Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

lundi 5 septembre 2011

Cuzco, Machu Picchu et Choquiquerau




Voilà plus d'un mois que je voyage en compagnie de Lena et Tomas. Nous nous entendons bien et projetons de continuer à faire un bout de route ensemble, sans doute jusqu'au nord du Pérou. Alors, en arrivant à Cuzco, pour nous préserver un peu d'indépendance, mon couple d'amis flamants et moi décidons de nous installer dans deux auberges différentes. Mais c'est drôle de constater comme les amitiés se fondent sur des goûts communs, car nous ne cessons pas de nous retrouver par hasard dans la ville, aux mêmes endroits, aux mêmes moments.







Située à 3400 mètres d'altitude, Cuzco, dans son écrin de montagnes, est certainement l'une des plus belles villes d'Amérique du Sud. Elle fut la capitale de l'empire Inca et connut son apogée au début du XVème siècle, sous le règne de Pachacutec, le grand-père des trois derniers Incas fratricides, Atahualpa, Huascar et Manco Pacac II. La ville a été détruite par les conquistadors en 1533 et immédiatement reconstruite par eux, dans un pur style colonial, à même les fondations de la ville indienne.






Dans le centre historique, il en résulte un mélange étonnant, fruit de la superposition de deux architectures très différentes. A titre de soubassements, on retrouve souvent d'authentiques murs incas, dont la précision et la beauté des appareillages sont sans égales au monde. Et, surplomblant les rues pavées, émergent des balcons en bois ouvragé de style espagnol. Sur la vaste Plaza de Armas, les anciens palais ont été remplacés par des églises baroques et en place du Temple du Soleil Qoricancha, s'érige le Monastère Santo Domingo... Malgré la volonté farouche des conquistadors et de l'église catholique d'effacer toutes traces de civilisation antérieure, l'esprit inca transpire des murs de la ville.







Lena, Tomas et moi ne voyons pas le temps passer et restons finalement trois semaines dans le coin. Mais il y a tellement de choses à voir et à faire, en ville et aux alentours. " Cuzco " signifie " nombril " en Quechua et cette ville est bien le centre de forces sensibles qui nous saisissent et nous dépassent. C'est un endroit où l'on se sent bien. La ville, très riche et très propre, a un charme fou, qui nous réconcilie définitivement avec le Pérou. Après la Bolivie, le climat nous semble doux, même si les nuits restent fraîches. Mais, comme en Bolivie, il y a ici beaucoup de fêtes officielles, qui donnent lieu à de grands défilés costumés, dont la musique, rythmée de tambours et de cuivres, a de quoi réchauffer les plus frileux. En ce moment c'est le tube bolivien de Maria Juana, El idolo de amor, qui est repris partout.





Je visite les églises, les monastères, les musées. Peu à peu, je découvre l'incroyable civilisation Inca, fruit de toutes celles qui l'ont précédée : Chimú, Nazca, Moxo, Moches, Chavin, Tiwanaku... C'est une histoire qui commence 3000 ans avant notre ère et dont l'empire Inca est la dernière synthèse. Mais, après moins d'un siècle d'existence, ce nouvel empire et toute la culture millénaire qu'il représente ont été anéantis par les conquistadors. Devant tant de gâchis, on ne peut ressentir que sentiments de révolte et de désolation. Le massacre culturel, mené par cet imbécile de Pizarro, restera à jamais une perte de connaissances pour l'humanité toute entière.






Sur les hauteurs de la ville, la forteresse de Sacsahuamán a plutôt bien résisté aux destructions de l'envahisseur. Normal, quand on voit la taille des pierres ! Par contre, la mise en oeuvre d'une telle construction reste énigmatique. Le monde Inca garde encore bien des mystères. Aujourd'hui, du haut de cette montagne, c'est un Christ pas très jojo qui domine les maisons des Hommes. Mais, comme chaque jour, le dieu Inti se couche, apportant, dans sa course, une merveilleuse couleur orangée aux toits de tuile, au sein desquels serpentent escaliers et ruelles.




L'hospedaje, familiale et bon marché, où j'ai élu domicile, est située sur les hauteurs du quartier San Cristobal. Depuis la fenêtre de ma chambre, la vue est magnifique. Derrière les toits, je vois une partie de la grande place et la façade de la Cathédrale. Dans l'auberge, je rencontre un couple de Briançonnais, Karine et Laurent, et un couple de lyonnais, Gwen et Mickaël. Karine vient de passer son diplôme d'infirmière et Mickaël finit ses études de medecine. Il fait actuellement un stage à Cuzco. Un jour, il nous emmène à Tankarpata, l'endroit où il exèrce. Ici, nous sommes loin de l'image touristique de Cuzco. Cela nous donne un autre regard sur la ville, sans doute plus proche du quotidien d'une grande majorité de Péruviens. Dans le village, le french doctor est accueilli par une ribambelle d'enfants et, à peine arrivé, il est appelé pour une consultation. Karine, son infirmière du jour, est trop contente de l'accompagner. Pendant ce temps, Laurent et moi assistons au lavage des bétteraves, dans le ruisseau qui sert d'égout à tout le village. Mickael nous dit qu'une grande partie des enfants sont atteints de parasites et que son travail est autant curatif que pédagogique. Il tente d'apprendre aux familles des mesures d'hygiène, simples et élémentaires. Mais la tache est immense, au vu du temps qui lui est imparti.




Gwenelle voyage avec sa fille de neuf ans, Nora. Et chacune porte son propre sac à dos. Comme quoi, il n'y a pas d'age pour commencer à barouder !



Après quelques jours passés en ville, Lena, Tomas et moi décidons de nous lancer à l'assault du Machu Picchu, c'est à dire de trouver la façon la moins onéreuse et la moins stupide d'y aller. Le "Picachou", comme nous l'appelons entre nous, est devenu une vraie arnaque à gringos. A tel point que nous hésitons même à nous y rendre. Aucune route ne mène jusqu'au site et la grande majorité des touristes prennent un train, géré par une société chilienne, qui profite de son monopole pour pratiquer des prix disproportionnés. Une centaine de kilomètres sépare Cuzco du Machu Picchu mais l'aller-et-retour le moins cher, " formule spéciale back-packers ", coûte 70 euros ! Il est hors de question de nous plier à ce vol organisé ! Nous suivons l'itinéraire bis, des vrais routards. Cela consiste à faire 10 heures de bus, puis 2 heures de marche le long de la voie ferrée et, après une courte nuit à Aguas Calientes, à se lever à 4h00 du matin pour grimper, dans la nuit, les 1716 marches qui mènent à l'entrée du site, ceci afin d'être parmis les tous premiers visiteurs. C'est l'anti-inca-trail des gringos, à 490 euros la tête de pipe ! Et en plus, la ballade le long des voies est très jolie et très sympa à faire. Au détour d'un lacet de la rivière, le sommet du Wayna Picchu apparaît devant nous, majestueux. Avec le petit train qui passe par là, pour un peu, on se croirait presque dans Tintin et le Temple du Soleil !



Le lendemain matin, nous arrivons à 6h00 à l'entrée du site. Nous sommes parmis les dix premiers. Pas si mal, sachant que près de 3000 visiteurs sont attendus ce jour là. Nous pouvons découvrir, presque tous seuls, le Machu Picchu qui s'éveille dans la brume.



Pour rester dans les classiques de la BD, comme aurait dit Obélix : " Ils sont fous ces Incas ! " Avoir construit une ville, au fin fond d'une vallée paumée, au sommet d'une montagne recouverte par la forêt tropicale, en faisant venir les pierres de la montagne d'à côté, et il faut voir la taille des cailloux, le tout à l'unique force musculaire, celà a de quoi impressionner, subjuguer, questionner ! Rien que monter ces pentes raides avec son petit sac à dos de picnic, c'est déjà pas facile, il est impossible de comprendre comment ils ont fait... En tous les cas, seule une foi insolite a pu pousser des hommes à réaliser une telle oeuvre. On a tous vu des photos du Machu Picchu mais la réalité dépasse ce qu'on peut imaginer, car le site prend toute sa mesure au sein du paysage, absolument grandiose, qui l'entoure.






Lorsque les premiers touristes débarquent, nous grimpons au Wayna Picchu, le pic rocheux en arrière plan des ruines. On atteint le sommet par des escaliers à flanc de paroi et sans garde-corps, frissons garantis ! Sujets au vertige, s'abstenir. Nous passons la moitié de la journée en haut, échappant ainsi au gros de l'affluence, l'accès à la montagne sacrée étant limitée en nombre de visiteurs. A la descente, Tomas et moi partons visiter une grotte sacrée en contre-bas de la montagne. Mais, sur le chemin du retour, nous nous perdons un peu et nous nous retrouvons à devoir grimper à nouveau au sommet. Résultat, le site ferme et nous nous faisons involontairement enfermés dehors. Un grand moment de bonheur car nous avons, pour un moment, le Wayna Picchu pour nous tout seul !



Le jour suivant, nous rentrons à Cuzco. Sur le chemin du retour, nous visitons un jardin de plantes exotiques, aménagé dans un petit val perdu et sauvage, au bout duquel coule une cascade. Nous ne sommes qu'à quelques kilomètres à peine du site le plus fréquenté du Pérou, mais presque personne ne vient jusqu'ici. A la fraicheur du ruisseau, c'est l'endroit idéal pour se reposer, méditer, rêver. Tomas aime écrire. En ce moment, il rédige des nouvelles qui transforment la réalité de son voyage en véritables aventures fantastiques. Au bord de l'eau, nous nous amusons à inventer des histoires. Et si... Et si Christophe Colomb n'avait jamais découvert l'Amérique, mais si, au contraire, c'était les Incas qui étaient venus coloniser l'Europe. Un beau sujet de roman ! " Tu vois, là, ce qui brille dans l'eau, c'est de l'or, le trésor des Incas est ici. Tu ne me crois pas, regarde ces pépites dans ma main, attends, je plonge et je vais t'en remonter, moi, des lingots ! " Rêves et réalité sont parfois si proches. Au même instant, une comète, bien réelle, tombait à trois kilomètres de là, enflamant des pans entiers de montagnes. N'est-ce pas un signe ? En tous cas, c'est celà la magie du Machu Picchu : la force à donner l'envie de pouvoir inventer un impossible.







Après trois autres jours passés à Cuzco, Lena, Tomas et moi repartons faire un trek de cinq jours pour aller voir les ruines de Choquequirau, uniquement accessible à pied. Deux jours de marche sont nécessaires pour atteindre la cité secrète Inca qui est, par conséquent, très peu fréquentée. La randonnée commence dans un petit village, Cachora, perdu dans le fond d'une vallée. C'est là que je fais la connaissance de Suzanna. Elle se joint à nous pour la randonnée et, rapidement, je tombe sous son charme irrésistible... Nous ne nous quittons plus d'une semelle, d'autant que la gaillarde porte bravement toutes nos affaires. Marcher avec une mule est nouveau pour moi. La bête impose un rythme que nous devons respecter. Il faut s'occuper d'elle, la faire boire, la nourrir et surtout arriver à la charger correctement, ce qui n'est pas une mince affaire. C'est un vrai travail, une vraie responsabilité, un vrai amour, quoi ! Dans les montées, nous souffrons avec elle et, dans les descentes, nous frémissons qu'elle ne bascule dans le ravin ou ne se torde une patte. Lena et moi voulions absolument ne pas prendre les services d'un arriero (muletier) pour vivre pleinement cette nouvelle expérience de voyage, au final très agréable.







Le premier jour, le trek suit une longue descente de 1500 mètres de dénivelés, sur un petit sentier accroché aux pentes abruptes de la montagne. Nous changeons progressivement d'altitude et les températures augmentent graduellement au fil des heures, créant des micro-climats variés, propices à différents types de végétations. Le soir, nous trouvons, dans une petite ferme, un terrain plat, où poser les tentes. Il fait chaud et humide mais, crevés, on ne tarde pas à trouver le sommeil.








Le matin, nous retrouvons Suzanna ensanglantée. Durant la nuit, elle s'est faite attaquer par des vampires, ces monstrueuses chauve-souris géantes, qui sucent le sang des équidés. Pour notre part, nous avons servi de festin à de minuscules moustiques, particulièrement voraces, qui ne se suffisent pas d'une simple piqure, mais qui arrachent un bout de peau au passage. Nous commençons à croire qu'il y a un tribu à payer, en hémoglobine, pour avoir le droit d'accèder à Choquequirau. Criblés de taches sanguinaires, nous reprenons le sentier du sanctuaire Inca. En fond de vallée, nous traversons l'Apurimac. C'est une petite rivière tumultueuse. Mais, dans quelques centaines de kilomètres, ce cours d'eau aura une taille gigantesque et se nommera : Amazone ! De l'autre côté du pont suspendu, ça grimpe sévère. Il nous reste encore à faire 1500 mètres de dénivelés positifs pour arriver au site.







Ce jour là, c'est mon anniversaire. Et la fête commence dès mon réveil. Lena et Tomas me font souffler une bougie symbolique et m'offrent une nouvelle casquette. Puis, tout au long de la journée, ils ont mille petites attentions pour moi. Ils sont vraiment sympas. Pour couronner le tout, le soir, pour la première fois de ma vie, je mange des couilles ! Ça s'écrit " cuy ", mais ça se prononce " couille ". Ce sont d'adorables petits cochons d'inde. Depuis que je suis au Pérou, on n'arrête pas de m'en proposer partout. Chaque fois je refuse, plutôt dégouté, en souvenir de mon premier petit animal de compagnie. Mais, ce jour là, lorsque la jeune femme, chez qui nous avons posé nos tentes, me dit que c'est le menu d'excellence du cumpleaños, je me résigne à accepter.







Résultat : c'est pas terrible. Mais le plus dur dans l'histoire, c'est qu'il se met à pleuvoir et que nous devons nous réfugier dans la cuisine de notre hote, lieu où elle fait son élevage. Un moment pas facile : manger le " papa-couille " sous les regards apeurés et les couinements de tous les " enfants-couilles ", on se sent soudainement carrément coupables, et malgré tout obligés de faire honneur à notre hôte, qui a mis cinq heures pour préparer la bête et en attend quelques compliments.








Le jour suivant, nous atteignons enfin Choquequirau. Le site est plus étendu que le Machu Picchu mais moins spectaculaire car la plus grande partie des ruines, ensevelie sous la forêt tropicale, reste encore à découvrir. Les constructions dégagées sont cependant impressionantes. Elles adhérent, de facon stupéfiante, aux parois verticales. En suspension au dessus du vide, ces insensés vaisseaux de pierre semblent flotter dans un ciel de verdure. Le Pérou est un pays tout simplement vertigineux !






1 commentaire:

  1. Enfant du Soleil,
    Tu parcours la Terre, le Ciel,
    Cherches ton chemin,
    C'est ta vie, c'est ton destin.

    Et le jour, la nuit,
    Avec tes deux meilleurs amis,
    A bord du Grand Condor,
    Tu recherches les Cités d'Or.

    Ah, ah, ah, ah, ah,
    Esteban, Zia, Tao, les Cités d'Or
    Ah, ah, ah, ah, ah,
    Esteban, Zia, Tao, les Cités d'Or
    ...Stanko

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