Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

samedi 16 octobre 2010

Un marin d'eau douce à quai




¡ Hola ! ¿ Que tal ? ¡ Estoy muy muy bién !!!
Je suis aux Canaries depuis cinq jours et, ça y est, je pars demain, en voilier, direction le Brésil, via le Cap Vert ! Je suis trop trop content ! Un truc de dingue ! Je me suis mis à mes démarches hier, après trois jours off, repos-plage-hotel, où je flippais un peu, ne sachant pas trop comment m'y prendre. Mais le résumé est le suivant. Vous allez voir la bonne étoile que j'ai !




Je suis allé sur le port hier à midi. A 3 heures, j'ai fais trois pontons, sur une bonne vingtaine, parfois en escaladant des grilles fermées à clefs, car les pontons ne sont plus accessibles ici, je suis invité à monter sur trois bateaux pour discuter mais personne ne veut s'encombrer de moi et, quand finalement j'allais rentrer à ma pension, je rencontre un jeune couple de Hongrois qui part le lendemain et qui ne cherche absolument personne. Mais le fait que je voyage à vélo leur plait et ils finissent par me dire qu'ils ne passent pas loin du Brésil, alors qu'ils pourraient peut-être éventuellement m'y déposer, qui sait ? Mais bon, ça rallonge leur route et puis ils aiment voyager seuls et je n'y connais rien en voile ! Nous nous donnons quand même rendez-vous le soir même et le courant passe bien. Lui, a 29 ans et une formation d'architecte, elle 27 ans et une formation de design de meuble ! Ils ne vivent pas de ça mais plutôt de sponsors car leur passion est avant tout "l'Aventure" (...?). Il y a trois ans, après plusieurs traversées de différentes mers, ils se mettent à construire eux-mêmes une barque et traversent l'Atlantique à la rame !!! Aujourd'hui, leur nouveau bateau (un 12 ou 15 mètres je sais pas) s'appelle "Bamboo" ou aussi "Panda Boat" parce qu'ils sont maintenant sponsorisés par le WWF. Avec, ils sont en train de commencer à faire le trajet du Vendée-Globe, c'est à dire le tour du monde dans le sens le plus difficile, en passant par le Cap de Bonne-Espérance et le Cap Horn, que seuls les très très bons marins réalisent ! Hier soir, les sentant encore hésitants à me prendre, je leur ai dit qu'on pouvait partir sur un premier trajet d'une semaine pour le Cap-Vert, puisqu'ils y passent, et qu'il n'y aurait aucun problème à ce qu'il me déposent là si je ne faisais pas l'affaire ou qu'ils avaient tout simplement besoin de se retrouver seuls. Inch allah, on verra bien ! Je leur propose aussi de repasser ce matin pour qu'ils en discutent tranquillement entre eux, la nuit portant conseil. Car ils n'ont jamais pris personne à bord, alors qu'on leur a souvent demandé. Et ce matin, ça fait deux nuits que je dors pas, la réponse, c'est : ok! On part demain matin !!! J'ai passé la journée avec eux pour acheter ma food et préparer le boat. Ah oui, j'oubliais, ensemble, on parle anglais. Ouhaou! Et on m'a dit qu'il y a des gens qui peuvent attendre des mois sans trouver un lift et moi je trouve le premier jour ! Je remercie le ciel !
Donc, prochain mail, sans doute pas avant un bon mois ! Ou peut-être du Cap-Vert, si je suis coincé là-bas...
Après l'Espagnol, l'Arabe, le Berbère et l'Anglais, au Brésil, il va falloir que je mette au Portugais !
Bref, ne vous inquiétez pas, pour l'instant tout roule ! Portez-vous tous bien !




Retranscrit mot pour mot par Scalap

jeudi 14 octobre 2010

Gran Canaria


Las Palmas est la plus européenne des villes espagnoles tant par son ambiance que par son peuplement. Toute l'année, il y règne une température quasiment constante de 23°C. Il pleut souvent et c'est très ventu. La ville est belle dans son ensemble et compte de nombreux espaces verts très bien entretenus. Agréable à vivre, Las Palmas est une escale idéale pour les bateaux.
Après le sud marocain, je retrouve, non sans joie, le plaisir du confort occidental : ne plus manger avec mes doigts, prendre une vraie douche qui marche, rouler sur des pistes cyclables... Ici, les gens sont très sportifs. Partout on voit des joggeurs, des surfeurs, des body-buildeurs et il est courant de croiser en centre ville, un type en maillot de bains avec un surf sous le bras. La population affiche une grande décontraction et est plutôt affable. Mais ici, à la différence du Maroc, c'est à moi de faire le premier pas si je souhaite rencontrer des gens.



En me promenant dans la ville, je tombe face à la maison où séjournait Christophe Colomb lors de ses différentes traversées de l'Atlantique (ce n'est pas sur la photo mais tout près). Le hasard veut que je la visite le jour de la fête nationale espagnole, soit 518 ans, jour pour jour, après la découverte de l'Amérique ! J'y vois un bon présage pour trouver un bateau-stop.

dimanche 10 octobre 2010

Un ferry à Laayoun ?

Guelmin est une Bab Sahara, c'est à dire une porte du désert. Au delà de cette ville, où se trouvent les premiers souks touaregs, commence l'étendue infinie du Sahara. Parce ce que j'ai lu des carnet de voyage à vélo de cette étape, je sais que ce n'est vraiment pas une partie de plaisir. Personnellement je ne tiens pas à rouler 400 kms à vélo sur une piste en tôle ondulée, dans un désert monotone, sous un soleil de plomb, avec de rares points de ravitaillement. Et puis je ne suis pas équipé pour cela.



Je décide de prendre un bus qui met tout de même 8 heures pour effectuer le trajet. Il avance à la cadence chaloupée du chameau, croisant chaque poids lourd avec une précision millimètrique qui donne des frissons. Seule une foi irrationnelle dans les capacités de mon chauffeur me permet de sombrer par instants dans une certaine somnolence, rythmée par des chansons berbères, qui passent en boucle, et de multiples barrages policiers, qui obligent à s'arrêter régulièrement.


Je passe deux jours à Laayoun, une ville sans intérêt, qui a pour seul avantage de ne compter aucun touriste. Il fait 35°C et je loge dans une chambre sordide, pleine de cafards.
Depuis cette ville, il existe effectivement un ferry pour Las-Palmas aux Canaries. Le seul problème est que l'unique liaison hebdomadaire est saturée par la demande. Les prochaines places disponibles sont dans quinze jours ! Par contre, pour 20 euros de plus, je peux prendre un avion qui part le lendemain. Le choix est vite fait. Salam le Maroc, Hola les Canaries !

vendredi 8 octobre 2010

En route vers Guelmin, Bab Sahara



Après Tiznit, la route suit d'abord la mer jusqu'à Sidi Ifni. Elle bifurque ensuite dans les terres et traverse les derniers contreforts de l'Anti-Atlas. Ça monte grave. Mais comme toujours, il y a des gens pour m'encourager. Si je m'arrête, on vient me demander si j'ai besoin d'aide. Les yeux des enfants brillent devant un si beau vélo. Les adultes admirent mon courage.



Une fois que j'ai passé le col, le paysage et le climat changent totalement. Je passe de la région côtière, sous influence de l'Atlantique, à la région pré-saharienne, sous influence désertique. A partir du col, je m'offre une magnifique descente de plusieurs dizaines de kilomètres qui pousse mon vélo au dela de la vitesse autorisée de 40 km/heure. Un vrai bonheur ! En fond de vallée, je suis dans un autre monde, c'est le début du Sahara. Une étendue plate et aride s'étend devant moi, encerclée au loin par de petites montagnes.



Je prends ensuite la direction d'Abaynou, à 15 km de Guelmin, où j'ai encore une connaissance de mon voyage précédent, Abdu, chez qui je reste deux jours. En arrivant, je vais me jeter dans la piscine de la source naturelle d'eau chaude à 38°C du village. Ce délice guérit mes courbatures de ces derniers jours. Le soir, j'ai de longues discussions politiques avec Ali, le frère d'Abdu. Les Marocains adorent parler politique et tous ceux que j'ai rencontré détestent radicalement Sarkozy. Ali ne comprend pas pourquoi la France ferme ses frontières. Lui, il est bien au Maroc, il aime son pays et n'a pas envie de le quitter. Il a un travail et gagne correctement sa vie. Il a une soeur en France et sait que ce n'est pas facile là-bas. Il voudrait simplement aller la voir mais c'est misson impossible. Même un simple visa touristique est refusé neuf fois sur dix. Quand on l'obtient, parfois des années après l'avoir demandé, il faut que la personne chez qui on est hébergée se déplace à l'aéroport pour venir chercher son hôte et remplir d'autres papiers. Si la personne a un empêchement, c'est retour illico au Maroc. Un Marocain qui demandait un visa s'est vu répondre par le consulat de France: " Tu veux aller en France ? Tu connais le Maroc ? Tu connais Ouarzazate ? Non, va à Ouarzazate ! " On croit rêver. J'imagine un instant la tête du Français qui veut aller à New-York et à qui on dirait d'aller se faire voir au Mont-Saint-Michel !

vendredi 1 octobre 2010

D'Agadir à Tiznit

D'Agadir à Guelmin, je connais la route. Je l'ai faite il y a deux ans avec mon ami Max. Nous étions venus au Maroc, un mois, pour faire du parapente. Dans la ville d'Agadir, je retourne à l'hôtel où j'étais allé. Le réceptionniste me reconnait et quand je lui dit que je voyage à vélo, il me fait un vrai prix d'ami. J'obtiens enfin des renseignements fiables pour me rendre aux Canaries. La seule liaison maritime depuis le Maroc se trouve à Laayoun, 600 km plus au sud. Les autres lignes ont fait faillite ou les bateaux se sont ensablés !


Après trois jours de repos, je suis en pleine forme et j'avale, en une journée, les 100 kms qui me séparent de Tiznit. Sur mon chemin, je rattrape mon premier cyclo-randonneur, un autrichien très mal équipé. J'arrive à Tiznit en fin d'après midi et je me surprends moi-même de retrouver, sans peine, la maison de mon ami Aziz dans le labyrinthe de la médina. Je ne l'ai pas prévenu de mon arrivée et il hallucine de me voir débarquer dans un tel équipage. Il m'invite aussitôt à rester chez lui dans sa famille.


Depuis deux ans que je ne l'ai vu, Aziz s'est marié. Comme de coutume, il continue à habiter la maison familliale. Il vit avec sa grand-mère, sa mère, sa tante, sa femme et son frère encore célibataire. C'est une famille berbère classique de Tiznit. C'est génial de pouvoir partager ces moments de vie quotidienne avec eux. A l'intérieur de la maison, les femmes ne portent pas le voile et sont loin d'être timides. Au bout de 24 heures, elles veulent me marier avec l'une de leur cousines dont elles me vantent les mérites et me montrent la photo. On passe des moments de franche rigolade.


Au bout de trois jours, Aziz m'enmène dans son auberge du village de Tamlalt, qu'il a inauguré, il y a deux ans, lors de mon précédent passage. Il a fait de nombreux travaux dans un goût très local. L'auberge est près du décollage de parapente, sur une montagne face à la mer. J'y retrouve d'autres anciennes connaissances du petit monde du vol libre.