Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

dimanche 26 juin 2011

Samaïpata et Santa Cruz de La Sierra





Après une difficile route en bus, j'arrive un matin à l'aube à Samaïpata. C'est la veille du solstice d'hiver qui marque le Nouvel An Inca. Une grande fête nocturne est organisée près des ruines d'El-Fuerte, un ancien Temple du Soleil. Dans les civilisations précolombiennes, du fait de sa remarquable situation, le lieu était très important. D'un point de vue stratégique, cette place était une des portes d'entrée dans l'Empire Inca. D'un point de vue symbolique, le temple se situe à la frontière entre les montagnes arides, habitées par les Quechuas et la selva humide, habitée par les Guaranis. Les Quechuas venaient ici célébrer le Soleil tandis que les Guaranis y honoraient Venus. On faisait des sacrifices aux trois mondes, celui du ciel symbolisé par le condor, celui souterrain figuré par le serpent et au monde terrestre représenté par le puma et le jaguar.









En ville, je fais la connaissance de Lena et Tomas, un couple de Belges Flamands très sympas qui voyagent un an en Amérique du Sud. Le soir nous partons ensemble à la fête du solstice. Mais c'est finalement assez décevant : quelques artistes médiocres et un feu de camp sous la pluie, en buvant des bières. Le lendemain est plus marrant. On visite El-Refugio-Zoologico, à deux kilomètres à pied de Samaïpata.









C'est un refuge d'animaux que Manue, une Suisse francophone, a construit autour de sa propre maison. Elle accueille ici un nombre impressionant de bêtes blessées, abandonnées, sauvages et domestiques, toutes très très conviviales ! C'est plus zen que les lamas de Potosi !





Plus de la moitié des animaux présents ici, dont huit singes d'espèces différentes, vivent en liberté dans le jardin. C'est un véritable Eden car il y règne une miraculeuse harmonie entre les différents hôtes de cette curieuse Arche de Noé. Le signe-araigné tire la queue du chien, le chat dort entre les pattes du sanglier, le péroquet pique la nouriture du Saint Bernard...










Pour subvenir aux besoins de tout ce petit monde, Manue se fait aider bénévolement par des volontaires, qui sont souvent des voyageurs de passage à Samaïpata, pour quelques jours ou quelques semaines. Alors, si vous êtes dans le coin, allez lui rendre visite. Peut-être vous aurez envie de lui filer un coup de main, comme Alexis, un Québécois en photo ci-dessous.



Le jour suivant, nous allons dans le parc National de Amboró, visiter un morceau de rain-forest, où il y a des fougères arborescentes. Ce jour là, la forêt est vraiment humide car il pleuviote un petit peu, alors qu'on est en plein saison sèche !





Après Samaïpata, Lena, Tomas et moi partons pour Santa-Cruz-de-la-Sierra, situé à 160 kilomètres de là. C'est la capitale économique de la Bolivie. La ville est la plus occidentalisée du pays. Elle est assez moderne et, somme toute, pas désagréable. Il n'y a pas grand chose à y faire, à part la fête, alors c'est ce que nous faisons. Dans l'auberge de jeunesse où nous sommes il y a énormément de Français : Grégoire, un étudiant en medecine qui fait une pause d'un an dans ses études, Camille qui attend une amie pour continuer son voyage avec elle, Chabou et François, un couple en transit vers le Brésil, Patrick, un Suisse qui revient du Pérou et Pierric qui passe quatre mois ici à faire des recherches pour sa thèse en linguistique sur une langue indienne parlée par 5000 personnes. Enfin, il y a aussi Simon, le toucan domestique, qui se venge d'avoir ses plumes d'ailes coupées, en chiant sur tout ce qui bouge ! Lena et Tomas repartent bientôt en direction de l'Argentine pour travailler bénévolement deux semaines dans un parc naturel, mais nous espérons vraiment nous retrouver plus tard sur la route.







Dans l'auberge, chacun se refile ses bons plans et raconte ses diverses expériences de voyage... parfois halucinantes, au sens propre du terme, comme pour celui qui a pris un mélange surdosé d'ayahuasca et s'est vraiment transformé en jaguar, attaquant des personnes du village où il était, en les mordant au visage jusqu'au sang ! Pour ma part, plus modestement, la veille de mon départ, je ne souviens plus de la fin de la soirée. Je ne sais plus comment je suis rentré du club. Toujours est-il que je me suis fais réveiller le lendemain matin, alors que je dormais profondément sur une étagère de la laverie de l'auberge ! Shame on me. Bon, cela a bien fait marrer tout le monde... Cela dit, je sens qu'il est temps pour moi de continuer ma route vers des contrées plus paisibles et je repars le lendemain en direction de Trinidad.




samedi 18 juin 2011

Repos à Sucre



Après ces deux dernières semaines riches en découvertes et en partages, j'ai besoin de me poser un peu. Sucre m'offre le cadre idéal. Cette ville, à l'architecture coloniale et baroque, est l'ancienne capitale du pays et sans doute une des villes les plus agréable d'Amérique du Sud. Elle est située à seulement 2800 mètres d'altitude et bénéficie d'un climat très doux. Les prix boliviens aussi sont doux. On peut trouver à se loger dans un beau petit hôtel pour 3 euros et avoir un déjeuner complet pour 1,5 euros. Après le Brésil, l'Argentine et le Chili, ça fait du bien à mon porte-monnaie !



Un jour, je retrouve Tony, le routard Néo-Zélandais sexagénaire, que j'avais rencontré à Santiago du Chili. Nous passons une journée ensemble à visiter la ville. Sucre est un incroyable mélange de tradition et de modernité. A côté du marché central, où des paysannes viennent vendre quelques avocats sur un coin de tissu usé, de jeunes collégiens profitent de leur pause déjeuner pour surfer sur internet et faire quelques war-games en lignes. Un soir, je sors dans un petit club avec un couple de Français, Radija et Ben. Il y a une soirée hip-hop, où les battles s'enchaînent sur un son un peu nineties. Le 9-3 n'a qu'à bien se tenir, la nouvelle génération boliviene arrive, Sucre-Capitale est dans la place et les filles ne sont pas en reste !


A présent que je voyage en bus, je rencontre plus de touristes que de locaux. Et ce n'est pas au mois d'aout, au Machu-Pichu, que les choses vont changer... Mais finalement, c'est intéressant d'alterner les formes de voyage et les modes de transport. Cela étend le champs de mes connaissances sur ce que signifie, aujourd'hui : " voyager ". Qui voyagent ? Comment ? Et pourquoi ? Cela enrichit ma compréhension de ce qu'apporte à l'individu cette nouvelle forme de nomadisme et me permet de mieux cerner les changements qui se produisent en moi-même. De plus, pour un temps, cette nouvelle forme que prend voyage n'est pas désagréable. C'est même plutôt convivial. Les routards suivent tous plus ou moins des chemins similaires. Nos trajectoires s'entrecroisent. On se rencontre quelques jours dans une ville, puis on se retrouve un peu plus loin sur la route. En fait, c'est une autre façon de rencontrer des étrangers. En annulant les préjugés culturels, cela permet de s'interoger sur la société mondialisée de demain, que nous souhaitons créer ensemble. Il y a beaucoup d'Européens en Amérique du Sud et j'ai souvent l'impression qu'ici, l'Europe se construit de manière concrète. Comme si, loin de nos pays respectifs, nous réalisions la grande ressemblance qui unit notre vieux continent.



Cela me donne aussi l'occasion de faire une petite analyse sociologique sur les voyageurs que je rencontre. D'abord, je suis stupéfait par le grand nombre de routards qui voyagent en Amérique du Sud et aussi par leur jeunesse. La plupart ont entre 20 et 30 ans. Aujourd'hui, pour la nouvelle génération, prendre la route semble presque être devenu un passage obligé, qui fait partie de la construction de l'individu. Il y a autant de femmes que d'hommes et, à l'exception de ceux qui sont en couple, la majorité sont des voyageurs solitaires. Souvent aussi ces solitaires se regroupent, à deux ou trois, toutes nations confondues, pour partager ensemble quelques jours de route. Une autre exception sont les Israeliens qui voyagent presque toujours en groupe. Ils viennent généralement faire un tour d'une dizaine de mois en Amérique du Sud, à la fin de leur deux années de service militaire et avant de commencer leurs études. La plupart des voyageurs que j'ai rencontré ces derniers mois, donc hors période estivale, partent longtemps, c'est à dire très souvent pour une période de 6 a 9 mois. J'ai aussi rencontré une minorité, croissante, de voyageurs plus hasardeux, qui, comme moi, voyagent sans date de retour. Ils ont généralement des modes de transport alternatifs : auto-stop, vélo, moto... Le voilier-stop reste rare car c'est apparemment de moins en moins facile. Il y a de plus en plus de candidats et j'ai rencontré pas mal de gens qui ne sont jamais arrivé à trouver un bateau. Rétrospectivement, je me rends compte que j'ai vraiment eu de la chance d'avoir pu traverser l'Atlantique ainsi. Enfin peut-être le point commun à tous les voyageurs, c'est l'ouverture d'esprit. Depuis que je voyage, je rencontre plutôt des personnes intéressantes et globalement des gens biens. L'homo-voyageus semble plus ouvert, plus curieux, plus sociable, plus réfléchi, plus tolérant, plus respectueux, plus humble, bref plus évolué ou simplement plus humain, que l'homo-maisonus !

lundi 13 juin 2011

Chez les Quechuas de Potosi




Vendredi 10 juin, je vais à Potosi. A plus de 4000 mètres d'altitude, c'est la ville la plus haute du monde, même avant Lhassa ! C'est encore un endroit où les nuits sont froides et la respiration difficile. Il suffit du moindre effort, comme monter un escalier, pour avoir le souffle coupé.







Potosi est une jolie ville coloniale et baroque. Elle connut son heure de gloire au XVIIème siècle, quand furent exploitées les mines d'argent de la montagne voisine. Aujourd'hui, le bien nommé Cerro-Rico continue, chaque jour, d'être creusé pour en extraire un peu d'étain et du zinc. Cette montagne est maintenant un véritable gruyère, qui procure des visites sensationnelles, au sens propre !























Je m'y rends donc le lendemain mais ce samedi est le jour de la fête annuelle des mineurs. Ils ne travaillent pas ce jour là, mais ils sacrifient des lamas à la Pachamama. Potosi est une ville quechua et les rites animistes l'emportent sur la religion catholique. Je me retrouve donc à assister à l'égorgement de deux lamas. Ensuite, les Indiens aspèrgent, du sang de leur holocauste, toutes les entrées de la mine, ainsi que toutes les personnes présentes ! Il faut avoir le coeur bien accroché... A côté, une dizaine d'autres lamas attendent passiblement leur tour et il commence à tarder, aux touristes présents, d'entrer dans la mine.





Ce rituel effectué, Pedro, notre guide, peut nous emmener au fond d'un labyrinthe de couloirs sans fin. Il fait de plus en plus chaud et l'air poussiéreux est irrespirable. Nous marchons, pliés en deux, une vingtaine de minutes sous terre, avant d'arriver à l'une des centaines de statues de diables qui protègent les mineurs. Devant le Diable-Georges, nom d'un grand mineur mort ici, on dépose des offrandes pour s'atirer ses faveurs. On apporte des feuilles de coca, des cigarettes, de l'alcool, des batons de dynamite ou mieux, si on peut, un foetus de lama, bref autant de choses qu'on trouve en vente libre dans les échoppes de la ville !








Après cette visite riche en émotions, Pedro me convie chez lui, avec quelques autres touristes, pour continuer la fètes avec ses proches : " Venez, je fais un barbecue, nous dit-il ! " Il vient d'acheter les fondations d'une maison, où il souhaite construire un hotel. En fait le barbecue n'est pas vraiment prêt car il faut encore égorger un lama sur place. Ce sera notre plat de résistance ! Puis, à nouveau, on asperge de sang les murs du chantier pour porter bonheur et chacun se trouve badigeonné d'hémoglobine. Femmes, enfants, invités, tout le monde y passe !









L'après midi se poursuit à dépecer, puis à débiter, jusqu'à l'os, le camélidé. Tout cela en buvant des litres de bière et des shots d'alcool ménager à 95 degrés, qu'on nous sert toutes les cinq minutes. Le moins qu'on puisse dire c'est que les Quechuas savent recevoir !








Passés les premiers émois, on passe un super moment. Finalement, à moins d'être végétarien, c'est moins hypocrite et plus respectueux de manger de la viande d'un animal qu'on à tué soi-même, plutôt que d'aller l'acheter, sous plastique, en provenance d'un élevage industriel.











J'échange ma polaire, estampillée de la marque Quechua avec celle de Pedro. Il est trop content. Puis on danse autour du plateau d'offrandes à la Pachamama, constitué de divers objets rituels. Pedro et sa famille font une prière. Puis on déguste enfin le lama, sous toutes ses formes !






Merci Pedro ! Quel bon moment ! Je ne pensais jamais vivre aussi rapidement une telle intégration en Bolivie !






Une autre fois, je vous parlerai du "calvaire" enduré par plusieurs générations de nones dans le couvent carmélite de cette ville (photo ci-dessus). Si je devais donner une couleur à Potosi ? ...



vendredi 10 juin 2011

Le Salar d'Uyuni





La suite... Après deux jours de 4x4 dans le Sud-Lipez, dont une nuit à 4200 mètres d'altitude, le second soir notre petit groupe arrive au bord du Salar d'Uyuni, à seulement 3650 mètres d'altitude ! Nous nous sentons tous mieux, surtout Simon. Cette nuit, nous dormons dans une auberge entièrement construite en blocs de sel, murs, revêtements, mobilier, décoration compris. C'est assez chouette et il y a deux douches... pour une trentaine de personnes ! L'ambiance est bonne. C'est drôle, ça me rappelle un peu l'époque de mes joyeuses colonies de vacances!
















Le lendemain, nous partons à 6 heures du matin pour voir le soleil se lever sur le salar. Le 4x4 traverse plusieurs kilomètres inondés d'une dizaine de centimètres d'eau. Nous avons l'impression de rouler sur un lac. Cela produit un étonnant phénomène de miroir. Magique !














A l'heure du petit déjeuner, nous arrivons au milieu du salar, près d'une colline rocheuse, appelée l'Ile-Inca-Huasi. ce promontoire est planté d'une forêt de cactus, piloes cereus secianus, dont certains, hauts d'une dizaine de mètres, sont millénaires. C'est robuste mais ça pousse pas vite, un cactus !











Soudain, trois cyclo-randonneurs français débarquent du néant : Brian, Morgan et Siphay. Ils font un tour du monde à vélo d'une durée de trois ans ! Leur site : http://www.solidream.net/ . En discutant avec eux, je suis un peu nostalgique d'avoir renvoyé mon vélo en France et de voyager maintenant comme n'importe quel touriste. Ce qui est drôle, c'est que je n'ai jamais autant rencontré de cyclistes que depuis que je n'ai plus mon vélo ! La veille, dans le Lipez, j'ai vu un couple en tandem et c'était encore des Français ! Apparement, nous sommes la nation qui voyage le plus à bicyclette.














Plus tard, Marcos nous arrête au beau milieu du salar. Du blanc, du blanc, que du blanc, à perte de vue. Nous sommes là pour la mythique séance " photos improbables réalisées sans trucages ". Il s'agit de jouer avec les proportions, l'étendue immaculée faisant perdre tout rapport de distances. Je vous livre un de mes piètres clichés, à titre d'exemple, mais vous devriez trouver beaucoup mieux sur le net. En fait, ce n'est pas si évident à réaliser, car le soleil est incroyablement éblouissant. Ensuite, notre petit tour se termine dans la ville d'Uyuni, après un dernier détour au cimetière des locomotives à vapeur.








Bien que très touristique, le Sud-Lipez et le Salar d'Uyuni valent vraiment le coup, même en passant par une excursion organisée. Comme Iguaçu ou le Perito-Moreno, ces sites font partie des plus beaux d'Amérique du Sud. Ils sont incontournables. Et puis, heureusement, la région est vaste. Alors, pour l'instant, il y a encore de la place pour tout le monde. Enfin, le sel est un très bon soin capilaire. Pour ma part, j'ai retrouvé la chevelure de mes 20 ans!