Description

Mais aussi avec bien d'autres moyens de transport parfois des plus surprenants... Le 1er juillet 2010, je pars de Bretagne à vélo. Arrivé au Maroc, je traverse l'océan Atlantique en voilier-stop. Je passe ensuite un an et demi en Amérique du sud. Puis d'avril 2012 à septembre 2013, je traverse l'océan Pacifique en voilier. Enfin, en mars 2014, je reprends le vélo pour rentrer en France depuis Bangkok, en suivant la route de la soie à travers la Chine et l'Asie Centrale...

mardi 1 février 2011

Costa Verde en plein été

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Je quitte mes amis parapentistes cariocas un peu tard et, une fois de plus, me laisse surprendre par la nuit au moment où j'affronte les premières montagnes de la Costa Verde. Un automobiliste s'arrête à ma hauteur : " Tu vas où comme ça ? Tu cherches un endroit pour dormir ? Viens chez moi si tu veux. " Il s'appelle Fabio et habite à Guaratiba . Il possède une très belle maison qu'il a construit lui même sur les pentes ardues du morro qui domine la baie de Sepetiba. Il habite là avec sa copine et son jeune frère. La vue est superbe. La côte est ici orientée à l'ouest, ce qui offre de magnifiques couchers de soleil dans la mer, spectacle rare au Brésil. Fabio me fait également visiter son autre maison, encore plus belle. Elle est construite de l'autre côté de la montagne et fait aussi face à la mer, mais côté soleil levant. La vue de la terrasse est tout aussi extraordinaire. Fabio a pu la construire avant que l'ensemble de la montagne ne soit classé en zone naturelle. Il a plusieurs hectares et c'est la seule construction à des kilomètres à la ronde. Autour de la maison, Fabio a réalisé un jardin très naturel, qui constitue un petit écrin fleuri en parfaite harmonie avec la flore environnante. J'ai encore découvert un petit paradis brésilien ! Je m'endors en me disant que ma bonne étoile ne m'a pas quitté et, dans le hamac de la terrasse, je la cherche dans l'immensité du ciel.



Fabio porte un nom de famille on ne peut plus français, dont la consonance laisse à penser que ses ancêtres viennent de Normandie. Il a mon âge et, une fois encore, est un amateur de vélo. Il compte bientôt voyager comme moi. Pour l'instant il fait du VTT. Il me montre des films où il dévale les pentes des morros à toute allure. Il fait aussi beaucoup de surf et du parapente. Tous ces points communs nous rapproche et Fabio me propose de rester quelques jours chez lui. Il est d'une générosité rarissime et se met en quatre pour me faire plaisir. Il était pompier jusqu'à ce qu'un accident de voiture ne mette fin à sa carrière. Aujourd'hui, il tient un petit bar sur une des premières plages non urbanisées à une cinquantaine de kilomètres au sud de Rio. Le lendemain matin, je pars donc avec lui au boulot. Cela consiste à servir une bière aux trois clients de la journée, mais surtout à regarder la mer en discutant avec les potes surfeurs. La plupart sont d'anciens collègues bombeiros de plage et le bar est leur QG. Dans cette version brésilienne d'Alerte à Malibu, les pompiers-sauveteurs sont plus nombreux que les baigneurs ! Trop dur la vie de Fabio, surtout quand on voit ses bureaux en photo ci-dessous.




Après deux jours passés chez Fabio, je reprends le vélo et longe la Costa Verde. Je suis maintenant en plein été austral. Il fait 45 degrés et ça monte ou ça descend mais la route n'est jamais plate. Il n'y a pas un souffle d'air et je souffre comme jamais depuis le début de mon voyage. Les paysages sont magnifiques. Cette région vallonnée est l'une des rares au Brésil où la Mata Atlantica a été préservée sur plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres. Le vert végétal rejoint le turquoise d'une eau cristalline parsemée d'îles. Mais il faut croire que la beauté se mérite car chaque point de vue est un combat. Dans chaque montée, je me dis que c'est sans doute le prix du paradis et je compte les minutes qui me séparent de la future descente. Je ne peux être que totalement dans l'instant présent sans quoi c'est trop difficile. Le passé n'a jamais existé, il n'y a pas de futur, chaque montée est toujours la première de ma vie et certainement la dernière, courage !



Au bout de trois jours de souffrance - et de joie - j'arrive à Paraty, une petite ville miraculeusement restée intacte depuis l'époque où convoyeurs d'or et pirates se partageaient la baie. La ville a été très bien restaurée, trop bien sans doute. C'est devenu un vrai musée en plein air qui ne vit que du tourisme. C'est très beau, c'est très cher et la ville a perdue son âme, dans le centre historique en tous cas. Un peu plus au sud, le vrai Paraty d'aujourd'hui existe. C'est un petit quartier calme, sans aucun touriste, comme il y en a tant au Brésil, au bord d'une rivière où se déversent les égouts, avec ce charme qu'on trouve aux constructions hétéroclites et quelconques mais habitées, aux murs délabrés dont les fissures racontent une histoire, aux véritables ambiances des petits bars à quatre sous.




Avant de quitter les environs, je pars faire un tour, sans bagages, dans le Parc Nacional da Serra da Bocaina. Je me retrouve en montagne, entouré de paysages qui font penser à la Suisse si on fait abstraction de la chaleur et de la flore tropicale. Il y a plein de rivières et de cascades où les gens viennent se rafraîchir aux heures les plus chaudes de la journée. Ce sont de véritables spas naturels, fruits du travail de l'érosion, qui offrent autant d'activités ludiques qu'un parc d'attraction : bassins, toboggans, jets d'eau, bains de bulles, petites grottes... Des personnes de tous les âges s'y amusent avec le même enthousiasme juvénile.



Une trentaine de kilomètres au sud de Paraty, je m'arrête à Picinguaba, où mon ami Jean-Baptiste m'a donné les coordonnées d'Emmanuel qui possède un hôtel sur place et pourrait m'héberger. Je ne m'attends à rien de particulier et suis bien surpris en découvrant la Villa de Picinguaba. Il s'agit en fait d'un hôtel à la fois très luxueux et très discret, perdu dans la végétation, avec une vue imprenable sur la baie de Itamambuca. On n'y accède à pied par un petit sentier pavé au bout de la plage quasi déserte de Picinguaba. L'hôtel n'a pas d'enseigne, il est accessible uniquement sur réservation et s'adresse à une clientèle très privilégiée. Emmanuel n'est pas là en ce moment mais son staff me fait bon accueil et me dit de m'installer dans un bâtiment en cours de rénovation, voisin de l'hôtel. Une fois de plus, le lieu est incroyable. J'ai à ma disposition une maison pour moi tout seul dans un cadre idyllique.



La maison voisine est occupée par un couple d'Américains de San Francisco qui travaille pour Emmanuel. Suzanna est architecte et s'occupe du design d'un nouveau projet d'hôtel près de São Paulo. Elle est avec son mari Jeff et une amie de passage, Candice. Le couple est très sympa et me propose spontanément d'aller dîner avec eux des saucisses dans un petit boui-boui près d'une cascade. Le soir nous retournons au village boire des caipirinhas et des bières avec les pêcheurs du coin. Malheureusement notre rencontre est trop éphémère car les trois Américains repartent le lendemain à São Paulo. Ils pensent passer à Buenos Aires en mars et nous nous promettons de nous y retrouver.



Le lendemain j'ai rendez-vous avec Miro, un type adorable qui fait partie du staff de l'hôtel. C'est son jour de congés et il me propose qu'on passe la journée ensemble. Il m'invite a déjeuner chez lui, puis nous allons sur un bateau de pêche, aider Leodinho, à trier son filet de trois kilomètres de long.


Le jour suivant, à l'aurore, Miro m'emmène avec lui à la pèche aux calamars. Au début je suis un peu sceptique sur mes compétences en la matière mais ça marche superbement bien et nous attrapons une trentaine de calamars en seulement deux heures ! Miro nous les prépare, inaugurant ainsi la cuisine de sa nouvelle maison.




Dans l'après-midi, je reprends la route en direction de Ubatuba, à une quarantaine de kilomètres, où je compte dormir le soir même. De là, je veux prendre un bus jusqu'à São Paulo où m'attendent un couple d'amis chez qui je devais originellement passer Noël ! Avant de partir, je me baigne dans l'océan, en me disant que c'est sans doute la dernière fois que je vois l'Atlantique avant d'être en Argentine. Demain, je vais commencer à rentrer dans les terres. Je quitterai également les tropiques, en traversant, pour la seconde fois de mon existence, le Tropique du Capricorne.



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