Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

dimanche 20 avril 2014

La suite du voyage : Bangkok-Paris à vélo...


Le départ de Bangkok
Après quelques mois de voyage, mode backpacker, en Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Laos et Cambodge, mon vélo commence à me manquer sérieusement. Il est grand temps pour moi de retrouver ma monture, que j'avais renvoyé en France en arrivant à Santiago du Chili en juin 2011. Aujourd'hui, je compte revenir en Bretagne par ce merveilleux moyen de transport.
Premiere difficulté : affréter ma bicyclette sans que cela me coûte les yeux de la tête, car tous les produits étrangers introduits en Thaïlande sont taxes de manière rédhibitoire. Heureusement, grâce à une logistique hors-paire pour l'envoi depuis la France et grâce à mes amis Thailandais Tumd et Makok, pour la réception en Thaïlande, j'arrive à m'en sortir à moindre frais. Cela me prend tout de même 10 heures de négociations et de démarches diverses dans une cinquantaine de bureaux différents de la gigantissime zone fret de l’aéroport de Bangkok !
Deuxième difficulté : Pour la première fois de mon voyage, je dois envisager un itinéraire et un planning, conciliables avec les demandes de visas préalables et les saisons praticables. Compte tenu des frontières terrestres fermées (Birmanie, Inde), des zones de restriction (Chine) et des pays devenus infréquentables (Pakistan : 6 policiers tués alors qu'ils escortaient un cyclo-randonneur en janvier dernier), le chemin qui s'impose est d'emprunter l'une des Routes de la soie, passant au sud du desert de Gobi. Depuis le nord du Laos, il s'agit de remonter vers le nord afin de contourner le Tibet, puis de bifurquer a l'ouest pour rejoindre l'Asie Centrale au niveau du Kazakhstan. C'est un bon petit détour mais ce parcours à surtout l’inconvénient de traverser, un à un, tous les plis et replis des contreforts himalayens... bref, de bons dénivelés quotidiens en perspective !
Troisième difficulté : aurais-je la capacité physique de faire cette route après presque trois ans sans être monté sur un vélo ? Comme on ne peut pas avoir réponse à tout, je laisse cette dernière question en suspend, en me disant : on verra bien ! Ma seule réelle préparation est donc d'ordre psychologique, en me régalant de l'admirable cuisine thaïlandaise, que ne cesse de me faire découvrir Tumd, la voisine du  magnifique appartement Okedok, que mon ami Tof a la gentillesse de me prêter, au centre de Bangkok.

Quoiqu'il en soit, la route du retour commence et j'estime dorénavant pouvoir réintégrer la "Mère Patrie" durant le printemps 2015 !



Reprise du vélo en Thaïlande
La veille de mon départ, une coïncidence veut que je retrouve un jeune cousin à moi, Timothée, qui s’apprête à faire la même route que moi en tandem ! Il compte partir un mois plus tard mais, jeunesse oblige, il devrait me rattrapper en chemin, sans doute en Asie Centrale. Après avoir baptisé ma bicyclette, qui n'avait pas encore de nom - Elle s'appelle dorénavant Cornelia - le jeudi 20 mars, je quitte Bangkok sous les bons auspices de ce premier jour du printemps. A peine suis-je remonté sur ma monture, qu'un plaisir immense m'envahit : voyager à vélo procure un vrai sentiment de liberté. Pourtant, la chaleur est accablante : 40 degrés à l'ombre et je roule 6 heures par jour sous un soleil de plomb. Je bois 7 litres d'eau par jour et je suis obligé de faire une pause toutes les heures pour éviter la surchauffe. Heureusement, le terrain est quasiment plat et, tout au long du chemin, il y a de délicieuses petites gargotes de cuisine thaï, ce qui me permet de reprendre quelques forces. Après 800 kilomètres en 9 jours de route, à travers l'Isan champêtre, je traverse enfin le Mékong et arrive à Vientiane, capitale du Laos.

PS : Pourquoi "Cornelia" ? Parce qu'elle a des cornes de Brava (vachette camarguaise d'origine espagnole), qu'elle est noire comme une corneille, que nous entretenons une relation cornélienne !


Nord du Laos et premières montagnes
Je passe une semaine à Vientiane pour y faire ma demande de visa pour la Chine. C'est sans doute la semaine la plus chaude de l'année ( peut-être de tout mon voyage ! ) et les températures sont éprouvantes. Mais cette pause me fait du bien et je reprends des forces dans les délicieux restaurants de cette ville gastronomique. Puis, samedi 5 avril, Cornelia et moi reprenons la route en direction du nord. La dernière nuit avant mon départ, éclate un monstrueux orage, marquant les prémices de la saison des pluies. Depuis, chaque nuit, il pleut un peu. Cela a l'avantage de rafraîchir atmosphère matinale, avant que la chaleur n'augmente tout au long de la journée. Mais comme j'attaque les massifs montagneux, les températures sont devenues supportables. Je ne bois plus que 4 litres par jour. Ce qui est dur maintenant, ce sont les cotes ! Les deux premiers jours, je traverse de belles petites collines mais, après Vang Vieng, ou je ne m’arrête qu'une journée, je traverse d’impressionnantes montagnes. Le plat n'existe plus,le dénivelé entre Vang Vieng et Luang Prababang étant de 3000 mètres positifs et 3000 négatifs, repartis sur 230 kilomètres. Trois jours durant, je ne fais que monter ou descendre. Et parfois ces pentes durent pendant 25 kilomètres ! Une ou deux fois par jour, je gravis l’équivalent d'un Col du Lautaret, avant de redescendre jusqu'au fond de vallée suivante. Démoralisant ! Mais le pire est que ces pentes sont extrêmement raides car la route est une ancienne piste bitumée, qui n'a pas été conçue avec un pourcentage de dénivellation ordinaire. Le total de mon équipage, moi compris, étant de 115 kilos, je ne cache pas que c'est assez physique ! Cela dit, malgré la brume, qui voile souvent les panoramas, les paysages sont magnifiques. Cette Route 13 est mythique pour les cyclistes, qui viennent du monde entier pour la parcourir. Sur la section Vang Vieng - Luang Prabang, je rencontre un ou deux cyclo-randonneurs par jour, la plupart d'entre eux ne faisant qu'un petit tour au Laos ou en Asie du sud-est. Les Laotiens sont extrêmement chaleureux et ils m'encouragent tout au long du chemin, en particulier les enfants, tout sourires. Ils se précipitent dès qu'ils me voient pour me dire : sabaidii ! (bonjour ! ) et veulent tous me taper dans la main. Et puis, la récompense d'une descente de 25 kilomètres de long fait vite oublier les efforts fournis à la montée. Enfin Pi Mai (le nouvel an laotien) commence dans quelques jours et les jeux d'eau associés à cette fête n'ont pas attendu. Il s'agit d'asperger les autres pour honorer le retour de la saison des pluies. Alors un farang (étranger) qui, de surcroît, circule à vélo, c'est un peu la cible à mille points. Toute la journée, je me prends donc des seaux d'eau dans la figure, ce qui est bien marrant et bien rafraîchissant. Pi Mai étant particulièrement fêté dans la région, je vais peut être m'acheter un pistolet à eau pour pouvoir riposter.
Vendredi 11 avril, j'arrive à Luang Prabang, où je retrouve la chaleur de la vallée du Mékong. J'y reste quelques jours afin de me reposer un peu, de visiter cette ancienne capitale du Laos, très jolie, bien que très touristique, et surtout de participer au Nouvel An Laotien, qui est particulièrement fêté dans cette ville. Les Laotiens, d'une nature habituellement réservée, sont méconnaissables. Tous les jeunes viennent à Luang Prabang pour fêter Pi Mai, qui se transforme ici en une espèce de gigantesque carnaval de rue. Déguisés, peinturlurés, enfarinés et passablement éméchés, tout le monde se livre à une guerre d'eau généralisée, qui dure toute la semaine du Nouvel An. Certains font le tour de la ville dans des pick-ups avec de la musique électro à fond, d'autres arrêtent les voitures en dansant dans la rue et tout le monde est absolument trempé du matin au soir, ce qui est très agréable par 40 degrés. Au milieu de celà passe des chars des différentes tribus du Laos, celui de la nouvelle Miss Laos et celui des moines bodhisattva en robes oranges, qui organisent des cérémonies particulières dans les temples.
Après ces jours de folie urbaine, je reprends la route en direction de la Chine. La section suivante jusqu'à Udomxai est particulièrement pénible car l'ancienne route goudronnée est redevenue à l’état de piste en piteux état et elle traverse des montagnes toujours aussi difficiles. Et dire que ceci n'est qu'un aperitif de ce qui m'attend ! Je flippe un peu pour la suite. Cette fois, il n'y a plus de touristes, ni de cyclo-randonneurs. Les habitants des montagnes sont plus timides mais je continue à me faire saluer à longueur de journée comme une véritable pop-star. Souvent on m'offre à boire ou on m'invite à partager un repas. Bref, j’enchaîne les moments de désespoir et d'euphorie, ce qui, sans doute, ne va pas l'un sans l'autre.
Je ne suis plus qu'à 93 kilomètres de la frontière chinoise. Après le chaud, je risque bientôt de rencontrer plus de fraîcheur dans les montagnes à venir, avant certainement le froid, la neige, la glace... Brrr... Si j'arrive à obtenir une prolongation de visa, j'espère pouvoir rester deux mois en Chine et être en Asie Centrale à partir du mois de juillet. D'ici là, ce me sera sans doute difficile de pouvoir donner des nouvelles.




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