Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

vendredi 4 mars 2011

Buenos-Aires, retrouvailles multiples...




Pascal et moi arrivons le vendredi 4 mars à Buenos-Aires pour honorer notre rendez-vous, prévu de longue date, avec Jérôme. Avant mon départ de France, j'avais projeté avec lui que nous visitions la Patagonie ensemble.

Aujourd'hui, Pascal et moi avons même quelques heures d'avance sur le rendez-vous fixé, ce qui nous permet de faire un petit tour de la ville en vélo. C'est une grande émotion pour moi de découvrir le lieu où je suis né, complètement par hasard, mon père étant alors en mission professionnelle ici. Je n'ai passé que les trois premières semaines de ma vie en Argentine et c'est la première fois que je reviens dans cette ville. Sur la Plaza-de-Mayo, après 5500 kms en vélo, 4500 kms en voilier-stop et 3000 kms en bus, je réalise que j'ai enfin atteind le premier objectif de mon voyage : Buenos-Aires !
Je n'avais vu que très peu d'images de cette ville et, de ce qu'on m'en avait dit, je m'attendais à trouver une espèce de New-York sud-américaine. Que néni. Je trouve rapidement une ambiance qui me fait plutôt penser à Barcelone ou à Milan et même une très grande ressemblance avec Paris. Je suis tout de suite séduit. J'en sens que je vais aimer cette ville.






A l'heure dite, nous retrouvons Jérome à l'angle sud des avenidas 9-de-Julio et de-Mayo. C'est étonnant de retrouver un ami, au coin d'une rue, à l'autre bout du monde. Nous nous tombons dans les bras. Jérôme loge à l'Hôtel Portal-del-Sur, à deux quadras de là. Il nous dit que l'endroit est agréable ; nous le suivons donc avec nos vélos. C'est en fait une auberge de jeunesse qui dechire tout ! Elle occupe un ancien immeuble art-nouveau en plein dans le Centro. Surtout elle possède, au dernier étage, une terrasse qui offre une vue magnifique sur les toits de la capitale. L'ambiance y est très conviviale et nous rencontrons un certains nombre de voyageurs venus des quatre coins du monde. Nous passons là trois jours bien festifs, dont une nuit blanche à errer dans les rue de Buenos-Aires.




Le samedi soir, Pascal et moi allons voir Constance et Gustavo, un couple d'amis franco-argentins normalement Parisiens mais qui, étonnement, sont en vacances à Buenos-Aires en ce moment. Gustavo est artiste-peintre et il a organisé dans son ancien atelier, El Collectivo, un pot d'adieu avec leurs amis Porteños. Ce sont encore des retrouvailles tout à fait improbables et très émouvantes. Le dimanche, Pascal et moi laissons nos deux vélos, pour une période d'un mois, chez les parents de Gustavo. Deux jours après, nous partons avec Jérôme en Patagonie et, cette fois, le voyage se poursuit en bus. Nous avons décidé de nous rendre à Ushuaïa par voie terrestre. Soudain, sans ma monture, avec laquelle je vis depuis huit mois, je me sens nu comme un ver !


jeudi 3 mars 2011

Réserve nationale de Ibéra



Pascal et moi reprenons la route en direction de la réserve de Ibéra. Cette dernière se trouve dans les Corrientes, au sud-ouest de Posadas, entre les rios Parana et Uruguay. C'est la plus grande zone humide, d'eau douce, protégée, du continent américain et sa faune est particulièrement fournie et variée. 628 espèces d'animaux ont été répertoriées dont la moitié de tous les oiseaux du pays. Elle est perdue au beau milieu d'une immense savane quasiment inhabitée et relativement aride à cette saison de l'année. Seule une piste en terre battue, longue de 120 kilomètres permet d'accéder au seul petit village situé en son coeur : Carlos-Pellegrini, fondé sur les bords du lac Ibéra. Afin de pouvoir faire la route à vélo en une journée, nous partons dans la nuit, à 4h30 du matin, ce qui nous donne le grand plaisir de voir lentement le jour paraître et le soleil se lever sur une plaine immensément plate. A 10h00, il fait déjà une chaleur torride et nous sommes obligés de faire des pauses fréquentes. Nous profitons des rares arbres que nous trouvons pour nous baigner un moment sous la fraicheur de leurs feullages. Seuls quelques gauchos isolés vivent sur ces terres inhospitalières. Bien qu'ils aient un accent absolument incompréhensible, ils sont très aimables. Quand ils nous voient, ils viennent généralement nous demander si nous n'avons besoin de rien.








A l'approche de la réserve, la savane se flanque de petits canaux qu'on sent habité. Ça grouille. Nos regards sont à l'affut dans l'espoir de voir un caïman mais rien ne bouge. En fin de journée, nous sommes morts de fatigue. Pascal va à deux à l'heure et s'endort à moitié sur son guidon. D'un coup, il s'arrete, s'allonge et dit : " Là, il faut que je dorme." Et, dans la seconde, il s'endort effectivement d'un profond sommeil, au bord d'une étendue d'eau croupissante, où barbotent des bêtes étranges... Ce sont des cabiais, une sorte de cochons d'Inde aquatiques géants, endémiques de cette région. Bientôt, je me sens aussi gagné par le sommeil alors je motive mon compagnon comme je peux : " Pascal ! Lève toi ! Il va faire nuit ! Et ici, c'est blindé de serpents et de crocodiles ! Moi, je dors pas là, je te laisse tout seul !" Pascal a une phobie des serpents alors ça marche un peu, il se lève mollement en maugréant et nous finissons par arriver enfin à Carlos-Pellegrini à 19h30, après une journée de 15 heures de vélo et 127 kilomètres de piste.








Nos efforts sont récompensés. Arrivés au village, nous trouvons le plus beau camping qui soit et pour une somme modique. Il est situé sur une presqu'île du lac Ibera. L'endroit est paradisiaque : une magnifique pelouse verte avec de beaux arbres dont le feuillage tombe sur les nénuphars d'une lagune bordée de roseaux. Ça et là, des paillottes abritent chacune une table et un immense barbecue pour faire la parilla. Nous sommes en pleine nature et il n'y a quasiment personne sur place. Vu la difficulté d'accès du site, seules les gens passionnés d'animaux sauvages viennent ici. Mais cette tranquilité est relative car les bêtes sauvages, elles, sont bien présentes. A quelques mètres de nos tentes, les eaux sont pleine de vie... piranhas, batraciens, oiseaux, serpents, caïmans... mais le responsable du camping nous assure que nous ne risquons rien. Nous n'avons d'autre choix que de le croire sur parole et de nous persuader que le gentil croco qu'on voit là, à trois mètres de notre tente, ne viendra pas nous chatouiller les doigts de pied durant la nuit !












Nous passons trois jours sur place à visiter la réserve, un jour en barque, le lendemain à cheval, le suivant à pied. Les animaux étant protégés, ils ne sont pas farouches et nous pouvons les approcher de très très près. Nous voyons des tapirs, des cervidés, des singes et une multitude d'oiseaux rares. La biodiversité d'Ibéra est incroyable. Un jour, sous nos yeux, une couleuvre se jette sur une grenouille et nous la regardons pendant un quart d'heure en train d'avaler lentement sa proie, plus grosse que sa propre tête. Une autre fois, devant les eaux paisibles du lac, Pascal me dit : " Jettes un peu de gateau dans l'eau et tu vas voir ! ". Je m'éxécute et les eaux deviennent soudain bouillantes. Des palomettas, cousines du piranha, par centaines, se disputent les miettes. Pascal en capture une, manquant de se faire mordre. Il la met devant le nez d'un petit caïman qui n'en fait qu'une bouchée. Ce petit paradis, si calme en apparence, cache décidément une incessante et sans merci lutte pour la vie. Et ce peut être dangereux. Nous rencontrons une dame qui a voulu se prendre un bain de pied et qui s'est fait croquer un bout de mollet ! Le soir, pour tenir notre place de rois des prédateurs terrestres, nous allons nous acheter de la viande au kilo dans la carniceria locale et nous régalons d'énormes parillas. Nous restons près du feu pour échapper aux moustiques. La tête dans les étoiles, nous écoutons longuement tous les bruits de la nuit. Je commence à véritablement tomber amoureux de l'Argentine, tellement ce pays est encore sauvage et beau.





Le quatrième jour, à l'aube, nous devons malheureusement reprendre la route. Pour ne pas manquer le rendez-vous fixé avec Jérôme, nous sommes obligés de prendre un bus à Mercédes pour effectuer les 850 kilomètres qui nous séparent encore de Buenos-Aires. Mais, en chemin, nous avons un dernier impératif, passer chez le coiffeur ! Quoi, vous avez jamais vu deux chauves aller chez le coiffeur ? Et oui, nous aussi, on a besoin d'aller se faire couper les tifs et, même, encore plus souvent que les autres, figurez-vous !






dimanche 27 février 2011

Missiones : Argentine et Paraguay





Je découvre les cultures de la plante nationale de mon pays : le maté !




( la même photo avec Pascal en tenue d'Adam ne sera montrée qu'à un public averti)








Pascal et moi reprenons la route du sud sur nos petits vélos. Dans les Missiones, les deux premiers jours sont idylliques. Il fait beau et la route est d'excellente qualité avec une magnifique bande d'arrêt d'urgence qui nous sert de piste cyclable. Soudain je m'arrête. Mon compteur kilomètrique m'indique que je viens de franchir la barre symbolique de 5000 kms depuis mon départ de Bretagne. Ça mérite la photo, non ?
















Au premier abord, l'Argentine nous semble incroyablement plus moderne que le Brésil. Mais ce sentiment ne va pas durer bien longtemps. Plus on s'enfonce dans cette région guarani, plus la nature reprend ses droits et la chaussée se délabre. La route se vallonne aussi de plus en plus pour ne devenir que suites de petites montées coriaces et de descentes toujours trop courtes. De plus, c'est le début de la saison de pluies et on se prend la sauce un jour sur deux. Cela dit, on a souvent la chance qu'il pleuve la nuit et on arrive généralement à passer entre les gouttes. Il doit faire 25 degrés mais, en arrivant du Brésil, je trouve qu'il ne fait pas si chaud en journée et les nuits me paraissent mêmes fraîches. Enfin, pour finir le tableau, j'enchaine les crevaisons, jusqu'à trois le même jour ! Les camions perdent des sortes d'agrafes de leurs roues qui se prennent dans les nôtres. Heureusement, Pascal reste toujours joyeux et, contrairement à moi, il est très bon mécanicien. Un jour, il perd cependant son sang froid. Un bus manque de justesse de l'emboutir. Je l'entends vociférer et jeter l'opprobe sur tous les chauffeurs de bus de la Création. Il faut dire qu'en Argentine, chauffeur de bus est statut de haute importance, presque une consécration. En costume avec épaulettes galonées, les conducteurs ressemblent à des pilotes d'avion. Ils sont seuls maîtres à bord. C'est peut-être pour ça qu'ils se prennent pour les rois de la route et qu'ils conduisent comme des malades, pensant croire que la protection du Gauchito Gil (un des Santos argentins en photo ci-dessous) suffira à les mener à bon port.












A l'origine, la région des Missiones a été colonisée par les Jésuites. Ces derniers, après avoir converti les Indiens Guaranis qui vivaient là, ont cherché à fonder avec eux une société idéale, composée de communautées autogérées, une espèce de "communisme chrétien" avant l'heure. Cette société égalitaire était organisée au sein de grands ensembles architecturaux, dont il reste aujourd'hui des ruines. L'utopie n'a pas survécue aux prétentions des couronnes portugaises et espagnoles. Cependant cette organisation a eu le mérite de protéger un peu les Indiens de cette région de l'extermination qui a eu lieu dans une grande partie du pays. Aujourd'hui, les Missiones sont argentines mais, avant tout, la population est Guarani. C'est une région où, ces cinquante dernières années, la forêt primaire a été fortement détruite pour être remplacée par des exploitations forestières et des cultures de maté. Il y a également beaucoup de mines, en particulier d'améthystes. C'est par cette région particulière que je découvre mon pays de naissance.
















De prime abord, je suis un peu déçu. Je me faisais une telle fête d'arriver en Argentine, de découvrir le pays dont j'ai la nationalité, et voilà que je trouve une région pauvre, à la terre rouge, qui salit tout se qu'elle touche, et des gens qui me semblent moins joyeux qu'au Brésil, sans parler de la nourriture, qui n'est pas très variée dans le coin. De plus, l'histoire du pays n'est pas évidente, entre génocide des Indiens, régimes politiques incertains et crises économiques à répétition. Tout cela me rend un peu triste. Soudain je réalise que je suis en train de faire un Brésil-blues ! Mais, les jours passant, je commence à trouver les gens attachants de gentillesse et délicatesse. Et puis, les prix sont deux fois moins chers qu'au Brésil, ce qui n'est pas désagréable. Quant aux camions des années 50 qui pullulent sur les routes, ils sont magnifiques ! Sans parler des voitures des années 70, tout aussi nombreuses. Enfin, la visite des Missions est vraiment passionante. Alors, peu à peu, je tombe sous le charme surannée de cette région. Pascal, lui, est toujours heureux et ne voit que le positif des choses : " On est en Argentine ! Tu te rends compte ! On est en Argentine ! " ne cesse-t-il de répéter à longueur de journée. En arrivant à la ville de Posadas, capitale de la région des Missiones, Pascal et moi quittons la forêt sub-tropicale dans laquelle nous sommes rentrés une centaine de kilomètres avant Iguazu. Carte en main, nous réalisons que nous en avons traversé un bon morceau, de part en part. D'un coup, le climat change, il ne pleut plus, l'humidité fait place à la sècheresse. A partir de Posadas, nous partons faire une petite virée d'une journée au Paraguay pour visiter Trinidad, les ruines de la plus belle des Missions Jésuites du coin, un îlot architectural au milieu d'une mer de végétation, un délice de tranquilité. De retour à Posadas, nous rencontrons plusieurs voyageurs dont Claire, Jean-Noël et Anaëlle, une jeune Française de 22 ans, qui a voyagé six mois en Amérique du Sud et qui nous brieffe bien sur les toutes les choses à faire en Patagonie.




















En décidant d'écrire ce blog, j'ai souhaité partager mon voyage avec les autres. A l'origine, ma motivation était certainement liée à la peur que mes amis ne finissent par totalement m'oublier. Puis, je me suis prêté au jeu de cet exercice. Et j'ai reçu beaucoup de retours positifs, même de la part de gens que je ne connaissais pas ou peu. Le partage a pris une autre tournure. Je me suis rendu compte que mes courts récits pouvaient être des petites fenêtres ouvertes sur le monde pour ceux qui ne voyagent pas. Pour certains, c'est une respiration, une évasion, un rêve, pour d'autres, une espérance, un soutien dans l'épreuve. J'en suis évidement très heureux. Mais dans ce partage là, c'est moi qui donne ce que je souhaite partager avec l'autre. Il y a une différence entre " le partage " et " la mise en commun ". En voyageant avec Pascal, le mot prend un autre sens. Il s'agit de faire véritablement une place à l'autre dans mon voyage, qui devient, pour un temps, le notre. Au départ Pascal et moi ne nous connaissons pas si bien que cela et c'est une belle expérience à vivre. Le partage devient vraiment concret pour chacun d'entre nous. Et pour l'instant, c'est une expérience agréable, un partage enrichissant et plaisant. Chacun de nous est assez souple de caractère pour ne pas s'imposer à l'autre. Et aussi, on se paie de bonnes tranches de rigolade, comme ce matin là dans la chambre de notre charmante auberge de Posadas ! Alors que m'interroge sur la signification du mot " partage ", Pascal, lui, ne se pose pas tant de questions. Il prend son pied dans la piscine de cette même auberge, espérant, plus concrètement, partager un bain avec une charmante naïade !




samedi 19 février 2011

Iguaçu et la forêt sub-tropicale

.
Presque à l'improviste, mon ami Pascal-Archi arrive de France avec son vélo ! Il s'est décidé deux semaines plus tôt à venir me rejoindre pour que nous faissions un bout de route ensemble. Le 11 février, il me retrouve chez Pauline et Jean-Baptiste pour passer avec moi une période de sept semaines. Le lendemain, nous prenons la direction de Buenos-Aires, via les Chutes d'Iguaçu. Pour éviter la sortie galère de Sao-Paulo et pouvoir honorer un autre rendez-vous fixé avec l'ami Jérôme, le 4 mars à Buenos-Aires, nous prenons d'abord un bus jusque dans l'état du Parana.



Les trois premiers jours à vélo sont difficiles pour Pascal qui a perdu ses acquis de grand cyclo-randonneur. Mais cela revient vite et c'est bientôt moi qui ai du mal à le suivre. Nous sommes sur la roda de la muerte, comme on l'appelle ici, tant les accidents sont nombreux. Mais, arrivés à l'abord du Parque Nacional do Iguaçu, nous quittons cette route principale et décidons d'emprunter de petits chemins "champêtres", c'est à dire des pistes caillouteuses, d'une terre rouge qui colore tout ce qu'elle touche. Nous nous y lançons gaiement à pleine vitesse bien que ce soit un peu la saison des pluies et que des ponts aient été emportés par les crues. Du coup, entre deux averses, nous nous perdons complètement. Pendant deux jours, dans la forêt subtropicale bordant le Parc, nous servons alors de festin à tous les insectes de la création. Pascal reste malgré tout, selon sa nature, très enthousiaste, heureux de retrouver le plaisir du camping sauvage. Il retrouve vite ses réflexes d'ancien Chasseur Alpin et me dit souvent : " Moi, j'aime bien en baver un peu, ça déchire tout, chatoye sa race! "






Les paysages sont superbes et la population locale, heureusement très accueillante, palie nos manques d'intendance. Un professeur d'Histoire, Iédo, nous fait visiter sa ferme biologique où il commence à arriver à vivre en autarcie avec sa famille. Il nous fait goûter à toute sa production et nous offre un grand pot de miel pour la route. Pour ses premiers jours de voyage ou on est parfois à court de clopes, je fais vivre à Pascal son premier "mad-borrow-night-trophée" !





Bien que très touristiques, les Chutes d'Iguaçu valent vraiment le détour. Ce sont certainement les plus belles du monde ! La nature offre ici un spectacle d'une beauté exceptionnelle ! Le site est tellement grand qu'on ne ressent pas trop l'énorme affluence de visiteurs. Nous passons deux jours à visiter les lieux, de part et d'autre de la frontière argentino-brésilienne. Nous avons de la chance, le soleil brille à nouveau et les couleurs sont magnifiques.









Quitte à faire les touristes, coté brésilien, on se lache à fond sur les activités proposées. Nous prenons d'abord l'option "Descente en Rafting" pour être au plus prêt de l'action ! Moralité on est les seuls inscrits et le moniteur pimente les choses en nous offrant un tour de hors-bord jusque sous les chutes, puis une baignade au beau milieu de l'immense et tumultueuse rivière Iguaçu, devant le regard ahuri de touristes japonais. "It's cleaning your soul" nous dit-il en nous redéposant trempés sur la rive. Ensuite on s'offre une descente, en rappel sur corde, des 60 mètres de falaises qui font faces aux chutes. Bref, on craque un peu le budget mais on se fait bien plaisir ! Que du bonheur, si on fait abstraction des douloureux coups de soleil que prend Pascal.



Le lendemain nous traversons l'Iguazu et, par la même, passons la frontière. Tchau Brasil ! Buenos dias Argentine ! Emotion. Je retrouve pour la première fois le pays qui m'a vu naître ! Ces jours-ci, nous dormons en Auberges de Jeunesses et c'est amusant de rencontrer tous les jeunes globe-trotters de la terre qui racontent leurs aventures sud-américaines, le soir au bord de la piscine. Du côté argentin, les Chutes d' "Iguazu" sont très différentes mais tout aussi belles. Pascal, comme à son habitude, prend son temps pour faire des photos... et je finis par le perdre. Dans une partie très sauvage du Parc, je me baigne dans une cascade puis rencontre mes premiers compatriotes argentins, Paula et Joaquim, un jeune couple de medecins de Buenos-Aires, très sympas, qui m'offre un désaltérant Mate glacé.




samedi 12 février 2011

Sao Paulo, such a business city !

.
En arrivant à São-Paulo, je traverse toute la ville en vélo pour me rendre chez mes amis Pauline et Jean-Baptiste. Mon premier sentiment est de me trouver en terre occidentale. D'abord, j'ai froid. Il fait seulement 30 degrés au lieu des 45 que j'avais la veille. Et dans la rue, je ne vois presque aucune personne de couleur. Sur les immenses avenidas à huit voies, le traffic est intense. C'est sportif de s'inserrer dans la circulation. Je demande plusieurs fois mon chemin et, de prime abord, les habitants de cette mégalopole me semblent bien moins sympathiques que sur la côte. São-Paulo a quelque chose d'effrayant. Ce n'est pas une ville à échelle humaine. Ici la vie ne se passe pas dans la rue mais plutôt en intérieur. Ça tombe bien, je découvre bientôt la maison de mes amis, spacieuse et très agréable.






Pauline et Jean-Baptiste me reçoivent comme un roi. Je suis tellement bien chez eux que, les premiers jours, je ne quitte pas la maison ! C'est paradoxalement dans la ville la plus tumultueuse d'Amérique du Sud que je trouve le meilleur havre de paix qui soit, nécessaire à mon repos. Je partage quelques jours la vie familliale de mes amis, rencontrant pour la première fois leurs enfants, Adrienne et Augustin, ainsi que leur charmante baba Clarisse. Je profite avec les enfants de leurs derniers jours de grandes vacances scolaires. Je fais des dessins avec Adrienne, du tennis avec Augustin. J'assiste ensuite à leurs rentrées des classes dans leur nouvelle école. C'est un grand moment aux âges qu'ils ont et Pauline est encore plus troublée que ses enfants.



Jean-Baptiste est un important directeur d'une grande société de luxe et il semble ne jamais s'arrêter de travailler et d'être toujours en déplacement. Pauline, en plus des études qu'elle a reprises, assure toute la logistique domestique. Comparé à ma vie, leurs emplois du temps me semblent hallucinants. En dehors de heures de travail, le couple n'arrête jamais d'être occuper, déjeuners, diners, sport, sorties, week-ends... Les rares soirs où ils ne reçoivent pas chez eux, ils sont invités à l'extérieur. Pauline m'assure : "c'est spécial en ce moment". Je reste septique. L'avantage pour moi est que, sans quitter leur maison, je suis amené à rencontrer tout un tas de business-men influents, généralement accompagnés de leurs épouses, souvent au foyer. C'est passionant de voir ces vies si différentes de la mienne, d'essayer de comprendre ce qui peut motiver ces gens à avancer dans leurs projets. Les soirs où il ne se passe rien à la maison, mes amis m'enmènent avec eux dans leurs sorties. Un soir, nous dinons dans un restaurant avec un couple d'amis brésiliens, un autre, nous allons danser dans un bar loué par quelqun qui fête son anniversaire. Nous allons aussi diner chez Alex et Yann, un couple d'expat' qui habite un tri-pleix au dernier étage d'une tour d'où on peut comtempler toute la ville de haut. Manu Chao est de passage à Sao-Paulo ? Nous prenons illico des places pour aller le voir en concert ! Et pour me montrer toute la diversité de la vie nocturne locale, Jean-Baptiste m'enmènne aussi au Love-Story, le club le plus underground de la ville, qui offre un panel mémorable d'excentriques en tous genres.





Je reste dix jours chez mes amis et, malgré ce planing chargé, nous trouvons aussi le temps de nous retrouver pour avoir de longues conversations plus profondes. Je connais Jean-Baptiste depuis presque vingt ans, Pauline depuis qu'ils sont ensemble, et les choses sont simples entre nous. Nous nous retrouvons facilement pour nous confier intimement comme si nous nous étions quittés la veille. Aujourd'hui nos vies sont très différentes mais cela constitue une force qui nourrit notre relation. C'est sans doute cela, l'essence de la véritable amitié. Arrivé le moment des au-revoirs, il est difficile de nous quitter.


Avoir des amis différents de soi nécessite une acceptation de l'altérité. Je comprends que c'est aussi cela avancer vers la tolérance. Cela me questionne aussi. Je m'interroge sur les ressorts qui font le positionnement d'un individu au sein du groupe. Comme le dit Bourdieu (et me répète souvent mon ami Julien M.), nous sommes socialement prédestinés. Mais quelle part est laissée à l'individu ? Où se situe le libre arbitre? Je comprends aussi que quelque soit le niveau social des gens, on est tous face des épreuves de vie individuelles et que chacun a ses propres défits. Si la vie matérielle est clairement plus facile pour certains, cela n'a rien à voir avec le bonheur ou le malheur. Mais ces états dépendent uniquement de la capacité d'un individu, à un moment précis, d'apréhender une situation. Alors, à quel niveau se situe la nécessité ?





Après quelques jours de clostration dans ce petit paradis urbain, je me décide à aller faire un tour dehors, à pied, comme tout bon Parisien qui se respecte ! La ville de São-Paulo a une architectrure débridée. Il semble n'y avoir aucune règle d'urbanisme, ni aucune notion de biens publics au sens où on l'entend en France. L'intérêt général est la résultante d'un aglomérat d'intérêts individuels. Ici, le libéralisme économique est roi et cette ville m'apparait comme une sorte de New-York raté, une juxtaposition de building, sans l'âme collective qui anime Big-Apple. Résultat : une qualité de vie médiocre pour la plupart de habitants mais c'est aussi le lieu idéal pour les hommes d'affaire en quête d'inovations et qui ont les moyens de s'assurer une vie protégée. Sao-Paulo est une ville de séparation, de mise à part des individus. Ici, le racisme existe. Jean-Baptiste me raconte plusieurs histoires de discrimination à l'embauche du fait de la couleur de peau. Il y a aussi beaucoup d'insécurité. Le danger est ici une réalité. Il est arrivé quelque chose à presque tous les gens que j'ai rencontré. Et les expériences vécues, qu'on m'a raconté, vont du simple braquage à, carrément, la séquestration d'une famille entière pendant plusieurs jours ! Difficile Sao-Paulo. Mais cette ville internationale, est-ce encore vraiment le Brésil ?




Je suis presque au terme de mon séjour dans ce merveilleux pays et, si je devais qualifier le Brésil en deux mots, je dirais : juvénil et sensuel. Que ce soit dans l'expression de la joie, de l'alégria comme on dit ici ; on se réjouit sans cesse, on fait de la musique, on danse, on joue, on rit, on s'embrasse, on se touche, on s'enlace, comme le font naturellement les enfants, sans arrières pensées ; on vit l'instant présent, on goûte aux joies simples qu'offrent les sens, le gout d'un fruit, une harmonie de couleur. Que ce soit au travers de la peur, périguso, périguso, les Brésiliens n'ont que ce mot à la bouche ; on a peur de tout, de l'hypothétique méchant, de la nuit, du loup, d'être seul quelque part, c'est presque une peur enfantine parfois. Que ce soit dans l'expression de la foie, on est prêt à croire à tout et à n'importe quoi, du moment que c'est beau ; naïvement, on aime à croire que la fable est vraie, et surtout on aime rêver. Comment ne pas être séduit, comment ne pas sucomber au charme de ce pays-continent ? C'est avec une grande tristesse que je vais bientôt devoir le quitter pour continuer mon chemin.




Avant que je reprenne la route, Jean-Baptiste porte mon vélo chez un très bon réparateur, conseillé par son ami Luis. Ma mère m'a fait parvenir, depuis la France, une nouvelle roue arrière, transportée par Fanny, une amie de Pauline. Mon vélo est remis à neuf et j'ai les larmes aux yeux de voir toutes ces personnes qui me soutiennent à leur façon de mon aventure. Et j'ai envie, ici, de remercier particulièrement ma mère, ma soeur et mon ami Max qui assurent souvent pour moi un arrière poste logistique en France. Sans eux, mon voyage serait plus difficile.