de la rivière.







Nous faisons généralement un arrêt entre 12h00 et 14h00 et nous posons le campement du soir vers 16h00. Au bord de la rivière, Aquilès débroussaille rapidement une clairière à la machette et monte une grande bâche plastique en guise d'abri. Dessous, il installe sa moustiquaire et je monte ma tente. Parfois, nous dormons aussi dans les huttes  des gardes de la réserve. Ce sont généralement de simples haut-vents en bois, avec des toîts en palme. Après nous être installés pour la nuit, il faut se laver dans le rio, plein de piranhas, de crocodiles et de toutes autres sortes de bestioles. Je m'accroupis rapidement dans l'eau boueuse pour faire mes ablutions, en me sentant parfois mordillé par un poisson. Aquilès me rassure comme il peut : " Les piranhas, non, ce n'est pas dangereux, si tu ne saignes pas. Les crocodiles, ici au bord, ça ne risque rien ! " Bon, après il me raconte qu'untel s'est fait croquer une jambe, mais que c'était de sa faute car il avait marché sur la queue du caïman... Parfois, alors qu'une petite plage de sable me semble plus accueillante, Aquilès me met en garde : " Ici, fais attention, il faut sonder le sable avec un baton avant de marcher, car il peut avoir des raies électriques... " J'apprends, peu à peu, les véritables dangers de la selva. La seule chose que redoute vraiment Aquilès, ce sont les serpents vénéneux. Une nuit, il tue un cobra mortel de 1,5 mètre, qui était en train de se faufiler entre nos couches ! Mais finalement, le plus pénible, ce sont les moustiques et les taons. Tant qu'on est sur l'eau, il n'y en a pratiquement pas. Mais dès qu'on s'arrête, pour marcher en forêt, déjeuner ou bivouaquer, les insectes pullulent. Malgré la chaleur, je me couvre alors de la tête aux pieds, pour limiter les zones de ma peau à découvert. Aquilès, lui, reste en short, en débardeur et pieds nus ! Comme si de rien n'était, il continue ses activités, en se servant de ses mains comme de grandes tapettes à mouches, qui s'abattent régulièrement sur une partie de son corps, sans que cela ne semble aucunement le perturber. " On s'arrête pour manger. Il faut bien qu'ils mangent, eux aussi ! " dit il avec philosophie. " Et puis les moustiques, ça rend les hommes plus forts ! " A 18h00, quand la nuit tombe, nous faisons un rapide diner et nous nous réfugions sous nos moustiquaires respectives. Et, à 20h00, nous nous endormons, exténués malgré le concert tonitruant des animaux de nuit. Avec souvent, comme gardienne de mes rêves, une araignée grosse comme le poing, en train de courir au dessus de ma tête, je dors comme un bébé !







Nous ne faisons pas que de la pirogue. Parfois, nous partons aussi faire une petite incursion de quelques heures dans la forêt, machettes à la main, pour tenter de voir d'autres animaux. Après dix mètres dans la jungle, je perds totalement mon sens de l'orientation, tant le couvert végétal est dense. Heureusement, Aquilès semble avoir un GPS intégré au cerveau et il finit toujours par retrouver notre chemin. Au fil des jours, il m'apprend à reconnaitre la faune et la flore. En bon élève, je note scrupuleusement dans mon carnet le nom de chaque espèce nouvelle, avec une brève description des qualités physiques, des propriétés techniques et thérapeuthiques, de l'animal ou de la plante. Au bout de deux semaines, j'ai un répertoire de plus de deux cent noms : insectes, papillons, poissons, reptiles, batraciens, caïmans, tortues, dauphins gris et dauphins roses, vaches de rivière, une dizaine d'espèces différentes de singes, tapirs, cochons sauvages, loups de rivière, loutres et plus d'une centaine d'espèces d'oiseaux, mais la liste serait trop longue, et c'est sans compter toutes les plantes médicinales... Ici, la faune et la flore sont d'une richesse incroyable ! Malheureusement, mon appareil photo étant un petit compact de base, je n'ai pas pu faire de belles photos d'animaux. Souvent ils sont trop loin ou trop rapides pour moi ! C'est pourquoi vous n'aurez ici que des petits spécimens, un peu lents. Voici quelques uns de mes compagnons quotidiens...








Mais gare à moi si j'oublie le nom de l'un d'entre eux, car Aquilès m'interroge régulièrement : " C'est quoi ça ? Mais si, nous avons déjà vu cet arbre, il y a trois jours... on se sert de la sève quand on a mal à l'estomac ! ... Et ce chant, c'est de quel oiseau ? " Heu... pas toujours évident, d'autant que mon camarade a un accent à couper au couteau. Souvent, je suis obligé de lui faire répéter trois fois avant de comprendre ce qu'il me raconte. C'est à me faire douter de mes modestes rudiments linguistiques, jusqu'à ce qu'un Colombien de Bogota me rassure en me disant qu'il ne comprenait pas un fichtre mot de l'Espagnol parlé par les habitants de la selva ! Mais dixit Daniel, mon ami Argentin de Olinda et premier professeur d'Espagnol : " 50 % de la comunicacion no es verbal ! "  Alors, avec Aquilès, on finit toujours par se comprendre. De toutes les manières, nous n'avons pas vraiment le choix, vu qu'on est seuls sur une barque, l'un avec l'autre, 24 heures sur 24, pendant plus de deux semaines ! Si bien que je finis par apprendre, chaque jour davantage, comment vivre dans ce milieu, qui m'est totalement étranger et, a priori, hostile. Enfin, le rire n'a pas de frontières et je donne à Aquilès quelques occasions de franches rigolades. Une fois, je rate ma descente de la pirogue et me retrouve les quatre fers à l'eau. Une autre fois je fais une belle glissade sur les rives argileuses du rio, un vrai bain de boue. Ou encore je me retiens à un arbre plein d'épines, ouille !!! Un autre jour, alors que je reste tranquilement à l'ombre d'un arbre, je ressens soudain des démangeaisons dans tout mon corps : je suis attaqué par un essaim de fourmis rouges en furie. " Oui, cet arbre, il ne faut jamais le toucher, c'est l'arbre à fourmis ! Mais c'est pas grave, ça rend les hommes plus forts ! " me dit Aquilès en riant. Pour lui, je dois ressembler à un  enfant à qui il faut tout apprendre. Un enfant de deux ans, parce que les enfants de trois ans, ici, ils ont déjà des machettes et savent bien s'en servir !







Plusieures espèces en voie de disparition vivent dans le Réserve Pacaya-Samiria. La Charapa est la plus grande tortue aquatique d'eau douce du monde. Elle peut atteindre 1 mètre de diamètre. Espèce endémique, elle bénéficie d'une protection particulière. Afin de maximiser ses chances de reproduction, les guarda-parques, récoltent ses oeufs sur les plages de la rivière et les mettent en couveuse, près de leurs campements, dans de grands bacs à sable en plein air, protégés des prédateurs. A la fin de la période d'incubation, ils ouvrent les nids afin de libérer les bébés tortues, qu'ils vont ensuite réintégrer la rivière. Au milieu de notre parcours, Aquilès et moi avons la grande chance d'arriver dans un poste de rangers le jour de la récolte annuelle. C'est pas mal de travail et je propose mon aide. Je participe ainsi à l'éclosion et à la mise à l'eau de 2766 petites tortues Charapas. Trop mignon ! Les guarda-parques ne sont pas mécontents d'avoir de la visite. Ils ont vraiment une vie particulière. Pendant 45 jours, ils vivent à deux ou trois dans une cabane en bois, seuls au milieu de la forêt, vivant du fruit de leur pêche et de la production de leur petit jardin. Après quoi, ils retournent habiter 10 jours dans leurs villages avec leurs familles. Ils sont aujourd'hui 72 sur l'ensemble de la réserve. Ils gagnent 200 euros/mois en début de carrière et 625 euros/mois au bout de quelques années... Dans un autre poste de surveillance, je rencontre l'un d'eux avec sa copine, venue lui rendre visite. Cette dernière a 17 ans ; elle est mère d'un enfant de 4 ans et son compagnon a 41 ans ! Je m'en étonne auprès d'Aquilès. Il me répond : " C'est comme ça ici. Dans les petites communidades, il n'y a pas d'éducation, pas de prévention, et les filles ont des enfants très jeunes avec des amis de leur âges. Alors, après, elles se mettent en ménage avec quelqu'un de plus agé. "







Après une dizaine de jours, ce qui m'apparaissait, dans un premier temps, comme un " enfer vert ", prend d'autres significations. Peu à peu, je réalise que je suis dans une véritable encyclopédie vivante, un garde-manger à ciel ouvert, une pharmacie sans limite. Un étranger perdu dans la forêt ne surviverait certainement pas longtemps. Mais un Indien de la selva connait parfaitement son milieu. Il sait exactement comment exploiter au mieux ses richesses, de manière efficace et raisonnée, dans un parfait respect de sa pérénité. Mais aujourd'hui, cette forêt disparait chaque jour davantage et brûle avec elle autant de livres du savoir ancestral de l'humanité toute entière. Peu à peu, je me laisse prendre par le rythme lent de la rivière et par sa beauté tout en reflets. Aquilès et moi passons souvent de longs moments en silence, que seul perturbe le clapoti de nos rames dans l'eau. Mes sens se sont aïguisés. A présent, je vois, j'entends, je sens différement. Je préssens la nature qui m'environne. Je comprends à quel point, en tant qu'être humain, je ne suis qu'une minuscule partie l'immense écosystème que constitue le vivant. Ma méditation sportive est parfois surprise par la respiration profonde d'un dauphin qui nous suit ou par les cris rauques et inquiétants des singes-rouges-hurleurs en train de donner l'alerte. La selva est un mystère envoûtant. Il faut prendre le temps de l'apprivoiser si on souhaite y distinguer quelque chose, commencer à sentir et à ressentir.







Au fil des jours, la rivière Samiria grandit de plus en plus, avant de se jeter dans le rio Marañon. Au milieu de ce dernier, plus large que le Rhône, notre frêle embarcation ressemble à une petite feuille bien minuscule. Malheureusement je n'ai pas pu prendre de photos de cette dernière étape car je n'avais plus de batterie ! Le niveau de l'eau est encore bas. Il devrait monter d'une quinzaine de mètres d'ici au mois de mars, à la fin de la saison des pluies. Les pueblos qui bordent la rivière se transforment alors, pour certains, en véritables villages lacustres. Mais, ici aussi, le dérèglement climatique se fait sentir et, cette année, la saison des pluies a déjà plus d'un mois de retard ! Le seul avantage pour Aquilès et moi est que nous n'avons eu à endurer que quatre ou cinq grosses averses en 17 jours.  Le courant du Marañon est puissant et il nous porte, en moins de deux jours, jusqu'à Nauta, où s'achève notre merveilleuse expédition.







Certainement la meilleure adresse pour visiter le reserve Pacaya-Samiria :
ESTYPEL (Associcion ACATUPEL) Avenida Padre Lucerno 1345 - Lagunas - Loreto - Peru
info@estypel.com & www.estypel.com - Tels : 979 770 803& 06 40 10 80

Sinon, le bon plan, pour ceux qui ont le temps et le courage :
C'est de faire une demande pour être " volontario " dans la réserve Pacaya-Samiria.
Pendant 45 jours, vous aiderez les guarda-parques et partagerez leur quotidien.
C'est une vraie immersion et, dans ce cas, il n'a rien à payer pour séjourner dans la réserve.