Longtemps j’ai su qu’un
jour je partirai faire le tour du monde. J’irai voir par moi-même si, comme on
le dit, la Terre est vraiment ronde car, en réalité, j’ai souvent trouvé
qu’elle ne tournait pas très rond. Je vivrai l’expérience du nomadisme, sans une
fatidique date de retour, qui figerait ce voyage dans la sédentarité, mettant entre parenthèses l'instant suspendu du mouvement. Au contraire, en
parcourant l’espace, j’ouvrirai la porte à une autre perception du temps. Je
réaliserai que le chemin a plus de sens que la destination. J’irai à la
rencontre du monde dans lequel je vis et de celui qui vit en moi. Je
découvrirai la vaste nature. Je traverserai des mers et des déserts.
J’écouterai jouer la musique des rivières, battre le cœur des volcans. J’irai à
la rencontre des hommes de la montagne, de ceux de la forêt et de ceux de la
plaine. Je partagerai avec mes frères humains pour mieux les comprendre et
mieux les aimer. Chaque jour, j’expérimenterai que le voyage est une création.
Enfant, durant des
heures, je rêvais devant le planisphère, imaginant mon évasion. Je me posais
plein de questions. De quel côté a-t-on la tête en bas ? Où est le milieu
de la mer ? Que voit-on du haut du toit du monde ? Je traçais des
lignes occultes entre des noms mystérieusement poétiques : Ushuaia, Bora
Bora, Himalaya… Et je commençais à attendre qu’un jour le voyage m’appelle. Mon
père, grand voyageur s’il en est, me disait qu’avant tout, dans la vie, il était important d’étudier et qu’il fallait ensuite penser à sa vie professionnelle. Il
me disait aussi : « Le bonheur,
c’est de réaliser à l’âge adulte ses rêves d’enfant. » Les années ont
passé. J’ai étudié et je suis devenu architecte. Puis, un jour, mon père est
mort. J’ai rangé ses affaires et je suis parti.
Sans I-phone, sans
I-pod, sans I-pad et sans Lap-top, le 1er juillet 2010, j'ai pris la route avec un vélo et une tente. " Hit the road Jack, don't you come no more ! " Je me suis dit :
le vélo, c’est bien, parce que ça va à la bonne vitesse. En voiture, on a le
temps de rien voir et à pied, ce serait trop long. Je suis parti dans
le sens des vents dominants, avec l’espoir de trouver des voiliers pour
traverser les océans. Je suivrai ainsi la course du soleil, la direction d’Est
en Ouest étant symbole d’accomplissement m’avait dit un bouddhiste. Le voilier,
c’est bien aussi : ça ne va pas beaucoup plus vite que le vélo et c’est
pratique car, en fait, sur Terre, il y a beaucoup d’eau. En partant, je n’étais
pas certain de vouloir faire le tour du monde, ni d’aimer le vélo et le bateau,
ni d’apprécier de voyager seul. Alors je me suis dis que j’allais d’abord
traverser la France et, qu’ensuite j’aviserai, que si j’allais jusqu’à Buenos-Aires,
la ville où, par hasard, je suis né et y ai passé les premières semaines de mon
existence, ce serait déjà génial. Mais en fait, je suis allé beaucoup plus loin. Après avoir traversé l'Océan Atlantique en voilier et passé un an et demi en Amérique Latine, me voici aujourd'hui au beau milieu du Pacifique.
En partant, j’ai dit à mes
proches : je reviens dans un an… ou deux au maximum. Mais aujourd’hui,
voilà plus de deux ans que je suis sur la route et je ne sais pas pour combien de
temps encore, parce qu’en réalité notre planète est plus étendue que sur ma
planisphère d’enfant et surtout parce que je suis heureux de voyager ainsi. Alors,
après les six premiers mois de mon parcours, à Salvador de Bahia, j’ai cédé à
la tentation narcissique du blog, en commençant à retranscrire une partie de
mon carnet de voyage pour mes proches. J’avais peur qu’ils m’oublient. Puis, j’ai
pris du plaisir à le faire. C’est un peu devenu le travail de nomade auquel
j’essaie de m’astreindre, comme pour répondre à un besoin de transmission.
Dans un voyage de longue durée, on ne peut se contenter d’être uniquement dans
une attitude de réception passive. On a besoin de produire et on se doit de
donner, sans quoi on finirait par exploser. Il faut arriver à extraire quelque
chose de soi pour pouvoir continuer à échanger, à porter un regard neuf et
toujours émerveillé sur les beautés du monde. C’est pourquoi j’ai fini par
mettre en ligne cette compilation de souvenirs personnels. Maintenant,
j’écris ce blog autant pour moi-même que les autres, souvent que je ne connais
pas, pour partager mon expérience avec ceux qui envisagent de partir, pour
faire rêver ceux qui ne peuvent pas bouger de chez eux et pour apporter
modestement ma pierre à je ne sais pas très bien quel édifice, laissant au
lecteur le soin de faire le tri de ce qui l’intéresse.
Alors : bienvenue
à vous, dans ce carnet de voyage, partiel et subjectif, qui n’a d’autres
prétentions que d’assumer une exhibition égocentrique de plus de notre monde
contemporain, aussi instantané qu’éphémère. Ce n’est pas du journalisme, ce
n’est pas de l’anthropologie, ce n’est pas de la photographie, trois
disciplines dont je ne pourrais souffrir la distance qu’elles imposent et pour
lesquelles je n’aurais aucun talent. Et, comme je ne savais pas trop comment m’y
prendre, le résultat ressemble un peu aux albums de Martine : « Martine à la campagne, Martine à la mer, Martine à la montagne «.
Qu'importe ! Ici, vous pourrez suivre les histoires d’un petit personnage à la casquette d’un
vert pas très militaire mais plutôt champêtre… Voilà, je vous emmène donc simplement,
en direct, dans le quotidien de ma petite aventure ordinaire, où j’expérimente
différentes manières de parcourir la Terre, pour essayer de comprendre un peu plus
ce que signifie aujourd’hui le mot : voyager.
Jacques, Océan Pacifique, Juillet 2012.
PS : Le parcours et l'itinéraire de ce voyage se trouve dans l'onglet "Carte"
salut jacques commoen ca va? he visto que si has encontrado un barco para llegar a asia que CHEVRE! como lo lograste? hace una semana que estoy en mexico despues pasar unas meses mas en colombia y ecuador. los mejores deseo y abrazo, franzi;-)
RépondreSupprimerça me donne un plaisir immense et en même temps ça me serre le coeur tès fort de lire tes lignes et je me dis qu'en 2 ans maintenant tu as du voir et resesntir tellement de choses; merci de nous faire partager cela mon Jacques, quelle aventure tu nous fais vivire! Il faudra qu'on t'envoie 1 photo d'Aurélien qui est né le 17 février!! On t'embrasse très très fort, JB-do-Brasil
RépondreSupprimerL'amour m'a pris dans tes courants
RépondreSupprimerDes flots grondants et rugissants
J'ai eu beau me débattre, mais seulement,
Rien ne sert de combattre les éléments
Emporté loin des cotes vers des lieux inconnus
Ressurgirent en moi des sentiments disparu
Je me laisse alors lentement couler
Espérant un jour rejoindre l'être aimé
Demeurer sa sirène pour l'éternité
salut le jack
RépondreSupprimerun petit mot pour te souhaiter bon vent et bonne route!!
Manu de La Plurielle
Boa continuaçao
Bonito blog y grandes aventuras!
RépondreSupprimerUn saludo desde Nueva Zelanda. Te esperamos para el hikking?!?!
Jose & Virginia
Salut Jacques, c'est Jeromine !
RépondreSupprimerNous aussi on part faire le tour du monde en famille cet été pour un an. Tu crois qu'on arrivera à se voir ? Ca serait génial !
Bises
http://duglobeaublog.com/2013/04/11/litineraire-le-vrai/
HOLA JACQUES, COMO ESTAS, UN GUSTO ENORME SABER QUE TU VIAJE MARCHA MUY BIEN. NOSOTROS ACA SIEMPRE TE RECORDAMOS Y TE ESPERAMOS PARA HACER EL PROXIMO VIAJE A LA PATAGONIA ARGENTINA. UN ABRAZO Y MUCHA MIERDA.
RépondreSupprimerOu es tu?
RépondreSupprimerL' Océan est immense et les îles inhabitées.
Brève rencontre ce matin sur Morteau, je repars la tête plein de rêves de voyages de découvertes .Bon retour Jacques par les terres de Franche Comte qui semble te tenir a cœur avant de rejoindre la Bretagne.
RépondreSupprimerPhilippe