Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

jeudi 10 janvier 2013

Nouvelle Zélande, Île du Nord en van



Le 13 décembre, après deux heures de vol et 2000 kilomètres vers le sud, je débarque à l’aéroport d'Auckland, en tongs et maillot de bains à fleurs ! Dans la foulée  un bus dernier cri me dépose sur Queen Street, l’artère principale de la city. Je n'ai jamais voyagé aussi rapidement depuis que je suis parti et, après plusieurs mois de navigation dans le Pacifique, le choc est violent. A l'autre bout de la Terre, me voila plongé au cœur d'une grande ville moderne, anglo-saxonne et aseptisée, en pleine euphorie consumériste de cette période d'Avant Noël, avec 10 degrés Celsius de moins qu'à Nouméa  Ma première impression est de déambuler dans un immense centre commercial en plein air. Le vertige de ce monde occidental est encore plus saisissant lorsqu'on découvre la cité du haut des 328 mètres de la Sky Tower. Pour me remettre de ces émotions et comme je n'ai plus rien à me mettre sur le dos, je commence par un " let's go shopping " de circonstance, afin de me procurer une tenue jean-baskets, plus adaptée à ce nouvel environnement. Somme toute, Auckland est plutôt un endroit agréable  La ville, capitale du business, est très propre, verte et ouverte sur la mer. Elle compte de nombreux édifices à l'architecture intéressante et des espaces publics soignés.







Deux jours plus tard, Capucine me rejoint. Elle arrive de Paris pour trois semaines de vacances. C'est un vrai plaisir de retrouver mon amie à l'autre côté de la Terre. Durant une quinzaine de jours, nous louons un van afin de faire un petit tour (de 2450 kilomètres !) dans l’Île du Nord. Un vrai luxe ! Voyager de cette manière est pour moi, comme pour Capucine, une nouvelle expérience  C'est le moment ou jamais d'essayer, car la Nouvelle Zélande est LE pays du camping-car. Sur les routes, en été,  on en voit de toutes sorte, allant de la simple voiture aménagée  jusqu'au bus reconverti en résidence secondaire ambulante. Les Kiwis - surnom des Néo Zélandais - adorent ce mode de vacances particulièrement adapté à leur pays très nature et souvent pluvieux.









Capucine et moi prenons d'abord la route du North land. Nous enchaînons une succession de paysages plus bucoliques les uns que les autres, tout en nuances de verts tendres, ici parsemés des boules rouges des Christmas Tree en fleur, là, des ombres dentelées des fougères arborescentes. Nous commençons par remonter la côte est par la Bay of Islands, puis nous rejoignons la côte ouest au niveau de la désertique Ninety Miles Beach, avant de revenir au sud par la Kauri Coast, où se trouvent les derniers arbres millénaires du pays, ayant échappés à l'exploitation intensive des hommes. Ces Kauris sont aujourd'hui sujets aux meilleurs soins qui soient. Il faut même laver ses chaussures avant de rentrer dans la forêt pour éviter toute propagation de champignons pouvant leur être nuisible ! Les Néo Zélandais ne rigolent pas avec les bio-organismes pouvant modifier leur fragile écosystème. Parfois, c'est un peu exagéré  A la frontière  le contrôle est drastique. Capucine en a fait les frais dès son arrivée : une amende de 200 dollars pour avoir tenter d'introduire une mandarine dans le pays. On lui avait donné dans l'avion et elle avait oublié ce dangereux produit au fond de son bagage à main !






Le 21 décembre ( jour tant attendu de la fin du monde ! ), à la pointe de Omapere, nous nous sentons vraiment au bout du monde lorsque, ce soir là, le soleil se couche sous la forme d'un oeil qui se ferme sur l’ère révolue du poisson. De retour au sud d'Auckland, nous retournons sur la côte ouest, par les Coromandel. Puis nous passons un Noël tranquille, avec un couple d'Allemands, dans un petit camping de la Bay of Plenty. Nous continuons ensuite notre route à travers le Plateau Central. Les panoramas champêtres défilent, ondulant leur formes vallonnées sous les roues de notre van. Dixit Capucine, c'est un paysage d'une grande sensualité  Malheureusement, il pleut souvent. Alors, pour oublier ce temps maussade  dès que nous en avons l'occasion, nous nous réfugions dans une des nombreuses sources d'eau chaude de cette région.







Autour de Rotorua, l’activité volcanique est manifeste : fumerolles, marres de boue en ébullition  lacs aux couleurs étonnantes  soufre et geysers... Malheureusement, la plupart des sites sont privés et donc payants. Partout dans l’Île du Nord, on a l'impression que la nature a été privatisée, transformée en grand parc d'attraction, en fructif business. Devoir payer pour se rendre dans la nature : est-ce le prix de sa protection ? En tous cas, si cela présage de l'avenir de la Terre, c'est terrifiant : devoir travailler pour s'offrir son bol d’oxygène en montagne ! La Nouvelle Zélande est une société on ne peut plus organisée  avec partout de nombreux interdits, que les Kiwis respectent scrupuleusement. Les petits panneaux signalétiques  sur ce qu'on a le droit de faire ou pas, pullulent, les caméras de surveillance aussi et les appels à la dénonciation de tout contrevenant à l'ordre général ne choquent personne... à part l’étranger en provenance d'un pays qui a connu le fascisme... Cependant la Nouvelle Zélande, encore très jeune, semble bien fonctionner et le capitalisme libéral ne pas encore être arrivé à son terme. Il y a très peu de chômage des salaires convenables par rapport au coût de la vie et apparemment chacun donne le meilleur de lui-même dans l'exercice de son travail, pour apporter sa petite pierre au bien être de la collectivité. Pays très propre, pour le meilleur ou pour le pire, la Nouvelle Zélande rappelle un peu la Suisse. Mais finalement le vrai avantage à tout cela, ce sont les toilettes publiques, une préoccupation nationale ! Il y en a partout, même en pleine nature, et ce sont de vrais petits chef-d’œuvres architecturaux, quotidiennement maintenu de manière impeccable. Il y aurait matière à faire un album photo sur le sujet, le plus éloquent d'entre eux étant certainement celui de Kawakawa (voir photo ci-dessous), une création toute en mosaïque de l'architecte Unterwasser.






Après ce premier périple dans l’Île du Nord, Capucine et moi rendons notre van à Auckland et prenons un bus à destination du Parc National du Mont Tongariro. Nous partons en montagne faire le tour du Mont Ngauruhoe, le fameux Mordor du film Le Seigneur des Anneaux. Le 1er janvier, nous dormons dans le refuge de Outerere : que rêver de mieux pour commencer l’année en beauté !







Cette randonnée est l'une des neuf Great Walks de Nouvelle Zélande et le trek est parfois un peu trop aménagé à mon goût : passerelles, escaliers, refuges confortables... Cependant cette marche reste assez physique quand on la fait en seulement deux jours : une cinquantaine de kilomètres et environ mille mètres de dénivelés positifs et négatifs  Ce n'est pas facile pour Capucine qui n'a pas l'habitude de marcher en montagne, mais elle tient bon. Heureusement, les conditions climatiques sont optimales : un soleil éclatant et une visibilité parfaite sur les monts Ngauruhoe (2287 m) et Ruapehu (2797 m), qui se font face, l'un tout noir et l'autre blanc de neige.







 Après ces premières semaines en Nouvelle Zélande  ce qui nous a le plus touché est l’amabilité des Kiwis, qui, de surcroît  adorent la France. Et c'est bien réciproque  si on en juge par le nombre de nos compatriotes présents dans le pays, certainement en seconde position après les Allemands. Depuis quelques années un " Working Holiday Visa " a été mis en place pour permettre aux jeunes de moins de trente et un ans des autres pays occidentaux - beaucoup d’européens et quelques Sud Américains - de pouvoir venir séjourner un an dans le pays, tout en travaillant. Très malin de la part de la Nouvelle Zélande  qui attire ainsi une main d'oeuvre éduquée et pleine d’énergie pour faire marcher le pays, ces travailleurs dépensant généralement sur place tout l'argent qu'ils gagnent. Inversement, c'est une excellente expérience pour ces jeunes, dont l'avenir est souvent aléatoire dans leur pays d'origine actuellement en crise.





Concernant les Maoris, la Nouvelle Zélande semble avoir beaucoup évolué depuis le Tribunal de Waitangi de 1975. Aujourd'hui, l’état néo zélandais reconnait les injustices commises contre le peuple premier du pays et la supercherie du Traite de Waitangi de 1840, qui avait dépossédé les Maori de leurs terres, au profit de la couronne d'Angleterre. Aujourd'hui la culture maori est omniprésente dans les musées,  les médias,  les sites touristiques. Mais ce mea culpa est sans doute un peu tardif car, depuis longtemps, la culture occidentale a remplacé la culture ancestrale, qui a été reléguée au rang folklorique. Le pays affiche cependant, de plus en plus fièrement, son identité métisse issue des deux cultures.



Après notre escapade en montagne, nous prenons un train pour Wellington, car c'est la fin des vacances de Capucine. Par un beau weekend ensoleillé, nous découvrons une ville de bord de mer, jeune, sportive et ludique. Le lundi 7 janvier, Capucine s'en retourne déjà. Et seulement trois jours plus tard, un nouvel ami, Max, va débarquer ici. C'est étrange et enrichissant de retrouver des proches ainsi, deux ans et demi plus tard, à l'autre bout du monde, confrontant l’évolution que m'a procuré ce voyage avec la leur et me rappelant la vie que j'ai laissé derrière moi en France.


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