Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

dimanche 27 février 2011

Missiones : Argentine et Paraguay





Je découvre les cultures de la plante nationale de mon pays : le maté !




( la même photo avec Pascal en tenue d'Adam ne sera montrée qu'à un public averti)








Pascal et moi reprenons la route du sud sur nos petits vélos. Dans les Missiones, les deux premiers jours sont idylliques. Il fait beau et la route est d'excellente qualité avec une magnifique bande d'arrêt d'urgence qui nous sert de piste cyclable. Soudain je m'arrête. Mon compteur kilomètrique m'indique que je viens de franchir la barre symbolique de 5000 kms depuis mon départ de Bretagne. Ça mérite la photo, non ?
















Au premier abord, l'Argentine nous semble incroyablement plus moderne que le Brésil. Mais ce sentiment ne va pas durer bien longtemps. Plus on s'enfonce dans cette région guarani, plus la nature reprend ses droits et la chaussée se délabre. La route se vallonne aussi de plus en plus pour ne devenir que suites de petites montées coriaces et de descentes toujours trop courtes. De plus, c'est le début de la saison de pluies et on se prend la sauce un jour sur deux. Cela dit, on a souvent la chance qu'il pleuve la nuit et on arrive généralement à passer entre les gouttes. Il doit faire 25 degrés mais, en arrivant du Brésil, je trouve qu'il ne fait pas si chaud en journée et les nuits me paraissent mêmes fraîches. Enfin, pour finir le tableau, j'enchaine les crevaisons, jusqu'à trois le même jour ! Les camions perdent des sortes d'agrafes de leurs roues qui se prennent dans les nôtres. Heureusement, Pascal reste toujours joyeux et, contrairement à moi, il est très bon mécanicien. Un jour, il perd cependant son sang froid. Un bus manque de justesse de l'emboutir. Je l'entends vociférer et jeter l'opprobe sur tous les chauffeurs de bus de la Création. Il faut dire qu'en Argentine, chauffeur de bus est statut de haute importance, presque une consécration. En costume avec épaulettes galonées, les conducteurs ressemblent à des pilotes d'avion. Ils sont seuls maîtres à bord. C'est peut-être pour ça qu'ils se prennent pour les rois de la route et qu'ils conduisent comme des malades, pensant croire que la protection du Gauchito Gil (un des Santos argentins en photo ci-dessous) suffira à les mener à bon port.












A l'origine, la région des Missiones a été colonisée par les Jésuites. Ces derniers, après avoir converti les Indiens Guaranis qui vivaient là, ont cherché à fonder avec eux une société idéale, composée de communautées autogérées, une espèce de "communisme chrétien" avant l'heure. Cette société égalitaire était organisée au sein de grands ensembles architecturaux, dont il reste aujourd'hui des ruines. L'utopie n'a pas survécue aux prétentions des couronnes portugaises et espagnoles. Cependant cette organisation a eu le mérite de protéger un peu les Indiens de cette région de l'extermination qui a eu lieu dans une grande partie du pays. Aujourd'hui, les Missiones sont argentines mais, avant tout, la population est Guarani. C'est une région où, ces cinquante dernières années, la forêt primaire a été fortement détruite pour être remplacée par des exploitations forestières et des cultures de maté. Il y a également beaucoup de mines, en particulier d'améthystes. C'est par cette région particulière que je découvre mon pays de naissance.
















De prime abord, je suis un peu déçu. Je me faisais une telle fête d'arriver en Argentine, de découvrir le pays dont j'ai la nationalité, et voilà que je trouve une région pauvre, à la terre rouge, qui salit tout se qu'elle touche, et des gens qui me semblent moins joyeux qu'au Brésil, sans parler de la nourriture, qui n'est pas très variée dans le coin. De plus, l'histoire du pays n'est pas évidente, entre génocide des Indiens, régimes politiques incertains et crises économiques à répétition. Tout cela me rend un peu triste. Soudain je réalise que je suis en train de faire un Brésil-blues ! Mais, les jours passant, je commence à trouver les gens attachants de gentillesse et délicatesse. Et puis, les prix sont deux fois moins chers qu'au Brésil, ce qui n'est pas désagréable. Quant aux camions des années 50 qui pullulent sur les routes, ils sont magnifiques ! Sans parler des voitures des années 70, tout aussi nombreuses. Enfin, la visite des Missions est vraiment passionante. Alors, peu à peu, je tombe sous le charme surannée de cette région. Pascal, lui, est toujours heureux et ne voit que le positif des choses : " On est en Argentine ! Tu te rends compte ! On est en Argentine ! " ne cesse-t-il de répéter à longueur de journée. En arrivant à la ville de Posadas, capitale de la région des Missiones, Pascal et moi quittons la forêt sub-tropicale dans laquelle nous sommes rentrés une centaine de kilomètres avant Iguazu. Carte en main, nous réalisons que nous en avons traversé un bon morceau, de part en part. D'un coup, le climat change, il ne pleut plus, l'humidité fait place à la sècheresse. A partir de Posadas, nous partons faire une petite virée d'une journée au Paraguay pour visiter Trinidad, les ruines de la plus belle des Missions Jésuites du coin, un îlot architectural au milieu d'une mer de végétation, un délice de tranquilité. De retour à Posadas, nous rencontrons plusieurs voyageurs dont Claire, Jean-Noël et Anaëlle, une jeune Française de 22 ans, qui a voyagé six mois en Amérique du Sud et qui nous brieffe bien sur les toutes les choses à faire en Patagonie.




















En décidant d'écrire ce blog, j'ai souhaité partager mon voyage avec les autres. A l'origine, ma motivation était certainement liée à la peur que mes amis ne finissent par totalement m'oublier. Puis, je me suis prêté au jeu de cet exercice. Et j'ai reçu beaucoup de retours positifs, même de la part de gens que je ne connaissais pas ou peu. Le partage a pris une autre tournure. Je me suis rendu compte que mes courts récits pouvaient être des petites fenêtres ouvertes sur le monde pour ceux qui ne voyagent pas. Pour certains, c'est une respiration, une évasion, un rêve, pour d'autres, une espérance, un soutien dans l'épreuve. J'en suis évidement très heureux. Mais dans ce partage là, c'est moi qui donne ce que je souhaite partager avec l'autre. Il y a une différence entre " le partage " et " la mise en commun ". En voyageant avec Pascal, le mot prend un autre sens. Il s'agit de faire véritablement une place à l'autre dans mon voyage, qui devient, pour un temps, le notre. Au départ Pascal et moi ne nous connaissons pas si bien que cela et c'est une belle expérience à vivre. Le partage devient vraiment concret pour chacun d'entre nous. Et pour l'instant, c'est une expérience agréable, un partage enrichissant et plaisant. Chacun de nous est assez souple de caractère pour ne pas s'imposer à l'autre. Et aussi, on se paie de bonnes tranches de rigolade, comme ce matin là dans la chambre de notre charmante auberge de Posadas ! Alors que m'interroge sur la signification du mot " partage ", Pascal, lui, ne se pose pas tant de questions. Il prend son pied dans la piscine de cette même auberge, espérant, plus concrètement, partager un bain avec une charmante naïade !




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