Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

lundi 4 août 2014

Les montagnes du Kirghizstan



Le 19 juin, je rentre au Kirghistan, à vélo depuis Kashgar (sauf 140 kilomètres de Ullugat à la frontière, car les douaniers chinois imposent aux cyclistes de prendre un transport motorisé sur cette section). La traversée de la cordillère des Tian Shan, surnommés les Monts Célestes, par le col de l'Irkesham, est d'une incroyable beauté. Ici la route de la soie a la taille d'une départementale. Elle longe le massif du Pamir, surnommé le Toit du Monde, en se faufilant entre des cimes enneigées qui dépassent les 7000 mètres d'altitude.

La chaîne des Tian Shan, marquant la frontière avec la Chine, occupe un tiers du Kirghizstan.
Première nuit aux pieds des Pamirs...
et redescente vers Osh, dans la vallée du Fergana...
au travers de prairies verdoyantes parsemées de yourtes.

Puis la route redescend doucement en fond de vallée, jusqu'à Osh. Je m'y repose quelques jours. En chemin je traverse les jailoo, prairies d'altitude où les éleveurs kirghiz viennent planter leurs yourtes durant les mois estivaux afin d'y faire paître leurs troupeaux de moutons et de chevaux. En arrivant de Chine, à tous points de vue, le contraste est total ! Et déjà je commence à retrouver une certaine parenté occidentale, tant culturelle que linguistique, avec les nouveaux peuples que je rencontre.

De Osh au lac de Issy Kul...
en passant par Kazarman et Song Kul...
350 kilomètres de piste en piteux état...
toute en dénivelés.
 
Après Osh, je dois faire un détour par Bichkek, afin d'y faire mes demandes de visas pour les pays suivants. Pour ne pas emprunter deux fois la même route, je traverse le pays sur une piste en mauvais état qui longe les Tian Chan, au travers d'une région uniquement habitée par les éleveurs durant la saison d'été. La route de caillou est particulièrement difficile avec plusieurs cols bien raides. Mais les paysages sauvages sont fantastiques. Après avoir franchi la chaîne de Fergana, je rejoins le lac d'altitude de Song Kul, où je retrouve Ana et Andy, un couple d'Allemands voyageant en van. N'ayant plus de réchaud, cela améliore mon quotidien alimentaire car voilà une semaine que je mange des boites de conserves froides avec du pain rassi, suivi d'un délicieux café soluble également froid, sauf lorsque les éleveurs de chevaux m'invitent à partager leur repas dans leurs yourtes.

 Réveil matinal par une bande d'indiens faisant la farandole autour de ma tente...
 Quand nomades allemands et nomades kirghiz se rencontrent...
 ils s'invitent dans leurs caravanes respectives.

Mon détour me mène jusqu'à l'extrémité occidentale du lac d'Issy Kul, le second plus grand lac de montagne au monde. Puis je rejoins finalement la capitale kirghiz. Après 15 jours de camping sauvage, le retour à la civilisation et à la conduite urbaine demande un moment d'adaptation mais la ville, relativement verte, est plutôt agréable. Très russifiée, la mixité ethnique y est incroyable. Au milieu de la route de la Soie, le Kirghizstan a toujours été un carrefour où se sont rencontrés différents peuples venus de Chine, de Perse, de Sibérie, de Turquie... Puis Staline a découpé l'Asie Centrale en frontières totalement aléatoires, afin de diviser pour mieux régner, laissant,  à l'indépendance des pays, une carte géopolitique sans logique. Aujourd'hui, la population de Bichkek se compose aussi bien des gens d'origine Kirghiz que Russe, Ukrainienne, Ouzbek ou Kazakh et des tensions éclatent parfois entre les différentes communautés. C'est un étonnant mélange culturel, où la population semble plus encline à la vodka qu'à la pratique de la religion musulmane.

Le lac de Song Kul, à 3000 mètres d'altitude...
C'est so cool !
But quite fresh at night.

Le Kirghizstan est plein de cyclo-voyageurs venus du monde entier, soit pour quelques semaines de vacances, soit en chemin dans un voyage au long cours. Je n'en ai jamais autant rencontré de tout mon voyage : un par jour en moyenne ! C'est vraiment un mode de voyage qui connait actuellement une expansion fulgurante. A Bichkek, il y en a des dizaines au transit, prenant quelques jours de repos en attendant un visa Chinois, Kazakh, Ouzbek, Tadjik ou Russe. Je retrouve là quelques connaissances : Pascal avec qui j'ai voyagé 15 jours en Chine, Susana une Espagnole qui rentre dans son pays depuis la Thaïlande (et oui, on commence aussi à rencontrer quelques filles qui voyagent seule à vélo et sans doute de plus en plus : allez les filles !), Chris un Anglais faisant son deuxième tour du monde à bicyclette avec, à ce jour, plus de 70 000 kilomètres au compteur (!!!), Tom parti il y a deux ans de Belgique... et bien d'autres encore aux parcours souvent impressionnants. C'est une vraie nouvelle tribu de nomades contemporains. Nous sommes une quinzaine à  avoir planté nos tentes dans le petit jardin d'Angelina et Nathan, un couple bulgaro-canadien on ne peut plus accueillant. Après avoir pas mal bourlingué, ils se sont posés ici il y a quelques mois, ouvrant leur maison aux voyageurs à vélo. Et c'est vraiment le paradis du cycliste !

Tom, Pascal et Susana
Camp de base


En attendant mes visas ouzbek et iranien, je pars quelques jours randonner en montagne avec Susana, Nathan, Pascal, Tom, Anaïs et Manu, un jeune couple de Français voyageant en tandem. Nous partons tous ensemble à vélo, à une cinquantaine de kilomètres de Bichkek, dans la chaîne de l'Alatau, qui surplombe la capitale kirghiz. C'est une véritable cyclo-expédition qui ne passe pas inaperçue ! Après une première nuit au bord de la rivière Ala-Archa, nous montons poser nos tentes au camp de base, installé au pied du glacier. Le lendemain, nous partons escalader le Mont Uchitel, culminant à 4570 mètres d'altitude. Après 2500 mètres de dénivelés, la plupart du temps dans un pierrier bien raide, nous atteignons les neiges éternelles du sommet. Ce site magnifique était une base d'entrainement de l'Union Soviétique et, aujourd'hui, il demeure très fréquenté par les montagnards russes.



Au sommet de l'Uchitel
De retour en vallée, on s'effondre sous un arbre,
avant une invitation impromptue à un pic-nique matinal kirghiz, arrosé de vodka.

Après plus de trois semaines passées à Bichkek et ses environs, j'obtiens enfin mes visas pour l’Ouzbékistan et l'Iran. Le 6 août, Pascal et moi allons reprendre la route ensemble, direction Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, où nous devons encore faire la demande d'un visa de transit pour le Turkménistan. En Asie Centrale ces démarches administratives sont kafkaïennes, en particulier l’été où les jours fériés se multiplient, alors que la présence touristique est la plus importante.





Plus les semaines passent, plus il y a de cyclo-voyageurs à Bichkek. Comme nous, ils restent souvent là, coincés quelques temps, à attendre un visa pour l'un des pays voisins. Après des mois de voyage en solitaire, c'est surprenant et bien marrant aussi de se retrouver à la terrasse d'un café avec une dizaine d'autres cyclistes, à partager nos différentes expériences. Une chose est sure, le voyage à vélo a de beaux jours devant lui !

Intérieure d'une yourte kirghiz

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