Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mardi 17 mai 2011

Les bodegas de Mendoza





Après avoir traversé une partie des provinces de Buenos-Aires, de Santa-Fe, de Cordoba et de San-Luis, après 15 jours de vélo et 6 jours de pauses, j'arrive enfin à Mendoza. Je trouve une ville très agréable. Pour réduire les risques, en cas de séisme, des constructions basses bordent de très larges rues, plantées de grands arbres, ce qui offre une urbanisation aérée et verdoyante.




A la différence des Pampas, comme la ville est touristique, il y a pas mal d'auberges de jeunesse, officielles ou fac-similées. Avec trois semaines de route dans les pattes, je suis heureux de retrouver l'ambiance propre à ces établissements. Quand on y séjourne en dortoirs, les auberges constituent généralement le meilleur rapport qualité-prix qu'on puisse trouver. Elles sont tenues par des jeunes branchés de la ville, souvent étudiants, qui diffusent toute la journée, dans les parties communes, une musique internationale de qualité. Le plus souvent, elles sont propres et aménagées avec goût. L'ambiance est très conviviale car on y partage les équipements communs. Outre le séjour, le cuisine et la salle-de-bains, il y a souvent un pôle internet, une table de ping-pong, un billard ou une petite piscine et, invariablement, un petit bar. A l'happy hours, cet endroit constitue le principal point de ralliement des résidents, oú s'échangent les bons plans et s'organisent les sorties nocturnes. La clientèle a entre 20 et 30 ans. Pour ma part, je commence un peu à faire office de vieux baroudeur en ces lieux, même si je croise toujours un ou deux routards plus agés, quinquagénaires, sexagénaires parfois, comme pour me rassurer sur le temps qui passe.








Depuis que je suis parti de France, j'ai dormi, grosso modo, un tiers du temps dans de petits hotels ou en auberge de jeunesse, un tiers du temps sous la tente et un tiers chez l'habitant. Dans ce dernier cas, je ne suis encore jamais allé frapper à la porte de maisons inconnues. Pour l'instant, j'ai toujours été invité, soit chez des amis que je connaissais auparavant, soit par des gens rencontrés sur ma route et que je souhaitais découvrir davantage. Alors, chaque fois, ce sont des endroits où je suis resté plusieurs jours. Je n'ai pas encore pratiqué le couch-surfing mais je compte m'y mettre prochainement pour élargir mon panel d'hébergements.





En ce moment, je suis hors de la saison touristique et l'auberge que je trouve est quasiment déserte. J'ai un dortoir pour moi tout seul ! Je rencontre tout de même un Suisse-Allemand très sympa, Tim, et nous décidons de partir ensemble à la découverte des fameux vins argentins, en particulier de cépage malbec, trés développé ici. Vicky, notre charmante guide, nous enmène en voiture dans plusieurs bodegas, à Luján de Cuyo. Nous visitons d'abord la propriété Achaval Ferrer, où nous goutons au Malbec, au Quimera, au Fixa Mirador puis au Fixa Bellavista. Chez Decero, dont le propriétaire est Suisse, nous testons le Malbec 2009, le Cabernet Sauvigon 2008 et le Petit Verdot 2008. Après ces deux premiers établissements assez classe, Vicky nous conduit chez Carmelo Patti, un petit producteur plus traditionnel. Ce dernier nous offre un verre de son Malbec 2006, puis de son Cabernet Sauvignon 2006 et enfin nous fait découvrir la création dont il est le plus fier, son Gran Assemblage 2003. Carmelo est un passioné et le vin qu'il élabore est plus proche du goût des vins français. Ce dernier producteur remporte notre suffrage sur les deux précédents. En fin de journée, après toutes ces découvertes gustatives, nous ne sommes plus capable de faire qu'une chose : rentrer à l'auberge faire une bonne sieste, pour ne pas dire cuver notre vin !








Mendoza est aussi une ville à la vie nocturne animée mais je ne suis pas dans l'état d'esprit de sortir, Tim non plus. L'un comme l'autre, nous sommes un peu fatigué des ambiances superficielles et des virées nocturnes entre touristes. La motivation de bon nombre d'entre eux est de chercher une conquête locale, à ajouter à leur tableau de chasse, comme on achète un souvenir de vacances.


De plus, je ne souhaite pas trop m'attarder ici. Je sens, de jour en jour, l'hiver s'installer et je ne veux pas trop tarder à franchir les Andes, avant qu'il ne fasse trop froid.

mardi 10 mai 2011

Villa-Mercedes : el Comedor Cuidad Jardin



Près de Villa-Mercedes, alors que je roule sur une voie latérale de la rota 7, je me fais arrêter par le conducteur d'un vieux pick-up Ford : " Bonjour, je vais aider une association qui prépare à manger à des enfants d'un quartier pauvre, pas loin d'ici. Si cela t'intéresse de venir voir, suis moi ! " Je regarde le type dans le fond des yeux et il me semble honnête, alors je le suis sur une piste en terre, qui dessert le barrio Ciudad-Jardin, un quartier qui tient plus du bidonville que du lotissement. L'homme, s'appelle Julio-Cesar ! Il est concessionaire automobile et s'investit dans l'association Comedor Ciudad Jardin, fondé il y a quelques années par Mabel, autour de sa propre maison. L'action de cette femme est remarquable. Elle est arrivée à mobiliser une trentaine de personnes qui viennent, à tour de rôle, offrir, préparer et servir, trois fois par semaine, des repas à une centaine d'enfants de son quartier. La plupart des bénévoles sont des habitants de Villa-Mercedes mais certains viennent de loin, de Buenos-Aires par exemple, pour passer une journée sur place.




Naturellement, je propose aussi mon aide et donne un coup de main aux personnes présentes. Ce jour là, il n'y a quasiment que des femmes et elles me font un accueil plus que chaleureux. On rigole bien. Nati, une jeune avocate, m'adopte officiellement comme son novio de Paris. Les enfants, quant à eux, sont aux anges et me font la fête. Un Français qui passe leur rendre visite à vélo, c'est bien la première fois. Alors je sors mes cartes et leur explique mon voyage. Puis je leur fais faire un tour, quatre à la fois, sur mon vélo. Je suis l'attraction du jour ! Julio me propose de m'héberger et je reste finalement quatre jours à Villa-Mercedes, aidant un peu au Comedor et partageant la vie de mes nouveaux amis.



Je fais la connaissance de deux de ses frères, Javier et Deivi. Javier est journaliste et fondateur d'un journal mensuel local, El Otro Diario, dans lequel je vais écrire un article qui paraitra le mois prochain. Les après-midi, nous allons au campo, un terrain familial, à quelques kilomètres de Villa-Mercedes, où Julio et ses frères sont en train de se construire une maison de campagne. Avec Luciano, le photographe du journal, on s'amuse à faire des photos un peu délire. Chaque soir je suis invité par quelqu'un de différent, un asado chez Mariana, un plat traditionnel mijoté par Ermando, un diner chez Claudia. A chaque fois, l'ambiance est très marrante. On chante des ritournelles, on récite des poèmes grivois et on raconte des histoires cochonnes.



Le samedi soir, la petite bande m'emmène aussi dans la boite branchée de la ville, un silo à grains, superbement réhabilité de manière très design, par un ami architecte de Nati. Julio dit à tout le monde que je suis son cousin de France, venu lui rendre visite à vélo. Ici, " accueil " et " solidarité " veulent encore dire quelque chose. Ermando, le voisin du campo, m'explique : " Tu es chez les vrais Gauchos. Nous, quand on apprécie quelqu'un, on l'adopte et il fait partie de la famille pour toujours. Où que tu sois en pays gaucho, il ne pourra rien t'arriver, si tu as un problème, tu nous appelles et nous trouverons une solution pour t'aider. "






La veille de mon départ, à mon insue, Julio a contacté des journalistes et je me retrouve à devoir répondre, en Castillano, à un interview pour la télévision locale ! Bon, il parait que j'étais compréhensible... Elle est passée le lundi 9 mai, à la fin du journal du soir sur TVEO, la chaine de la ville, apparement très regardée ici. Moi, je ne me suis même pas vu, car au même moment, Javier m'avait organisé un rendez-vous avec Christine, la directrice de l'Alliance Française locale ! Mais, quand je suis sorti en ville pour acheter un nouveau ballon de foot aux gosses du Comedor, c'était assez comique, je rencontrais des gens qui me disaient : " C'est toi qui voyage à vélo ? On t'a vu à la télé ! " Du coup, j'ai pu négocier un bon prix pour le ballon.




Mais l'hiver arrive et je me sens déjà bien en retard dans la saison pour pouvoir franchir les Andes. Alors, le lendemain, malgré la tristesse que j'éprouve à devoir quitter mes amis, je reprends ma bonne vieille rota 7. En fait, cette dernière, après Villa Mercedes, s'est transformée en belle autoroute : une deux fois deux voies, avec de magnifiques bandes d'arrêt d'urgence, où je peux rouler en toute sécurité. Le pied ! Quand je roulais, il y a 10 mois de cela, sur mes petites départementales françaises désertes, je n'aurais jamais pu penser qu'un jour j'allais prendre autant de plaisir à fréquenter une autoroute à vélo ! Le paysage défile et je ne mets que quatre jours à atteindre Mendoza.





Si vous souhaitez aider, d'une manière ou d'une autre, l'action de Mabel et son association, Comedor Ciudad Jardin, à titre indicatif, la préparation d'un repas pour une centaine d'enfants revient à environ 100 euros. Vous pouvez rentrer en contact avec elle :
ciudadjardincomedor@hotmail.com.ar



Cette semaine les photos sont celles de Luciano Amaya, ci-dessus, j'ai perdu les miennes !

vendredi 6 mai 2011

Traversée des Pampas



Les photos de cet article concernent uniquement la route entre San-Luis et Mendoza car, suite à une mauvaise manip' informatique, j'ai perdu toutes les autres. Décidément je ne suis vraiment pas doué dans ce domaine ! Pour le reste vous n'aurez que des mots pour vous faire une idée. Cet article a également failli disparaître du blog ! Heureusement Pascal-parapente, mon super webmaster parisien est arrivé à me le récupérer de justesse. C'est à lui aussi que vous devez la nouvelle mise en page. Je remercie aussi mon ami Stanko qui relit avec attention mes messages et corrige les coquilles, car c'est pas toujours évident sur mon chemin de trouver des ordinateurs de qualité.


Avant de quitter Buenos-Aires, je ne peux m'empêcher de faire un dernier tour (de 20 kilomètres ! ) dans la capitale pour dire au revoir à ma ville de naissance. Je repasse par les avenues 25-de-Mayo, 9-de-Julio, Cordoba et, sur les bords du Rio de la Plata, je regarde encore une fois ces eaux qui plongent dans l'Atlantique. Je ne reverrai pas cet océan, avec lequel j'ai vécu presque un an, avant mon retour en Bretagne, dans un futur que je ne saurais déterminer. Quand je quitte finalement le Centro, il est déjà midi. Comme à chaque nouveau départ, à peine suis-je remonté sur mon vélo, qu'un grand sentiment de liberté m'envahit. Le soleil automnal est radieux et les feuillages des arbres commencent à rougir. La température, d'une vingtaine de degrés, est idéale pour rouler. Mais à 18h30, la nuit tombe déjà. J'ai fait 85 kilomètres et je suis encore dans la banlieue de cette ville tentaculaire ! Ce soir, le coin est un peu sordide et ce n'est pas évident de trouver un endroit où crècher. Le lendemain, après la ville de Lujan et quelques contours de "plats de spaguettis" autoroutiers, je trouve enfin le début de la mythique Route Nationale 7, qui traverse l'Argentine d'Est en Ouest. En quittant l'urbanisation, je me crois sauvé, mais les jours suivants ne sont pas faciles. J'ai des courbatures et des rougeurs aux fesses, comme si je n'avais jamais fait de vélo. La vie de cycliste, quoi ! Et ma belle route est, en fait, une pauvre nationale, très étroite, sans bandes d'arrêt d'urgence où avancer sereinement. Surtout elle est extrèmement fréquentée, en particulier par des poids lourds ! Dur.

Sur cette route, le seul endroit où je peux me positioner pour éviter de géner les automobilistes, c'est le petit reliquat de bitume, large d'une dizaine de centimètres, situé entre la bande blanche, délimitant la chaussée, et l'herbe. Pour me rendre ce lieu intermédiaire plus avenant, je l'appelle mon "estran" et je m'imagine être un acrobate devant rouler au sommet d'un mur de brique. Sur mille kilomètres, avec 110 kilos à mouvoir, c'est du sport ! Cela demande pas mal d'équilibre et de concentration. J'ai parfois l'impression de dépenser autant de force dans les bras que dans les jambes. Ensuite, une fois sur ce cap, les voitures peuvent me doubler sans problème, mais pas les camions, trop larges, quand un véhicule arrive en face. A partir de là, tout se joue avec un oeil rivé dans le rétroviseur. Le jeu consiste à sauter dans l'herbe dès qu'on voit un camion dans le rétro avec un autre véhicule qui arrive en face, c'est à dire en moyenne, toutes les dix minutes. Et il faut alors se jeter dans l'herbe avec une certaine dextérité. En affrontant, à vive allure, un nouveau terrain incertain, les sacoches ont toujours le risque de se décrocher. Bref, c'est un peu comme jouer à la Play-Station sauf que je n'ai qu'une vie ! Pour compliquer les choses les jours suivants, le temps se met à changer. D'abord il fait plus frais, puis carrément froid. Je sors la polaire et le bonnet. Puis deux jours de pluies battantes viennent me rafraîchir définitivement les idées : oui, dans cet hémisphère, l'équivalent du mois de mai, c'est bien novembre ! Qu'importe : " No soy de azucar ! " J'accepte mon sort avec fatalisme, en essayant de trouver une beauté dans chaque chose : " S'il pleut, ce sera bon pour l'agriculture ! " Quand la pluie s'arrête, l'herbe du bas côté s'est, évidement, transformée en boue et c'est une autre affaire : il faut éviter les glissades. Puis c'est le vent qui se met à souffler, et fort, diminuant ma vitesse journalière de moitié, pour deux fois plus d'efforts. J'apprends alors à surfer les turbulences aérologiques que laissent les camions sur leurs passages et le vélo me semble un vrai sport de glisse ! Pour garder l'esprit en alerte, je m'impose un arrêt toutes les heures et je fais de petites étapes de 74 kilomètres par jour en moyenne. Pour que la route me semble moins longue, je la divise. Si un jour, j'ai 90 kilomètres à faire, je n'en ai que 45 pour arriver à la pause de midi. Je me dis alors que cela ne fait que trois petites étapes de 15 kilomètres. Une autre fois, je compte en aller-retour à Fouesnant depuis la maison de ma mère, 12 kilomètres. Pour 24 kilomètres, je me dis : " Quel étourdi, j'ai oublié le pain ! " Ainsi je ne conçois l'effort que dans l'instant présent. Le soir, je m'offre souvent une bonne grillade pour reprendre des forces et pour varier des milanesas et des enpanadas. Habituellement je suis peu carnivore mais ici, en Argentine, c'est vrai qu'il y a la meilleure viande du monde. A Rufino, pour échapper au trafic de la nationale, j'hésite à obliquer ma trajectoire vers le sud, par des petites routes et des pistes, en direction de San-Rafaël. Mais l'hivers arrivant et le temps incertain me font craindre de me retrouver un jour embourbé au milieu de nulle part et je renonce finalement à cette idée.


Heureusement, au fur à mesure des jours, le temps redevient plus clément : La route, elle, reste toujours autant fréquentée mais je prends mes habitudes. Comme n'importe quel travailleur, je me lève pour faire mes heures de labeur quotidien. Chaque matin, je reprends ma bonne vieille Rota 7, qui traverse le monotone paysage de la Pampa, sempiternellement plat. Cette campagne ressemble grandement à la Beauce, mais à une échelle décuplée. L'étendue infinie de ce paysage dégage une certaine poésie chargée de nostalgie. Je compte les chiens errants écrasés, à moitié bouffés par leurs congénères survivants, à peu près un tous les cinq kilomètres, et les bouteilles d'urine jetées par les camionneurs, cinq fois plus nombreuses que les chiens. Et je me fais peu à peu à la beauté particulière de cette région, à ces odeurs, parfois de putréfaction : " Tiens ! Je sens que je vais bientôt voir un chien écrasé ! " A l'image du paysage, les petites villes que je traverse semblent également toutes similaires. Elles suivent un même plan, en cuadras de 100 mètres de côté, aucunement altéré par la géographie. Elles se fondent autour d'une place centrale où sont réunies les édifices institutionels et les rues portent toujours les mêmes noms : 25-de-Mayo, 9-de-Julio, San-Martin, Rivadavia, Yriguyen... Ici, contrairement à Buenos-Aires, il est impossible de se perdre. On se repère tout de suite et cela accélère les sentiments d'appartenance et d'apropriation de ces espaces. Toutes ces villes sont vivantes le matin, désertées dans l'après midi et très animées entre 18h00 et 21h00. Pourtant, malgré cet urbanisme très modèlisé et cette temporalité codifiée, chacune de ces villes a son identité propre. Les ambiances qui s'en dégagent sont à chaque fois différentes, le seul point commun étant la cordialité naturelle des Argentins. Sur la route, je commence aussi à apprécier l'apparente monotonie de ce parcours. Je me familiarise avec les camionneurs, comme on finit par se lier avec ses camarades de cellules. Finalement, ce ne sont pas de mauvais bougres. La grande majorité font preuve d'un grand professionnalisme. Généralement, ils conduisent plutôt bien et me font souvent des signes d'encouragement. Ce ne sont pas les seuls, du reste. Comme toujours en voyageant à vélo, je fais plein de rencontres insolites. Partout des gens me félicitent ou bien viennent à mon secours, qui d'une vis, d'un boulon, qui d'un coup de Kärcher pour laver mon vélo après la boue. Ainsi, j'ai le plaisir d'observer si je progresse un petit peu plus en Espagnol, bien qu'on me demande souvent si je ne suis pas Brésilien ! J'essaie de faire chaque jour une leçon de mon livre " Pratique de base de l'Espagnol " mais ce n'est pas toujours évident car j'ai un emploi du temps chargé : subvenir à mes besoins primaires, pédaler, rencontrer, écrire...

Cette description, des difficultés quotidiènes que je rencontre, n'est pas pour trouver des oreilles plaintives ou des yeux admiratifs, c'est juste pour vous montrer, pour une fois, l'envers du décor des belles photos que vous voyez, d'habitude, sur ce blog !


Alors : " Pourquoi s'imposer tout cela ? " diront certains. Parce que c'est un kiff ! Deleuze dit que la joie est de remplir une puissance, en distingant bien que le pouvoir est le plus bas degré de la puissance. Et selon lui, la tristesse est de subir un pouvoir extérieur à soi-même. Je me reconnais dans cette définition. Je me sens véritablement heureux quand je voyage à vélo parce que je suis puissant et libre.

J'éprouve beaucoup de plaisir à me retrouver à nouveau seul, car la route me permet de penser. En vivant pleinement l'instant, j'ai le temps de me souvenir du passé, d'analyser le présent et d'imaginer l'avenir. Après 40 kilomètres de vélo, le cerveau, restreint en énergie, devient plus efficace. Il va a l'essentiel. A 60 kilomètres, le cerveau reptilien prend le dessus. Le sixième sens s'éveille. J'entends instinctivement ce qui est bon pour moi. Une voix me dis : " Arrête-toi là, discute avec ce type, ici passe ton chemin ". A 80 kilomètres, l'esprit se purifie. Le visage s'ouvre, un sourire radieux l'illumine. Quand je m'arrête les gens disent alors : " ¡ Que buenas ondas tienes ! " Et moi ça me fait encore plus rire de voir leurs têtes quand je leur raconte mon voyage. A 100 kilomètres, ça devient vraiment dur et on ne peut plus avancer uniquement pour soi-même. On se met a rouler pour les autres, pour ceux qui ne peuvent pas faire cela, pour les handicapés, pour les prisonniers. Je pense qu'en voyageant, on va autant vers les autres que vers soi-même. C'est le chemin intérieur qui permet de faire une place à l'altérité. La sédentarité appelle à la recherche du même, du semblable. On se regroupe par communauté. On habite un quartier où les voisins sont comme nous et on construit une maison à notre image. Dans un jardin public, on va s'asseoir à côté de celui qui nous ressemble. En étant nomade, on est seul, on va vers soi-même et on est ouvert à la différence. Qu'importe le milieu, la culture, la croyance. On est en besoin d'apprendre de l'altérité. Alors tous nomades ! Et au diable les architectes avec leurs maisons !


Providence, nécessité et paresse. Parfois, sur mon vélo, je me dis : " Bon, quand mon horloge marque telle heure, ou quand mon compteur kilométrique marque tel chiffre, je fais une pause ! " Curieusement, à chaque fois, j'arrive à l'endroit idéal vis à vis du besoin précis que j'avais à ce moment lâ. Il y a le petit chemin qui me permet de quitter la grande route pour me reposer, la rivière pour me laver, l'arbre qui m'apporte son ombre pour le déjeuner, le banc inespéré pour écrire. Et en plus, c'est toujours un lieu charmant. La providence ! ? En fait, tout au long de mon chemin, il y avait mille endroits magnifiques mais je ne les voyais pas. J'étais concentré sur ma route et ces lieux ne m'étaient pas nécessaires. En réalité, on trouve toujours ce qu'on cherche. Quand on ne trouve pas, c'est qu'on ne cherche pas vraiment. La sédentarité rend les gens paresseux et les coupe de leurs besoins fondamentaux. Beaucoup de personnes ne savent même plus ce qu'elles cherchent car elles ont perdu le principe de nécessité. Les gens ne se donnent pas la peine de réfléchir par eux-même. Ils attendent des réponses toutes faites, même quand ils posent une question. Ils s'inscrivent dans des modèles existants et se coupent des solutions qui seraient bonnes pour eux. Après ils se plaignent de ne pas être heureux. Evidemment, les choses nouvelles à découvrir, il faut se donner la peine de les chercher.

lundi 25 avril 2011

Un Porteño à Buenos-Aires

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En avant propos, je dois dire : ce n'est pas un exercice facile que d'écrire ce blog ! Je m'y astreins pour tenter d'avoir une activité de réflexion par rapport à ce que je vis, pour m'interroger sur le sens que je souhaite donner à mon chemin. Je ne veux pas être uniquement dans la position de celui qui reçoit, mais j'ai besoin de sortir quelque chose de moi. Et puis je crois que cela me fait jubiler que de me dire que je peux, peut-être, faire rêver certains lecteurs. Mais je dois vous mettre en garde : il ne faut croire tout ce que je dis. Parfois, c'est uniquement pour essayer de vous faire planer au dessus de votre quotidien ! Et comment toucherai-je à la réalité, autrement que par touches, forcément subjectives ? On s'habille bien en fonction des circonstances. Mais après trois jours passés dans la rue, on est un SDF comme les autres. Alors quelle importance... Pourquoi ne pas vous laissez illusionner ?







Depuis deux semaines, je suis installé dans le quartier de Belgrano, chez Inès et Enrique, un couple d'amis Argentins de mes parents. Je prends enfin le temps de me poser un peu. Dans un voyage de longue durée, c'est important d'avoir des périodes plus calmes, où l'on s'arrête d'avancer, pour récupérer et pour penser. J'ai besoin de ces moments d'introspection plus solitaire, pour faire le point sur ce que j'ai vécu et envisager la suite de mon voyage. Je partage la vie de mes hôtes, j'essaie d'apprendre laborieusement l'Espagnol, j'écris sur des carnets, je réactualise ce blog et je fais de grandes marches dans les différents quartiers de Buenos-Aires.





Au cours de mes ballades, je m'imprègne de la ville où j'ai vu le jour. J'adore Buenos-Aires ! Par son architecture, autant que par son atmosphère, cette ville est très européenne. J'y retrouve, tout à la fois, des similitudes avec Barcelone, Madrid, Milan et Paris. Des immeubles en pierres de taille, d'un pur style haussmanien, font face à des constructions des années 60 et des tours new-yorkaises viennent narguer un Big-Ben inattendu. La plus large avenue du monde, 125 mètres, cotoye des arbres centenaires. Cette composition urbaine insolite donne un charme incroyable à cette cité, à l'esthétique pleine de raffinement et au caractère totalement envoûtant. Ce tissu composite s'admire depuis les terrasses qui surplombent certains immeubles, quand, au lever du jour, en nuances de gris, se révèle le skyline des toitures.







Comme dans de nombreuses villes d'Amérique, le maillage urbain suit la trame orthogonale et régulière d'un damier, que vient distraire quelques rares diagonales. Toutes les rues se prolongent à l'infini, vers un vide à la perspective toujours repoussée, comme si la ville avait le regard tourné vers son avenir, laissant espérer un au-delà où il resterait encore tout à construire. Pour trouver son chemin, une destination s'indique en nombre de cuadras à prendre sur la gauche et sur la droite, à partir d'une esquina. A priori, rien ne semble plus simple que de s'orienter dans ce genre de plan. Et pourtant, je me perds souvent. Un jour, je comprends que mon esprit français est habitué à un maillage en étoile, où chaque perspective à un aboutissement, toujours marqué par un point de repère, généralement une place avec un monument facilement identifiable. Inconsciemment, mon cheminement se fait alors, de manière cartésienne, du point A au point B, puis au point C. Ici, sans ces jalons, à la moindre altération du damier, je suis déboussolé !







Certains soirs, je sors, de manière très raisonnable cette fois, pour sentir l'ambiance vivante de Buenos-Aires. Sur les conseils de Gustavo, je vais voir Cesar Stroscio y Esquina en concert, un trio guitare-basse-bandonéon, qui développe harmoniquement des thèmes populaires de musique porteña. Vraiment très bien. Une autre fois je vais dans une milonga voir s'épanouir des danseurs de Tango. Je vis un peu comme un vrai Porteño. Je fais des courses. Je me rachète des chaussettes et des caleçons. Loin de la France, je me rends compte à quel point mon pays est vieux, tributaire du poids de son Histoire et emprunt de conservatisme. Je réalise aussi à quel point les Français sont râleurs. Au fin fond de la Patagonie, un esclandre dans un bus ou sur un bateau, je tends l'oreille : " Et gnain gnain gnain, et gnain gnain gnain... " Ce sont toujours des Français, venus, en dignes ambassadeurs, faire une démonstration de cet inénarrable talent en terre étrangère. Ici, souffle un vent de jeunesse et de liberté. L'architecture n'est pas figée par d'innombrables contraintes, les arbres ne sont pas taillés, la religion et la psychanalyse font bon ménage, et on peut fumer dans les taxis !







C'est incroyable de savoir que je suis né ici, dans le très chic quartier de Recoleta, et de pouvoir enfin mettre des images sur un lieu resté pour moi si longtemps onirique. Un jour, Inès m'aide à concrétiser les choses. Elle m'emmène en pélerinage : à la maternité où j'ai vu le jour, à l'église où allaient mes parents et voir l'immeuble où ils habitaient. C'est soudain trouver sens à une part manquante de mon existence. C'est voir, comme une réparation, une réalité qui dépasse la poésie fanstasmée de mon origine. Je me réapproprie les bruits et les odeurs qui ont imprégné mes premiers instants sur Terre. Inès donnait alors des cours d'accouchement sans douleur à ma mère et c'est ainsi qu'elle sont devenues amies. Inversement, par la suite, ma mère à servie de prétexte au premier voyage d'Inès en France, pays dont elle est devenue une spécialiste reconnue et où deux de ses filles se sont mariées. Un lien ténu, pourtant infrangible, entre deux pays, deux cultures, deux femmes, et une seule providence. Aujourd'hui, dans cette promenade, elle aboutit son accompagnement pour moi et m'accorde : " Je suis ta presque-marraine ! "







Inès et Enrique sont un couple remarquable. Très francophiles, ils parlent mieux que quiconque la langue de Molière. Inès est professeur à l'Université, spécialiste de Dante, de Camus, du Moyen-Age et de culture française. Elle est aussi artiste, dessinatrice de grand talent. Enrique est ingénieur. Il a dirigé une grande entreprise et s'est investi dans les cabinets de différents ministres. Il est aussi Professeur de Philosophie à l'Université Catholique. Les soirs où nous dinons ensemble, nous avons des discussions passionantes.







Tous deux sont animés par une fervente foie chrétienne qui donne un sens réel à leur chemin de vie. Cela m'interroge sur la religion et je les accompagne à la messe. C'est incroyable de rencontrer des gens aussi riches intérieurement. Ils donnent envie de croire en la faculté de regénescence de la vie, en la possible pérénité du couple dans le temps. Inès et Enrique ont 9 enfants, Juan, Maria, Paz, Luz, Inès, Sofia, Bernardo, Miguel et Teresa, ainsi que 27 petits enfants ! Actuellement, leur fils Miguel vit quelques mois chez eux et leur petite fille Popi vient dormir là en semaine, pour être plus près de son université. Un jour, leurs enfants leur ont dit : " Vous nous avez apporté la foi et la liberté ! " Confiance et indépendance, quel meilleur témoignage de reconnaissance peuvent attendre des parents ? A l'occasion de l'anniversaire de leur fille Maria, je rencontre une bonne partie de la famille.







Comme chaque année, durant la Semaine Sainte, Inès et Enrique partent faire une retraite dans le monastère où ils sont oblats. Nous nous disons au revoir et ils s'en vont en me confiant leur maison. C'est une belle demeure centenaire, aux murs chargés d'histoire. La façade est noyée sous une abondante vigne vierge, l'escalier en bois grince un peu et les parquets sentent bon la cire et chaque matin la batisse se réveille en musique classique. J'ai l'impression de me trouver dans une vielle maison de famille française et ce refuge salutaire, sur ma route de nomade, me fait un bien fou. C'est l'endroit idéal pour me recentrer sur mes choix.







Depuis une dizaine de jours, le climat change. On sent l'automne s'installer. Il fait gris, frais et il se met à pleuvoir. Il est temps que je reprenne la route pour aller vers des terres plus septentrionales. A Pâques, le soleil brille à nouveau et je passe un dernier week-end délicieux. Le samedi, Teresa et son mari m'invitent dans leur club avec une de leur amie, Mariana. Le dimanche, je vais à la messe à l'Eglise de Las Victorias, où venait se recueillir ma mère avant ma naissance. Je vis cette célébration, chargée de symbole, comme une vraie renaissance. Je me promène ensuite tout l'après midi pour dire au revoir à Buenos-Aires que j'aime profondément. En repassant sur la Plaza de Mayo, où je suis arrivé deux mois plus tôt, j'ai un peu le sentiment que cette ville est un peu la mienne maintenant. J'y ai passé un mois et c'est ma plus longue escale depuis que j'ai quitté la France.







Aujourd'hui je prépare mon vélo, j'acharne ma monture car, c'est décidé, demain, je reprends la route. Je viens de relire Le Petit Prince et cela me redonne l'envie d'aller vers de nouvelles rencontres. Je réalise que voyager n'est pas un but en soi. Ce qui compte, c'est que le déplacement physique permet la mutation psychique. Même si le voyage est un déplacement plaisant, l'important est qu'il permet de voir ce qui reste dans le sac qu'on emporte avec soi. Demain, je prends la direction de Santiago du Chili mais je ne sais même pas encore quelle route je vais prendre. Pour la première fois de mon voyage, je n'ai pas de rendez-vous à l'horizon. Et, à vélo, j'aurai bien assez de temps pour me décider. Alors qui sait où me portera mon chemin ?




mardi 12 avril 2011

Retour à Buenos-Aires et saut en Uruguay



A notre retour de Patagonie, Jérôme, Pascal et moi passons une journée ensemble à Buenos-Aires. Demain mes deux amis rentrent en France. Nous visitons rapidement le quartier de la Boca. Puis Pascal et moi allons chez les parents de Gustavo pour récupérer nos vélos. Le soir nous fêtons nos adieux dans notre restaurant de viande, préféré de San-Telmo. On est un peu triste de se quitter, après les si bons moments que nous avons passés ensemble.


A notre arrivée à Buenos-Aires, nous sommes retournés dans l'auberge de jeunesse Portal-del-Sur où nous avions séjourné lors de notre précédent passage. L'ambiance y est toujours aussi cool et, oh surprise, nous retrouvons d'anciennes connaissances. Il y a Diana, une Allemande, hôtesse de l'air, qui a fait un autre périple que nous ; Guilhem, qu'on avait rencontré, par deux fois, à El-Chalten et El-Calafate ; et Craig qui, lui, n'a pas bougé de l'hôtel depuis qu'il y a débarqué, il y a cinq semaines ! Craig semble épuisé. Avec son incompréhensible accent australien, il me dit que c'est vraiment trop dur la vie à Buenos-Aires. Il est sorti toutes les nuits depuis qu'on l'a quitté un mois plus tôt ! En partant, Jérôme et Pascal me laisse donc en bonne compagnie.





Je fais aussi la connaissance de Stéphanie, une charmante Chti, et de plein d'autres voyageurs très sympas. Il y a trois Français, Guillaume, Clément et Olivier, deux Australiens, Mike et Viv, un Autrichien, Klaus, une Panaméenne, Laura, un Irlandais, des Hollandais, des Allemands, des Suisses, des Américains, des Brésiliens et bien sûre des Argentins. Nous parlons un peu toutes les langues, souvent un mélange d'Espagnol, de Français et d'Anglais, parfois dans la même phrase. C'est un vrai patchwork culturel et je montre à mes nouveaux copains comment, par chez nous, on fête le 1er avril.


L'ambiance est très internationale et surtout très festive. Nous sortons tous les soirs. A 22h00, Buenos-Aires se repose, pour mieux se réveiller à partir de minuit et ne se couche pas avant 7H00 du matin ! Les Porteños adorent sortir danser. Je les comprends car j'ai rarement vu une ville avec une telle densité de jolies femmes. Elles sont toutes très soignées, avec de longs cheveux qu'elles laissent détachés.




Dans la journée, je prends enfin le temps de vivre, un peu comme un vrai citadin de Buenos-Aires, qui sait qu'il a le temps devant lui pour découvrir sa ville. Rapidement, je me lie d'amitié avec Guilhem. C'est un type extraodinaire avec qui j'ai des dicussions passionantes, parfois intimes et de bonnes barres de rire. Il est éducateur sportif et s'occupe de personnes handicapées. Il est aussi 7ème au classement français de boxe thaï amateur et également bon foot-balleur. Le voyage est un accélérateur de rencontres. Les liens se créent beaucoup plus rapidement que dans la vie sédentaire. Après de longues nuits de fêtes et quelques heures de sommeil, avec mes nouveaux camarades, nous essayons de faire un peu de sport dans les jardins de Puerto Madero, un footing, une partie de foot. Nous nous promenons dans les différents quartiers de Buenos-Aires, errons chez les antiquaires de San-Telmo et partons voir la ville lacustre de Tigre. Nous allons aussi voir un spectacle de Tango et visitons des musées de Beaux-Arts. Enfin, nous allons nous méler à la liesse du stade de la fameuse Bombonera pour soutenir notre équipe : la Boca, évidement !





Après dix jours passés dans l'auberge de jeunesse et le retour en France de Guilhem, je vais m'installer chez un couple d'amis Argentins de mes parents, tous les deux Professeurs à l'Université, qui habitent le quartier de Belgrano.


Aujourd'hui, je suis allé passer la journée en Uruguay, à Colonia, de l'autre côté du rio de la Plata. La mise à distance de Buenos-Aires, dans ce petit village paisible, me fait du bien. C'est la première journée que je passe seul depuis deux mois et demi ! J'en avais besoin. Je me recentre sur moi-mème, sur mes objectifs, prend le temps de retrouver le sens de mon voyage. Allongé sur la plage, je vois la beauté de la mer et du soleil qui lentement s'y plonge. Je pense à une histoire que m'a raconté Guilhem: "Un enfant demande à un vieux sage quelle est la différence entre le bien et le mal. Le sage lui répond que, dans chaque être, il y a un chien blanc et un chien noir. Et que, du matin au soir, ils se battent. L'enfant demande alors lequel des deux gagne à la fin. Celui que tu nourris répond le vieux sage." Je m'interroge sur le chien que je veux nourir.












Le soir, en repassant la frontière, c'est la sixième fois en 60 jours que j'entre en Argentine, Brésil-Argentine, Paraguay-Argentine, Chili-Argentine, Chili-Argentine, Chili-Argentine et maintenant Uruguay-Argentine !!! Mais c'est la première fois que je me sens Argentin. En voyant mon passeport français, la douanière me dit : " Mais vous ètes né à Buenos-Aires ! Vous êtes Argentin ! Avec ce passeport, maintenant vous pouvez encore rester 6 mois et non seulement 3, comme pour les Français. Ils se sont trompés, les autres fois, en ne vous donnant que que 90 jours. Après, pour rester plus sans ressortir du pays, il faudra vous faire votre passeport argentin ! " J'étais aux anges ! Et je me promets de me mettre, dès demain, un peu plus sérieusement à apprendre l'Espagnol. Ce soir, en bon Porteño que je suis, j'ai retrouvé ma ville avec grand bonheur, comme si j'y entrai pour la première fois. Et je retourne heureux chez mes amis Argentins, avec l'envie de découvrir un autre Buenos-Aires.